Le débat sur la qualité de la langue française au Québec, lancé mercredi par la publication dans nos pages d'un courriel signé Fleur-de-lys, s'est poursuivi hier. Nous avons été à nouveau inondés de courriels.

Fleur-de-lys m'a écrit pour me faire savoir qu'elle avait 14 ans et qu'elle travaillait fort pour bien maîtriser son français. «Mais, écrit-elle, allez faire un tour dans les écoles et ce n'est pas en claquant des doigts qu'on vous l'apprend.»

Plusieurs lecteurs nous ont souligné des fautes commises dans La Presse. Malgré tous nos efforts, il s'en glisse encore quelques-unes et vous avez raison d'être intransigeants à cet égard.

En particulier, Alain Côté m'écrit: «Si vous voulez vous permettre de critiquer la maîtrise du français que possèdent vos lecteurs, vous feriez mieux de vous assurer du caractère irréprochable du vôtre! Dans votre réponse du 24 juillet au sujet de Fleur-de-lys, vous mentionnez 'Fleur-de-lys a écrit ce courriel avec l'intention clairement exprimée de le voir publier.' Sauf erreur de ma part, le verbe 'publier' dans cette phrase est employé au participe passé et devrait s'écrire 'publié'.»

M. Côté a raison, bien sûr. Une faute inexcusable, surtout dans un tel contexte.

D'autres réactions

Pourquoi tuer le messager?

N'existe-t-il pas un proverbe qui dit: «Il ne faut pas tuer le messager.» Voilà exactement ce que vous avez fait. Fleur-de-lys ne s'est-il pas fait le messager d'une foule d'autres gens qui n'ont pas nécessairement le cran d'exprimer haut et fort leurs idées? L'opinion de Fleur-de-lys est suffisamment claire pour que les lecteurs puissent la comprendre, et ce, malgré une lacune au niveau de la qualité de rédaction du texte. N'allez pas croire que la qualité du français ne m'importe pas. Loin de moi cette idée qu'il faut la négliger. Cependant, ce n'est pas permis à tout le monde d'être un expert de cette langue qualifiée de difficile par beaucoup de linguistes sur la planète. La lutte pour la sauvegarde du français demeure un enjeu important au Québec. Si nous désirons fêter un autre 400e anniversaire de présence francophone en Amérique, il faut se mobiliser comme le fait cette personne nommée Fleur-de-lys.

David Lévesque-Venne

Communiquer?

Pensez-vous vraiment que la survie de la langue française en Amérique repose sur la qualité de l'orthographe et de la grammaire? L'homme qui vous traite «d'espèce de coloniser» pèse peut-être trop fort sur votre plaie (quand je dis «vous», bien entendu, je parle de «l'espèce colonisée»). Je suis sûr que cet homme ne s'est pas vraiment soucié de son orthographe. Mais entendons-nous sur quelque chose: c'est écrit en français! Nous avons tous bien saisi sa pensée. N'est-ce pas le but ultime d'une langue, communiquer? Tant que nous communiquons en français, il survivra. Je ne dis pas de ne pas se soucier de la qualité de la langue, mais je trouve très déplorable que vous répondiez à cet homme qui livre sa pensée, en lui disant que son orthographe et sa grammaire sont incorrects et qu'il devrait avant tout écrire sans faute avant de dire quoi que ce soit sur sa langue. Mais rien de surprenant d'entendre un contre-argument aussi peut réfléchi. Les fédéralistes disent souvent que les souverainistes devraient recycler leurs arguments, moi je vous dis que les vôtres sont bons pour les poubelles!

Jonathan Galarneau-Métivier

Les Québécois ne veulent pas

Si je comprends bien la logique de certains, un Québécois «pure laine» n'a pas à apprendre à parler et à écrire le français. Seuls les immigrants doivent le faire! Ou alors, seuls les riches peuvent apprendre le français convenablement! N'importe quoi pour justifier le fait que les Québécois ne veulent pas apprendre à écrire et à parler correctement le français! Mon père, provenant d'une famille pauvre, avec une quatrième année en 1920, savait mieux écrire que les jeunes de cinquième secondaire d'aujourd'hui !

