On a appris la semaine dernière dans les pages de La Presse que la Sûreté du Québec souhaite resserrer la surveillance sur le pont Jacques-Cartier afin d'améliorer la sécurité des cyclistes. A-t-on évoqué l'élargissement de la voie cyclable ou une meilleure signalisation pour les vélos? Pas du tout. Les policiers annoncent qu'ils distribueront davantage de contraventions aux cyclistes qui ne descendent pas de leur vélo pour traverser l'intersection de la sortie de l'île Sainte-Hélène. Et ils puniront également les cyclistes qui portent des écouteurs.

Cette attitude est contre-productive. Pourquoi les cyclistes devraient-ils descendre de leur monture à cet arrêt alors qu'ils peuvent rester en selle aux autres arrêts ailleurs dans la ville? Ils peuvent très bien ralentir à la hauteur de l'île Sainte-Hélène et s'assurer qu'il n'y a aucun véhicule avant de poursuivre leur chemin. S'il y a une auto, ils arrêtent et repartent lorsque la voie est libre. Si on veut vraiment améliorer la sécurité des cyclistes sur le pont, qu'on élargisse la voie côté Longueuil afin qu'on puisse pédaler jusqu'à la fin.

Cet acharnement des autorités à l'endroit des cyclistes est non seulement aberrant, il va à l'encontre de la tendance internationale.

En effet, autant en Europe qu'aux États-Unis, on observe la volonté inverse, soit celle de reconnaître la particularité des cyclistes et d'alléger la réglementation qui leur est destinée.

Le code de la sécurité routière n'a pas été pensé en fonction des cyclistes, mais bien des automobilistes. Il est temps de regarder la situation d'un autre oeil.

Au début des années 2000, la Belgique a adopté un code de la rue. À la base de ce code, un principe à la fois logique et brillant: l'obligation de prudence du plus fort au plus faible, soit du camion vers l'auto, de l'auto vers le cycliste et du cycliste vers le piéton. On a notamment permis aux cyclistes de rouler dans les deux directions dans les rues à sens unique. Les études ont montré que cette approche n'a pas provoqué plus d'accidents. La France étudie actuellement la possibilité d'adopter un code de la rue qui s'inspirerait du code belge. Certaines villes comme Strasbourg ont déjà adopté une réglementation pro-vélo, qui permet par exemple aux cyclistes de tourner à droite à un feu rouge.

Aux États-Unis, plusieurs États comme l'Iowa ont levé l'obligation, pour les cyclistes, de s'immobiliser aux arrêts. Les vélos ralentissent au stop et, s'il n'y a personne, ils peuvent poursuivre leur route. Aux feux rouges, ils font un arrêt mais peuvent repartir si la voie est libre. Cette nouvelle réglementation, qu'étudie actuellement la ville de San Francisco, permet une meilleure circulation à vélo et n'oblige pas les cyclistes à freiner sans cesse, ce qui, à la longue, peut devenir irritant pour les articulations.

Montréal devrait adopter cette attitude de «discrimination positive» à l'endroit des cyclistes. C'est la meilleure approche pour convaincre un plus grand nombre de personnes de se déplacer sur deux roues.

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