Barack Obama est-il suffisamment américain aux yeux de ses concitoyens? Plusieurs estiment que non. Son équipe de communication va donc tenter de changer cette perception négative pendant toute la durée de la convention démocrate qui débute lundi prochain, à Denver.

L'objectif: faire oublier le côté exotique de Barack Obama et le redéfinir comme un «Américain pure laine» au même titre que John McCain.

Certains stratèges de l'équipe d'Obama ont confié à La Presse américaine que les interventions durant la convention iraient dans le même sens: mettre l'accent sur les racines étatsuniennes du candidat démocrate. C'est l'épouse de Barack Obama, Michelle, qui donnera le coup d'envoi à l'occasion d'un discours qui devrait entre autres servir à positionner sa famille (le couple et ses deux filles) comme les futurs locataires de la Maison-Blanche.

Plus tard, la soeur de Barack Obama viendra raconter des aspects de la vie de son frère intimement liés à l'expérience américaine. On parlera sans doute de sa mère, originaire du Kansas, ainsi que de son grand-père maternel, qui a servi au sein de l'armée américaine lors de la Seconde Guerre mondiale. Enfin, au cas où ces témoignages ne seraient pas suffisants, de gros canons du Parti démocrate comme le sénateur Edward Kennedy et l'ancien président, Bill Clinton, réitéreront leur appui au sénateur de l'Illinois.

À première vue, toutes ces manoeuvres peuvent paraître surprenantes. Barack Obama n'est-il pas l'incarnation même du rêve américain? Issu de l'union d'un Kényan et d'une Américaine, marié à une Américaine, membre d'une famille éparpillée sur trois continents, n'a-t-il pas un parcours semblable à celui de bon nombre de ses concitoyens? Comme il l'a si bien dit lui-même dans son désormais célèbre discours prononcé le 18 mars dernier, à Philadelphie: «Mon histoire serait inconcevable dans un autre pays.»

Or malgré ce parcours de vie qui devrait faire honneur à n'importe quelle nation s'étant construite grâce à l'immigration, on se questionne toujours sur la pureté du curriculum vitae du candidat. C'est désolant.

On peut se demander si cette discussion publique à propos des racines des candidats à la présidence des États-Unis aurait occupé autant de place avant le 11 septembre 2001. Il est permis d'en douter.

Le climat a bel et bien changé depuis sept ans et la notion d'étranger a pris un tout autre sens chez nos voisins du Sud. Elle est plus que jamais liée à la peur de l'agression et du terrorisme. Dans une campagne de cette importance, les ennemis politiques se disent visiblement qu'ils seraient fous de ne pas exploiter cette méfiance rampante.

À preuve, les mémos de l'ancien stratège politique d'Hillary Clinton, Mark Penn, rendus publics par le magazine The Atlantic la semaine dernière et qui confirment la volonté d'attaquer Obama sur le fait qu'il n'était pas fondamentalement américain dans son coeur, ses pensées et ses valeurs

Même tactique, en plus perverse, de la part de Jerome R. Corsi, auteur de Obama Nation, un brûlot anti-Obama qui s'est retrouvé au sommet des ventes une semaine à peine après sa publication. Parmi les nombreuses attaques contenues dans ce livre, une en particulier exploite les craintes des Américains: Obama serait intimement musulman (et sous la plume de cet auteur ultra-conservateur, ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle).

Mais au fait, qu'est-ce qu'un véritable Américain? Voilà une question passionnante qui n'est pas sans rappeler un récent débat au Québec. C'est maintenant au tour des électeurs américains d'y répondre.

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