Dimanche dernier, nous étions parmi les premiers arrivés à 10h pour fêter en famille l'hiver québécois à Montréal. À notre sortie du métro, nous sommes accueillis par des animateurs de foule déguisés pour le plaisir de nos tout-petits. L'animation est dans un genre de bilingue avec un accent franchouillard: «Bienvenue à Montréal/Welcome in Montreal, Bonjour/Hi!»

On se croit dans une boutique de la rue Sainte-Catherine. Les oreilles me frisent, mais je me dis que je dois faire preuve d'ouverture d'esprit, car il faut bien faire plaisir aux touristes et à tous ces immigrants qui ne comprennent pas le français. C'est la fête pour tous, pas juste celle des francophones!

Dix minutes plus tard, nous arrivons au centre du site où se trouvent la billetterie, la grande roue, la tyrolienne familiale et les glissades. Je peine à entendre le préposé à la billetterie, car la musique est d'une puissance digne des partys rave et des concerts rock auxquels j'ai assisté à une époque pas si lointaine. Où sont les chansons pour enfants chantées à des décibels acceptables pour les petits? Pas de comptines de Gilles Vigneault, de Carmen Campagne ou de Shilvi, ni de musique de Casse-Noisette pour nos petits. Que du «boum-boum».

Je me dis que CKOI ou NRJ doivent être les commanditaires de l'événement et qu'il est normal que cette musique joue. Cependant, au bout de 20 minutes, je m'aperçois qu'aucune chanson en français n'a été jouée et que toute cette musique festive provient des ondes de 92,5 The Beat of Montreal, car je finis par entendre l'animateur et les publicités en anglais de la station. Exit Marie-Mai, Valérie Carpentier, Coeur de pirate, Alex Nevzky, Les Trois Accords et plusieurs autres artistes francophones! Pire, on se fait imposer de l'animation radiophonique unilingue anglaise à Montréal. Ce sera ainsi jusqu'à 13h30, heure de mon départ.

Je parle trois langues et en comprends une quatrième. Je suis pour une diversité musicale où il y une place pour la musique anglophone. Je suis surtout un francophone qui a voyagé beaucoup, qui est du XXIe siècle et qui croit dans la diversité culturelle et linguistique du monde.

À mes yeux, l'uniformisation et la fermeture vers une culture musicale unique font montre d'une «waltdisneysation» de la Fête des neiges par la direction et les membres du conseil d'administration de la Société du parc Jean-Drapeau. Ces grands décideurs payés substantiellement avec nos impôts semblent être tous francophones, si on se fie au site web de la Société. Ils ne doivent pas ignorer l'importance de donner un visage français à cette fête à laquelle des milliers d'immigrants participent. Mais le message qui leur est envoyé est que lorsqu'on veut avoir du plaisir et festoyer, c'est en anglais!

D'ailleurs, cette fête, pour qui est-elle? Les touristes, les anglophones de Montréal et les allophones qui ne comprennent pas le français, la jeunesse qui aime depuis toujours les succès musicaux américains? Il est temps d'ouvrir tout ce beau monde à une culture musicale riche et internationale, mais, pour cela, il faudrait leur en donner l'occasion. Stromae, les Cowboys Fringants et Marie-Mai remplissent le Centre Bell tout autant que Bruno Mars ou Robin Thicke.

Au-delà de la question linguistique, cette fête n'est-elle pas pour les enfants? Je doute qu'ils ne soient le public cible de The Beat of Montreal ou de CKOI.

J'en suis ressorti avec la désagréable sensation que pour la Société du Parc, il faille faire de l'animation à tout rompre sans but précis, sans quoi les clients pourraient s'ennuyer et partir pour un autre lieu festif concurrent qui n'a pas de bon sens.

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