Hier, la tempête tropicale Gustav menaçait de sévir sur La Nouvelle-Orléans, rappelant fort à propos la dévastation causée il y a exactement trois ans par l'ouragan Katrina et rappelant du même coup l'une des heures les plus sombres de l'administration Bush. Dans un stade bondé de Denver, Barack Obama venait de dire, quelques heures plus tôt: «Nous sommes meilleurs que ce que nous avons été ces huit dernières années. Nous sommes une meilleure nation que cela.»

C'est rigoureusement exact. Et c'est la position stratégique de loin la plus forte dont dispose le candidat démocrate dans la course à la présidence.

Au cours des deux mandats de George W. Bush, en effet, les États-Unis se sont considérablement affaiblis, comme peut-être jamais dans l'Histoire, et à tous les points de vue. De la morale politique à l'économie; de la diplomatie à l'efficacité militaire; de la lutte contre le terrorisme à la justice sociale; du leadership international à la performance sportive. Un récent sondage (Pew Research) indique que la moitié des Européens croit que la Chine sera bientôt la première puissance mondiale; un Américain sur trois est d'accord. Nous le sommes aussi.

Mais si Obama a raison sur ce point et sur un certain nombre d'autres, les victoires politiques, elles, ne vont pas nécessairement à ceux qui ont raison. L'image, la logistique de campagne, l'impondérable courant de confiance qui s'établit ou non avec l'électorat, les contraintes diverses et ponctuelles (la race, par exemple?) sont au moins aussi importantes.

C'est pourquoi, livrant son discours d'acceptation au terme de la convention démocrate, jeudi, Obama a largement sacrifié l'élévation intellectuelle et la grandeur oratoire, ce en quoi il est un maître. Il a soigneusement évité de prononcer le nom de Martin Luther King, même si c'était le 45e anniversaire de son célèbre discours, «I Have À Dream». Il a sciemment renoncé à livrer une allocution qui passerait à l'Histoire, même si le moment - celui où un Afro-Américain accède au seuil de la Maison-Blanche - était, lui, historique.

Avec flair, Barack Obama a officiellement ouvert sa campagne sur un mode plus pratico-pratique. Exactement ce qu'il fallait en la circonstance.

Car, maintenant, les projecteurs se tournent vers les républicains, qui tiennent à leur tour leur convention nationale à partir de lundi. Et la première réplique, hautement symbolique, au succès incontesté de la convention démocrate a été offerte par John McCain, hier.

En une image miroir du choix par Obama de Joe Biden, un homme plus âgé et expérimenté, comme colistier, il a annoncé qu'une jeune femme briguera à ses côtés la vice-présidence: Sarah Palin, gouverneure de l'Alaska, 44 ans, peu expérimentée, étrangère à la faune de Washington, ex-reine de beauté devenue, dit-elle, une «hockey mom». De toute évidence, il s'agit d'une ouverture lancée aux partisan(e)s déçu(e)s par la défaite de Hillary Clinton à l'investiture démocrate; et d'une sorte de contrepoids à l'âge de McCain - il a fêté, précisément hier, ses 72 ans.

Mais c'est un choix étonnant, une mise risquée qui, par contraste, met en lumière le flair - encore une fois - de Barack Obama lorsqu'il s'est adjoint le sénateur Biden.

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