Avec l'augmentation du prix des carburants, avec l'épouvantable chemin de croix qu'est devenu le fait de voyager en avion, le touriste n'a pas la vie facile de nos jours. Or, voilà que s'ajoute un autre irritant : il est désormais examiné et jugé, on évalue ses compétences (transversales?), on l'épingle au tableau d'honneur... ou de déshonneur.

C'est le voyagiste en ligne Expedia qui a eu l'idée de sonder 4000 hôteliers dans le monde afin de classer par nationalité les meilleurs et les pires touristes de la planète.

Disons-le tout de suite : les Canadiens se classent troisièmes.

C'est l'équivalent d'un bulletin scolaire où il serait noté : «Bien. Mais peut faire mieux»... Les Canadiens sont relativement généreux dans leurs pourboires, ne laissent pas trop de bordel derrière eux, essaient de parler la langue du pays et ne geignent pas continuellement. Même les hôteliers canadiens aiment bien accueillir leurs compatriotes, c'est dire.

Sinon, les touristes les plus agréables à recevoir sont d'abord les Japonais. Puis, à égalité en deuxième place, les Britanniques et les Allemands. Les Américains, objets des plus tenaces clichés sur les gros-en-bermudas-ne-mangeant-que-des-Big-Mac-et-se-plaignant-de-tout, sont fidèles à leur réputation : ils se classent en 11e place.

Toutefois, ce sont les Français qui sont vus comme les plus ch..., y compris auprès des hôteliers de leur propre pays, qu'ils fréquentent d'ailleurs assidûment : 85% des Français ne voyagent en effet qu'en France - une si belle contrée, il est vrai, que 92 millions d'étrangers s'y rendent chaque année.

Sérieux : le monde du tourisme risque de changer considérablement au cours des années qui viennent.

Reposant largement sur l'accessibilité du transport aérien, on est à même de constater que celui-ci pourrait graduellement devenir inaccessible, justement, à de larges couches de la classe moyenne. Lesquelles, à ce jour, pouvaient se permettre de voyager. La Travel Industry Association a calculé qu'en 2007, 41 millions de voyageurs ont renoncé à prendre l'avion, pour un manque à gagner chez les transporteurs de 26,5 milliards US.

Si la tendance se maintient, cela va affecter, non seulement ces transporteurs, mais tout ce qui gravite autour de l'industrie touristique - une source de revenus majeure pour toutes les grandes villes, y compris Montréal.

Mais ce n'est pas le plus grave.

Certes, on peut dénigrer le tourisme de masse : le grand intellectuel Umberto Eco a déjà dit que le bas peuple inculte devrait être banni des musées! Mais il reste que ce continuel brassage de foules est incontestablement un grand générateur de connaissances, de fréquentation culturelle, d'ouverture, de compréhension mutuelle et de pur bonheur. C'est d'abord cela que l'humanité perdrait en se déplaçant moins.

Voyager coûte de plus en plus cher, prendre l'avion est de plus en plus désagréable... aussi bien ne pas rendre l'aventure plus infernale encore en se comportant mal à l'étranger. Donnons de justes pourboires, râlons le moins possible, rangeons un peu la chambre d'hôtel avant de partir.

Et essayons de dire au moins «bonjour» en bengali ou en visayan!

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