À moins de trois semaines de l'ouverture des Jeux olympiques, le gouvernement chinois doit se rendre à l'évidence. Ce n'est pas l'organisation de l'événement ou ses politiques en matière de droits de la personne qui menacent le plus son image, mais l'atmosphère de sa capitale. Des mesures extrêmes visant à dissiper la pollution sont en vigueur depuis hier. Donneront-elles des résultats? C'est tout un test pour Pékin, qui risque de se heurter ici aux véritables limites de son pouvoir.

Le gouvernement central a beau avoir une emprise incroyable sur son peuple, il ne maîtrise pas les éléments. Or, l'air qui flotte en ce moment sur Pékin n'a rien pour favoriser les exploits sportifs. Tous ceux qui visitent la capitale sont choqués par le brouillard grisâtre qui enveloppe la ville. Si le ciel n'est pas plus clair le jour de la cérémonie d'ouverture, ce sera une image très gênante à diffuser dans le monde entier.

L'inquiétude ne date pas d'hier. La ville hôte des Jeux de 2008 venait à peine d'être annoncée que tous se demandaient comment les organisateurs allaient pouvoir rendre l'air respirable. Ils vont fermer le pays, disait-on à la blague. Eh bien, on n'était pas loin du compte.

Depuis hier, les automobilistes de la capitale ont le droit de circuler un jour sur deux seulement. Tous les chantiers ont été arrêtés pour réduire la poussière. Et des centaines d'usines sont fermées ou tournent au ralenti, aussi bien dans la région que dans les provinces voisines. Ces restrictions seront en vigueur durant deux mois, jusqu'à la fin des Jeux paralympiques.

L'horizon pékinois était toujours aussi voilé hier, mais le gouvernement assure que les émissions vont chuter de plus de 60 %. On le lui souhaite. Car ce n'est pas seulement la couleur du ciel au petit écran qui est en jeu, mais le programme même de l'événement.

Si la qualité de l'air n'est pas suffisante, les épreuves d'endurance de plus d'une heure seront reportées, a prévenu le grand patron du Comité international olympique, Jacques Rogge. Avoir à suspendre le marathon pour cause de smog serait un cauchemar de relations publiques, et pas seulement pour la Chine. Le CIO, qui a tellement été critiqué pour ce choix de pays hôte, aurait bien du mal à sauver la face.

La piètre qualité de l'air a déjà des effets indésirables. Après le célèbre marathonien Haïle Gebrselassie, qui a décidé de se limiter à l'épreuve de 10 000 mètres à cause de la pollution, la Nouvelle-Zélande vient de créer une petite commotion en équipant tous ses concurrents de masques filtrants au charbon.

Elle leur a demandé de les porter seulement à l'entraînement et non durant les épreuves, afin de ne pas ternir l'image des Jeux, mais le mal est fait.

Les athlètes n'ont peut-être pas boycotté l'événement, mais personne ne les empêchera de parler de leur gorge qui pique, de leurs yeux qui pleurent ou de leurs difficultés respiratoires. C'est ce qu'on entendra sur tous les réseaux de télé si l'air de Pékin ne se dégage pas au cours des prochaines semaines. Pour l'image de la Chine, ce serait aussi nuisible que n'importe quelle déclaration politique.

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