Le coming out de Katherine Levac, cette semaine au festival Juste pour rire, a confirmé un phénomène bien ancré dans l’air du temps : les milléniaux sont plus ouverts à la fluidité sexuelle que leurs aînés. Les jeunes adultes qui refusent de se faire étiqueter par catégories ou d’entrer dans une case préfabriquée par des normes sociales sont en nombre croissant.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Katherine Levac au festival Juste pour rire

Aux termes hétéro, homo ou bisexuel, ces jeunes préfèrent queer ou allosexuel. Et ils réclament la liberté d’explorer leur propre définition sentimentale sans faire un plat avec leur coming out. Avant Mme Levac, Jean-Philippe Dion, Cœur de pirate et le rapper Eddy de Pretto ont aussi fait des sorties publiques sans drame ni trompette.

Si ce phénomène reste marginal et urbain, ce désir de briser les normes et les tabous se répand comme un coup de foudre. Il est à la fois intrigant et rafraîchissant.

Lesbienne un jour…

Dans son sketch, la comédienne, qui vient d’avoir 30 ans, dévoile non pas son homosexualité, mais sa pansexualité : une attirance pour des personnes sans considération de leur sexe ou de leur genre. « Je suis en couple avec une fille, a-t-elle dit, mais si Claude Legault m’appelle demain matin, je ne suis plus lesbienne ! »

Ça reste une blague, bien sûr. Toutefois, en interpellant ainsi le public sur la diversité sexuelle, l’humoriste contribue à faire avancer les mentalités et à déboulonner des préjugés tenaces.

En 2019, au Québec et au Canada, des gens persistent encore à traiter l’homosexualité comme une maladie, en associant cette orientation sexuelle au diable et envoyant leurs enfants dans des thérapies de conversion. Tant mieux si l’humour peut servir de digue pour contrer la sempiternelle vague religieuse et réactionnaire qui divise le monde entre le bien et le mal.

Ne pas se faire étiqueter

Des facteurs sociologiques et historiques expliquent pourquoi ces enfants de la Charte des droits et libertés résistent aux traditions établies en matière de sexualité. Contrairement aux baby-boomers adeptes de la contre-culture et de l’amour libre dans les années 70, les actuels partisans de la fluidité sexuelle revendiquent leur individualité, voire leur unicité, et non leur appartenance à un groupe.

D’ailleurs, la communauté LGBTQA+ n’en finit plus d’ajouter des lettres à son sigle pour représenter le spectre infini des expériences sexuelles et sentimentales.

Au grand dam d’un courant plus traditionaliste, à l’intérieur comme à l’extérieur de la communauté, qui juge ce mouvement absurde.

Qui suis-je ?

Dans un récent sondage, le New York Times a demandé à ses lecteurs de leur dire, en 10 mots ou moins, qui ils sont. Leurs réponses sont aussi diversifiées qu’amusantes. « Je suis une féministe intersectorielle, bisexuelle, végétarienne, citoyenne du New Jersey » ; « Je suis noir, gai, fan de Beyoncé et journaliste pigiste », etc.

« Les gens ne veulent plus se faire imposer des limites à leur sexualité, leur genre ou leur race. Ils vont se façonner une communauté spécifique. À leur image », écrit le Times. Ce besoin de vouloir se définir différemment des autres, dans la vie ou dans les réseaux sociaux, émerge à une époque où les citoyens se sentent à la merci du pouvoir numérique, coincés dans une culture globale et trop uniforme. 

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