Elle est de tous les palmarès et reportages touristiques consacrés à Montréal. Du National Geographic au quotidien Le Monde, la «ville souterraine» est toujours mentionnée comme attrait touristique important, au même titre que le Stade olympique et le Vieux-Montréal.

Pourquoi notre ville souterraine fascine-t-elle autant les visiteurs? Il ne s'agit pourtant que d'une enfilade de couloirs, de boutiques et de stations de métro?

D'un point de vue montréalais, disons-le, ces couloirs sont fabuleusement pratiques. Ils permettent de parcourir environ 30 kilomètres bien au sec, sans jamais sortir le bout du nez dehors. En février, à -25oC, c'est très apprécié par ceux et celles qui travaillent au centre-ville.

D'un point de vue urbanistique, cette particularité montréalaise est également intéressante. Tellement, en fait, qu'elle est devenue un objet d'étude à l'Université de Montréal. Depuis 2002, l'Observatoire de la ville intérieure, rattachée à l'institut d'urbanisme de l'université, mène plusieurs recherches sur, entre autres, l'impact commercial et l'utilisation de ce réseau de tunnels.

Que la ville souterraine soit appréciée par les Montréalais et les urbanistes, c'est compréhensible. Mais d'un point de vue touristique, après 15 minutes à déambuler 20 pieds sous terre, qu'est-ce qu'on peut bien trouver d'intéressant à y faire?

Au niveau du métro, la plupart des boutiques sont assez quelconque. Il faut marcher au niveau de la rue pour apprécier les commerces montréalais. Quant aux restos, c'est le festival de la pointe de pizza et du souvlaki Certains coins sont carrément sinistres: qu'on pense entre autres au long couloir brun qui unit le complexe Guy-Favreau et le complexe Desjardins. Déprimant.

Pendant que le visiteur en provenance de Tokyo, New York ou Mantes-la-Jolie parcourt le trajet souterrain qui le mènera des Cours Mont-Royal à la Place Montréal Trust, puis aux Promenades de la Cathédrale, il ne voit pas la belle avenue McGill College, la superbe cathédrale anglicane ou le square Philips.

Si au moins on indiquait au visiteur où il se situe dans la ville, et surtout, quel édifice se trouve au-dessus de sa tête Mais non. L'utilisateur du RÉSO (le nom qu'a pris le Montréal souterrain depuis 2004) est souvent laissé à lui-même. La signalisation est encore déficiente, quand elle n'est pas carrément absente. Impossible pour un touriste de s'y retrouver seul. On l'accompagne quelques mètres puis, plus rien.

En fait, à l'exception du tronçon qui parcourt le Quartier international, où la signalisation est plus claire et où on trouve certains attraits touristiques qui valent le détour, notre Montréal souterrain n'a pas grand-chose à offrir. Ce n'est rien d'autre qu'un très, très long tunnel.

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