Que pensez-vous de la décision de l'ancien président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Léo Bureau-Blouin, de se lancer en politique à 20 ans en se présentant comme candidat du Parti québécois aux prochaines élections? LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS.

Louis Bernard

Consultant et ancien haut fonctionnaire au gouvernement du Québec.



MAIS POURQUOI PAS?



Un des hommes politiques les plus doués que j'ai connus était au tout début de la vingtaine lorsqu'il s'est lancé dans l'arène politique. Il est devenu l'un des meilleurs orateurs que l'Assemblée nationale ait comptés parmi ses membres, un ministre influent du gouvernement Lévesque et un des grands leaders parlementaires des dernières années. Avant d'entrer en politique, il avait été un leader étudiant actif et admiré. Par la suite, il a poursuivi pendant de nombreuses années une fructueuse carrière de commentateur, d'analyste et d'animateur à la télévision privée. Il se nomme, on l'aura reconnu, Claude Charron. Comme le dit Rodrigue dans Le Cid, «Je suis jeune, il est vrai; mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années.» La politique est une école de vie certes exigeante, mais éminemment formatrice et remplie de promesses. Léo Bureau-Blouin est le maître de sa vie. S'il veut la mettre au service de ses concitoyens, il faut l'en remercier. Place à la jeunesse! disons-nous. Alors tant mieux si elle la prend cette place, à son rythme et à sa manière.


Francine Laplante

Femme d'affaires.



FAIS TES CLASSES



Mon cher Léo, tu es le garçon dont toutes les mères de ce monde rêvent, moi la première. Intelligent, vif, posé, articulé, charmeur; je t'observe et je souris à chacune de tes interventions! Tu as plein de potentiel comme un diamant à l'état brut qui, une fois poli, vaudra son pesant d'or, mais tu as 20 ans, mon beau Léo! 20 ans! Tu as tout ce qu'il faut pour devenir un grand leader, il ne te manque qu'une seule chose : l'expérience de la vie. L'expérience avec un grand E, celle qui ne s'apprend pas sur les bancs d'école, mais dans le quotidien de la vie. L'expérience que l'on acquiert à force de travailler, de courir après son temps, de calculer pour boucler ses fins de mois, de gérer la carrière de ses employés, quand l'on doit concilier travail et famille... Je suis inquiète de te voir sauter si vite dans l'arène. J'ai peur que tu sois dévoré par ces prédateurs sans scrupules qui ne voient en toi qu'un opportuniste politique. Tu vaux plus que ça, Léo. Tu as 20 ans! Va apprendre un peu la vie, la vraie vie, celle sur le terrain avec de vraies responsabilités. Va faire tes classes et manger quelques baffes, ensuite tu reviendras plus fort et plus grand que tu l'es aujourd'hui. À ce moment-là, tu seras en mesure de relever le défi que les gens vont te confier. Parce que tu n'as que 20 ans aujourd'hui, mais tu as tout le temps devant toi Léo pour devenir un vrai, un bon et un puissant premier ministre!

Mélanie Dugré

Avocate.



UNE INITIATIVE AUDACIEUSE



Parions que Michelle Courchesne s'est étouffée avec son café en apprenant que celui qu'elle appelait « Monsieur Léo » au plus fort de la crise étudiante se portait candidat pour le Parti québécois. Malheureusement, nous sommes souvent prompts à casser du sucre sur le dos des jeunes et, bien cloîtrés dans notre cynisme, à leur reprocher leur innocence, leur candeur et leur idéalisme. Par souci de cohérence et de logique, nous ne pouvons toutefois accuser les jeunes de faire preuve de nombrilisme et du même souffle condamner la décision de Léo Bureau-Blouin de tenter sa chance en politique.  Évidemment qu'il est tout vert, tout jeune et qu'il a tout à apprendre mais il a aussi démontré sa vivacité d'esprit, son ouverture, sa capacité à faire des compromis et son charisme; qualités essentielles en politique. La prochaine campagne électorale sera certainement l'hôte de débats d'idées musclés et d'échanges de coups bien sentis. L'aventure que s'apprête à vivre ce jeune homme sera forcément riche en leçons et expériences de vie dont il saura tirer profit et sortira grandi, qu'il soit élu ou non. Je salue son audace et accueillerai avec joie le vent de fraîcheur que sa présence soufflera sur la campagne électorale.



