« Les ingénieurs estiment qu'il faudra construire une nouvelle liaison entre 1980 et 1990, puisqu'en 1987, les deux ponts de Sainte-Foy auront atteint leur capacité limite et seront alors la cause d'encombrements. »

« Les ingénieurs estiment qu'il faudra construire une nouvelle liaison entre 1980 et 1990, puisqu'en 1987, les deux ponts de Sainte-Foy auront atteint leur capacité limite et seront alors la cause d'encombrements. »

Voilà l'une des principales conclusions d'un rapport d'expert sur le fameux « troisième lien » entre la ville de Québec et sa rive sud... présenté en 1968 !

Cinquante ans et une quantité innombrable d'études plus tard, on comprend les citoyens de la capitale de faire preuve d'un brin d'impatience.

La ministre déléguée aux Transports, Véronyque Tremblay, a annoncé avant-hier la possibilité de commencer la construction d'un nouveau pont en 2026. Dans huit ans.

Pendant une conférence à saveur préélectorale, la ministre a exposé les étapes franchies depuis le lancement d'un bureau de projet officiel en octobre 2017. Elle a, surtout, détaillé les nombreuses étapes à venir avant de songer à une première pelletée de terre.

ACCÉLÉRER LA CADENCE ?

La pertinence de construire - ou pas - un troisième lien continue de soulever des débats. L'ajout de plus de voitures sur les routes ne fera qu'accentuer la congestion, et divers exemples internationaux laissent croire que le soulagement sera de courte durée dans la grande région de Québec. Qu'importe le scénario retenu, un système efficace de transports en commun devra être intégré au projet.

Il reste que le gouvernement Couillard a déjà tranché : il a confirmé l'an dernier sa décision d'aller de l'avant avec un troisième lien routier, désiré par une majorité de citoyens de la capitale. Ses ministres en ont rajouté avant-hier en réitérant la volonté « claire » de Québec dans ce dossier.

Dans cette optique, le calendrier présenté cette semaine a de quoi soulever une certaine perplexité.

Surtout que deux projets d'envergure - le Réseau express métropolitain et le nouveau pont Champlain - ont montré qu'il était maintenant possible de travailler selon une formule accélérée au Québec.

Dans le cas de Champlain, il se sera écoulé un peu plus de sept ans entre le feu vert du gouvernement fédéral, en octobre 2011, et l'inauguration du pont, prévue en décembre 2018. Ce projet a été réalisé dans l'urgence, comme l'a noté avec justesse Véronyque Tremblay sur les ondes d'une radio de Québec, mais il prouve qu'un échéancier serré peut être respecté.

Le REM, un réseau de train automatisé de 67 kilomètres piloté par la Caisse de dépôt et placement du Québec, est quant à lui en construction à Montréal, deux ans et des poussières après son annonce initiale. Si le maître d'oeuvre et le mode de construction sont différents, ce projet constitue une autre illustration que de nouvelles façons de faire plus rapides existent.

RESPECTER LES RÈGLES

Après des décennies de rapports et d'études, c'est la première fois que le gouvernement du Québec effectue une analyse exhaustive de tous les scénarios potentiels et de leurs impacts pour un troisième lien, a souligné Véronyque Tremblay avant-hier.

Elle a présenté cinq tracés possibles, qui pourraient prendre la forme d'un pont ou d'un tunnel. Le bureau de projet complétera d'ici la fin de l'année une « étude des besoins » et retiendra trois tracés finalistes.

Une « étude des solutions » sera présentée à l'été 2020, suivie de l'approbation du dossier d'opportunité et de l'élaboration d'un « dossier d'affaires » entre 2021 et 2026. Ce dossier d'affaires - qui aura mis cinq ans à être préparé - devra ensuite recevoir le feu vert du Conseil des ministres avant le début éventuel des travaux.

La ministre fait valoir qu'il s'agit d'un calendrier de réalisation « réaliste », voire « optimiste ». Elle a insisté sur l'importance de respecter la Directive sur la gestion des projets majeurs d'infrastructure publique, l'un des moyens cités par la commission Charbonneau afin de mieux contrôler les coûts des grands chantiers.

Elle a finalement accusé - sans la nommer - la Coalition avenir Québec de vendre « du rêve » en promettant le lancement des travaux d'un troisième lien d'ici quatre ans. On sait que le parti de François Legault penche en faveur du tracé le plus à l'est, ce qui pourrait permettre de réduire le temps consacré à l'analyse des scénarios plus à l'ouest.

Au-delà de cette préférence, la CAQ devra démontrer de façon concrète comment elle pourrait accélérer de façon aussi marquée ce chantier. Le gouvernement Couillard, s'il croit autant à ce projet qu'il le prétend, devra justifier de façon plus convaincante le long délai consacré à l'élaboration de son dossier d'affaires - un exercice qu'il a eu du mal à faire cette semaine.

Un vieux débat

Le débat sur un troisième lien a commencé dans les années 60, alors que le deuxième lien entre les rives nord et sud de Québec - le pont Pierre-Laporte - n'était même pas encore achevé. Les autorités avaient à l'époque des visions de grandeur extrême pour la capitale, qui se sont traduites par la construction d'un gigantesque réseau d'autoroutes. L'un des scénarios envisagés aurait entraîné la construction d'un troisième pont tout juste à l'est du Vieux-Québec, illustré ci-dessus.

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