André Michaud

Foglia et l'école

Pierre Foglia ne peut pas être identifié à la droite, et encore moins porter l'étiquette de fédéraliste. Pourtant, il y a quelques semaines, il déplorait, lui aussi, la piètre qualité du français écrit chez plusieurs Québécois, y compris chez certains enseignants. Cette situation lui paraissait aussi préoccupante que le renforcement de la loi 101. Foglia, pour moi, illustre la réussite de l'école républicaine française instaurée par Jules Ferry à la fin du XIXe siècle, dont l'objectif visait à assurer l'égalité des chances de toutes les classes sociales devant l'instruction. Je consulte souvent des «blogues», comme celui de Maisonneuve à l'écoute ou de La Presse. Comment se fait-il que certains écrivent un français correct, sans être pédants, tandis que d'autres multiplient les fautes d'orthographe, de grammaire ou de syntaxe, utilisent des calques de l'anglais ou pratiquent un sabir incompréhensible? Que les Savonaroles du nationalisme pur et dur ne s'inquiètent pas: je ne suis inféodée à aucun parti politique ni à aucune faction. Cependant, on ne m'empêchera pas d'affirmer que la qualité de la langue est aussi importante que n'importe quelle police de la langue.

Mireille Barrière, historienne, Montréal

Sur les traces de M. Chrétien

Encore une fois, on voit à quelle enseigne vous logez. Cette personne a écrit un texte bourré de fautes, c'est vrai. Mais avez-vous lu son message? Vous vous êtes servi de votre statut pour humilier ce garçon et, par le fait même, promouvoir votre pensée politique. Comme chacun le sait, vous penchez beaucoup du côté des Trudeau et Chrétien. Tiens, en passant, M Chrétien était-il un exemple à suivre au niveau linguistique? N'avez-vous donc reçu aucune lettre feuille d'érable bourrée de fautes? J'ai passé 34 ans dans le domaine scolaire à tenter de motiver des jeunes à s'instruire et à perfectionner leur langue. Malheureusement, on doit admettre que le système scolaire a ses lacunes. Mais c'est aussi le cas de la famille et des journaux, ces derniers qui sont pleins de fautes faites par des journalistes chevronnés.

Pierre C. Tremblay, Montréal-Nord

Un créole du nord

La langue parlée au Québec n'est pas le français. C'est plutôt un dialecte anglicisé du français international, que les Français ont d'ailleurs grand-peine à comprendre. Il est juste de dire qu'une majorité de Québécois maitrise encore passablement bien la langue française lorsqu'elle s'y applique. Je parle ici de la langue soignée, utilisée dans les arts et les réseaux de marque comme Radio-Canada ou La Presse. Mais cette langue rebute à beaucoup de Québécois qui la trouvent pincée et snob et qui, dans un geste d'opposition, s'appliquent à la charcuter d'originalités locales de leur cru, souvent au grand plaisir de la majorité. Ultimement, ce sera aux Québécois de trancher si le plaisir de la transgression vaut l'isolement généré par leur choix d'un dialecte somme toute équivalent à un créole haïtien du nord.

Serge Choquette, Magog

Mesuré et logique

Tout texte digne de ce nom doit respecter un équilibre entre le fond, les idées et la forme, le mode d'expression. À ce titre, je considère que M .Pratte avait raison de souligner le fait que le correspondant Fleur-de-lys s'exprimait dans une langue très déficiente aux niveaux vocabulaire et syntaxe. Si nous revendiquons, à juste titre, le droit d'utiliser la langue de Molière, encore faut-il le faire avec le plus de justesse possible. Il est inutile de déblatérer de manière désordonnée sur l'oppression présumée des Anglais en ressassant de vieilles rengaines à saveur raciste: le passé doit rester ce qu'il est... Je soupçonne certains de vouloir camoufler avec leur hargne des intentions à saveur indépendantiste radicale pour vous vilipender, voire vous insulter comme cela a été le cas. Pour ma part, je suis d'accord avec votre de prise de position à la fois mesurée et logique.

Pierre Bissonnette, Laval

Susciter les réactions

Il ne faudrait tout de même pas oublier qu'un éditorial est fait pour susciter des réactions et en ce sens, je vous dis: «Bravo, M. Pratte!» Vous avez atteint l'objectif que le travail vous demandait et vous avez fait réfléchir (et vociférer) nombre de Québécois.

Frédérique Pascal, 16 ans

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