Montréal accueillait la semaine dernière la rencontre annuelle des chefs de police du pays. Sujet de ce colloque, qui réunissait environ 350 policiers: la diversité au sein de leurs rangs. Après les événements de Montréal-Nord, voilà une discussion qui tombait à point nommé.

En effet, une Ville ne peut pas espérer faire régner la paix sociale si son service de police est incapable de «gérer» la diversité culturelle.

Parmi les conférenciers invités, un criminologue ontarien est venu dire aux policiers qu'ils doivent absolument intensifier leurs efforts pour recruter davantage au sein des minorités visibles.

C'est ce qu'a fait la police de Los Angeles au lendemain des émeutes de 1992. Ces émeutes, rappelons-le, avaient duré six jours et fait 55 morts. À l'époque, près des deux tiers des policiers de Los Angeles étaient blancs, une situation qui ne reflétait en rien la diversité culturelle de cette ville californienne.

Une commission d'enquête mise sur pied à la suite des émeutes a provoqué un grand ménage au sein du LAPD, réputé corrompu et raciste. Aujourd'hui, près de la moitié (47%) des policiers sont noirs ou hispanophones et même si tout est loin d'être parfait, la tension raciale dans les quartiers chauds est moins élevée qu'il y a 15 ans.

La Ville de Montréal ne peut brandir un bilan aussi positif en termes de diversité culturelle. En 2007, les policiers permanents issus de minorités visibles ne représentaient que 5,6% des effectifs du Service de police (SPVM). Cette sous-représentation était encore plus flagrante chez les officiers, qui comptent seulement 2,7% de membres issus des minorités visibles.

Au cours des dernières années, le SPVM s'est efforcé de combattre le racisme et les préjugés dans ses rangs. Question de mieux former ses membres, il a également mis sur pied une multitude de programmes de formation mais il semble que les efforts n'aient pas été suffisants. Malgré une légère augmentation d'année en année, le recrutement chez les minorités visibles est toujours difficile. Il doit faire mieux.

Le SPVM doit également se rapprocher des communautés. En effet, la couleur de la peau n'est pas la seule réponse aux tensions qui existent entre jeunes des quartiers «chauds» et forces de l'ordre. La proximité et le dialogue sont des approches que le SPVM doit valoriser s'il veut établir des relations plus harmonieuses avec les différents groupes ethniques. Il le fait déjà, dans certains quartiers comme Saint-Michel, par exemple. Deuxième quartier le plus pauvre au pays, multiculturel, Saint-Michel est comparable à Montréal-Nord. Les relations avec la police n'ont pas toujours été au beau fixe dans ce secteur de Montréal. Pourtant, il y règne aujourd'hui une certaine paix sociale. Fruit du travail des nombreux groupes communautaires, cette paix repose aussi sur l'attitude des policiers qui patrouillent dans les rues. Ils connaissent plusieurs jeunes par leur nom et sont également au courant de leur situation familiale. Le commandant du poste de police du quartier, qui maîtrise plusieurs langues, est quant à lui reconnu pour sa participation aux activités de la communauté. Bref, on observe à Saint-Michel un respect mutuel qui repose en grande partie sur la qualité de la communication. Inspirant.

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