Mélanie Dugré

Gaétan Frigon

Président exécutif de Publipage inc., ex-PDG de la SAQ et de Loto-Québec.



UNE ERREUR DE TAILLE



Je crois que Léo Bureau-Blouin fait une erreur de taille de se lancer en politique, non pas parce qu'il n'a que 20 ans, mais parce que le dossier de la hausse des droits de scolarité n'est pas réglé et a laissé des traces partisanes. Qu'il ait été le leader étudiant le plus modéré n'empêche pas qu'il a dû partager la scène avec les autres leaders beaucoup plus intransigeants.  Et il m'apparaît évident que la seule raison pour Pauline Marois de l'accepter comme candidat est de tirer parti de sa jeunesse, de son look et de ses idées, et d'en faire un pion. Et c'est malheureux dans le présent contexte, car notre système politique d'origine britannique a pour conséquence de tuer dans l'oeuf les belles idées de jeunesse. Léo ne se rend probablement pas encore compte que la ligne de parti obligatoire  le reléguera aux banquettes arrière et qu'il devra se ranger derrière Pauline Marois, au pouvoir comme dans l'opposition, même s'il n'est pas d'accord avec elle. À 20 ans, aura-t-il l'étoffe d'accepter une telle rigidité

PHOTO FOURNIE PAR GAÉTAN FRIGON

Gaétan Frigon.

Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec.



UN GROS PARI



À 20 ans, on a la vie devant soi, mais pas nécessairement l'expérience voulue pour se lancer en politique. Léo a décidé de faire le saut, fort de son expérience comme président de la Fédération étudiante collégiale du Québec. Léo a du charisme à revendre et représente une tranche de la population qui a décidé de s'impliquer en politique et il veut tenter sa chance. Alors, pourquoi pas ? À 20 ans, Léo est un habitué des débats publics, des pourparlers à huis clos, de la pression médiatique et des grands rassemblements mais, la politique, c'est beaucoup plus, et c'est l'expérience que Léo espère pouvoir acquérir s'il est élu. Léo n'est pas sans savoir qu'il devra faire ses classes, que plusieurs de ses futurs collègues ont un bagage d'expérience et de connaissances amassés au fil du temps. Léo sait qu'en politique, les amitiés sont davantage superficielles et qu'il sera surveillé de près par des collègues envieux qui ont hâte de goûter au pouvoir. Par contre, si Léo est battu aux prochaines élections, il aura pu goûter un tant soit peu à la joute politique et pourra retourner sur les bancs de l'université pour obtenir une licence en droit et acquérir une toute autre expérience. En se présentant, Léo aura la possibilité de défendre ce pourquoi il a été une figure de proue et la population de sa circonscription le jugera en tant que tel. Un gros pari pour un jeune homme de 20 ans mais, à cet âge, tout nous est permis.

Jean Gouin

Richard Vigneault

Consultant en communication et membre de L'Idée Fédérale.



LE DÉCROCHEUR



Après avoir mené une bataille épique pour que les étudiants postuniversitaires du Québec puissent encore profiter de la quasi-gratuité pour poursuivre leurs études, n'est-il pas  étonnant que Léo Bureau-Blouin choisisse, à 20 ans,  de les abandonner pour lui-même afin se lancer en politique? Que Mme Marois l'encourage à décrocher en faveur de son parti ne surprend pas non plus. Léo Bureau-Blouin a choisi le parti du carré rouge et du gel perpétuel des tarifs, le parti qui donne souvent l'impression que pour atteindre son objectif de souveraineté, il est prêt à soutenir toutes les causes, qu'elles soient dans l'intérêt public ou non. Toutefois, je ne le découragerai pas. C'est un choix légitime. Se lancer en politique est une expérience de vie enrichissante. On peut y apprendre par exemple qu'il est plus difficile de conquérir les électeurs que les médias. On y apprend aussi qu'il est risqué de manipuler l'opinion longtemps même en étant un virtuose de la langue de bois.  On y découvre également que le message est plus important que le messager aussi doué soit-il. Enfin, être élu, représente un rendez-vous incontournable avec la réalité des faits à savoir notamment, déplaire à certains pour hausser les droits de scolarité parce que c'est la chose à faire, parce que c'est équitable, raisonnable et responsable. Tout cela vaut probablement un diplôme.

