La qualité de l'air s'est améliorée au cours des derniers jours à Pékin. Cependant, il suffirait de quelques athlètes indisposés ou d'une compétition reportée à cause du smog pour mettre la Chine dans l'embarras. Le monde conclurait alors que les Chinois ont lamentablement échoué à l'égard d'un de leurs principaux engagements: faire des Jeux olympiques de 2008 des «Jeux verts».

Un verdict aussi tranché serait injuste. Les efforts faits par la Chine pour nettoyer le ciel de la capitale ont été rien de moins qu'«olympiens», pour reprendre l'expression du Wall Street Journal, qu'on ne peut soupçonner de complaisance à l'endroit de la République populaire. Il y a eu bien sûr les mesures à court terme dont les médias ont beaucoup parlé: fermeture de dizaines d'usines et diminution de moitié de la circulation automobile. Mais Pékin est à pied d'oeuvre depuis déjà plusieurs années.

Des investissements de plus de 12 milliards ont été consentis pendant la dernière décennie pour que la capitale chinoise ne puisse plus être considérée comme la ville la plus polluée du monde. Un parc éolien et quatre nouvelles lignes de métro ont été construits, des normes antipollution très sévères ont été établies pour les automobiles neuves, les systèmes de chauffage de milliers de résidences ont été convertis du charbon à l'électricité. «Certaines des initiatives environnementales prises par Pékin à l'occasion des Jeux olympiques dépassent de loin celles adoptées par des pays ayant une plus longue expérience en la matière», souligne Greenpeace.

Si la qualité de l'air n'est pas au rendez-vous pendant les compétitions, ce ne sera donc pas faute d'efforts ou d'argent. Ce sera plutôt la conséquence du fait que la Chine partait de très, très loin. La conséquence aussi des conditions météorologiques particulières qui prévalent à Pékin, notamment en juillet et août, les mois les plus chauds et les plus humides de l'année.

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Les athlètes souffriront peut-être de la piètre qualité de l'air mais eux seront partis au bout de quelques jours. Une fois les Jeux olympiques et paralympiques terminés, les usines redémarreront, les automobiles envahiront de nouveau la ville et le smog, inévitablement, redescendra sur la «capitale du nord» et ses habitants. Après avoir fait l'impossible pour présenter au monde Pékin sous un ciel bleu, les dirigeants chinois resteront-ils sensibles à l'écologie en même temps qu'au développement économique et à la stabilité politique? Il faut espérer que oui. Comme il faut souhaiter qu'ils s'engageront résolument dans la lutte contre les changements climatiques, lutte qui est vouée à l'échec sans l'apport de la Chine.

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