L'un des spectres qui planent sur les Jeux olympiques de Rio est une bestiole 2500 fois plus petite que l'épaisseur d'un cheveu :  le virus Zika. Cet adversaire est dangereux, mais la décision de tenir les Jeux quand même était la bonne. Il faut maintenant laisser la peur derrière et faire place au sport.

En mai dernier, une lettre ouverte maintenant signée par 240 chercheurs a jeté une douche froide sur la fébrilité olympique. Invoquant l'épidémie de Zika qui sévit au Brésil, les signataires demandaient le report ou le déplacement des Jeux. Cette lettre a déclenché un vif débat scientifique. Pour s'y retrouver, il importe de poser les bonnes questions.

Ce qu'il faut évaluer n'est pas si le Zika est dangereux. Il existe maintenant un consensus pour dire que ce virus peut entraîner de graves conséquences. Il faut plutôt se demander si les Jeux olympiques risquent d'empirer les choses. Or, ce danger paraît minime.

Le risque est d'abord très faible pour les athlètes et les spectateurs qui se rendent à Rio.

Même si on parle des Jeux d'été, c'est actuellement l'hiver au Brésil - une saison où les moustiques qui transmettent le virus sont beaucoup moins actifs. Les épreuves se tiendront dans des lieux où ils sont peu présents. Quant aux risques de transmission sexuelle, on sait comment s'en prémunir. Pas moins de 450 000 condoms seront d'ailleurs distribués pendant les Jeux.

Même avec des hypothèses pessimistes, des chercheurs de Yale ont calculé que sur le demi-million de personnes attendues à Rio, seulement de 6 à 80 d'entre elles contracteront le Zika. La majorité d'entre elles ne ressentiront aucun symptôme. Les seules personnes réellement vulnérables sont les femmes enceintes, qui courent un risque d'accoucher d'un bébé atteint de microcéphalie. Voilà pourquoi l'Organisation mondiale de la santé leur a recommandé de ne pas se rendre à Rio.

L'autre préoccupation est la propagation internationale. Le Brésil est l'épicentre de l'épidémie actuelle, et y faire converger des gens de tous les pays peut sembler la pire idée qui soit. Une seule personne infectée pendant les Jeux peut, à son retour, déclencher une épidémie dans son pays.

C'est vrai. Sauf qu'avec ou sans les Jeux, des centaines d'avions atterrissent et décollent déjà chaque jour des zones infectées. Alessandro Vespignani, un expert de la propagation des épidémies, calcule que les Jeux olympiques ne représenteront que de 1 à 2 % de tous les voyages aériens vers les régions affectées.

En janvier, le carnaval de Rio a attiré deux fois plus de visiteurs que les Jeux, en pleine saison du moustique, sans causer d'impact notable sur l'épidémie.

Les pays sont déjà réticents à déclarer les épidémies qui les touchent de peur d'en subir les conséquences économiques. Reporter ou déplacer les Jeux de Rio à quelques mois d'avis aurait été un cauchemar pour le Brésil qui aurait alimenté ce réflexe de ne pas divulguer les informations. À long terme, cela aurait paradoxalement nui à la lutte contre les maladies infectieuses.

Qu'on parle de terrorisme ou d'épidémies, le risque zéro n'existe pas. Nous vivons dans un monde interconnecté et il faut en assumer les conséquences. L'évaluation rationnelle des risques, non la peur, doit guider les décisions.

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