Guy Ferland

Professeur de philosophie au Collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse.



L'ÉLAN DE LA JEUNESSE



Il n'y a pas d'âge pour faire de la politique, pourvu qu'on ait des convictions et la capacité de les défendre. Il serait discriminatoire de juger un engagement politique à l'aune des ans du candidat. Pendant la crise étudiante, Léo Bureau-Blouin (comme plusieurs autres leaders étudiants) a démontré une grande maturité, une maîtrise de soi hors du commun dans des moments cruciaux et un grand sens des responsabilités. Il a su maintenir une position d'ouverture à la négociation et à la discussion pendant des mois chargés d'émotions et de tensions entre des groupes en conflit. Les candidats dans la vingtaine qui se présentent pour différents partis ont l'avantage sur plusieurs de leurs ainés de posséder l'élan de la jeunesse remplie d'idéaux, ce qui ne peut que redonner confiance à la population envers la chose publique. Ces jeunes, qu'on pensait trop individualistes, se tiennent loin de la désillusion et du cynisme de certains politiciens, ce qui est un atout dans l'engagement politique. Les Québécois ont besoin de nouveaux souffles. C'est pourquoi il faut saluer la présence des jeunes en politique qui ont démontré pendant le conflit étudiant une ouverture d'esprit, une pertinence des propos, un respect de la démocratie et une fermeté des convictions qui changent de la vieille politicaillerie partisane.

Nestor Turcotte

Retraité de l'enseignement collégial.



TROP JEUNE!



Le métier de politicien est un métier... pas comme les autres. Le politicien doit essayer de satisfaire tout le monde tout en essayant de ne pas déplaire au plus petit nombre. Jusqu'ici, le jeune Bureau-Blouin défendait son groupe corporatiste. À l'avenir, il devrait se soucier de tous les autres, allant jusqu'à oublier ses anciens combats. Quand on défend un groupe, on ne trouve des sous que pour ce groupe. Quand on défend tout le monde, on en trouve moins pour l'ancien groupe dont on était le porte-étendard. Pauline Marois fait un mauvais calcul en «tassant» son candidat élu dans Laval-des-Rapides pour imposer un jeunot sans expérience, sans diplôme universitaire. Celui-ci devra faire face à la compétence, à l'expérience et à l'aplomb d'un adversaire dont la crédibilité n'est plus à faire. Jean Charest doit se frotter les mains ce matin à la conférence du Conseil de la Fédération. Il aura réussi à faire ce que d'aucuns craignaient : une élection référendaire sur les frais de scolarité. En bout de piste, les gens vont voter pour ou contre la hausse des frais de scolarité. Les jeunes se sentant floués par le départ de Bureau-Blouin du Front commun étudiant, lâcheront le PQ et iront voter pour QS ou ON.  La manoeuvre malhabile et opportuniste de Marois permettra sans doute au premier ministre de réaliser ce que personne n'osait prédire il y quelques mois: sa quatrième réélection. Les gens voteront pour écarter de la politique un débat qui a trop duré : la hausse des frais de scolarité. En oubliant tout le reste. Les Québécois votent sur des émotions plutôt que sur des idées. On le verra le 4 septembre prochain. Bureau-Blouin aura coopéré à ce résultat historique. Il aurait dû, comme il était prévu, aller faire son droit et revenir plus tard en politique. Et demander conseil à Mario Dumont et Claude Charron, dont l'entrée prématurée en politique, leur a valu bien des regrets.

Nestor Turcotte

Jana Havrankova

Médecin endocrinologue.



DANGER POUR LE CANDIDAT, LE PQ ET LA POLITIQUE



Cette notoriété précoce et ce parachutage en politique peuvent se révéler périlleux pour Léo Bureau-Blouin, pour le PQ et pour la perception générale de ce qui est, ou devrait être, la politique. A-t-on oublié au PQ l'aventure malheureuse d'André Boisclair, un jeune homme talentueux, mais sans expérience? En s'associant ainsi avec le mouvement étudiant, le PQ encourage le vote de certains jeunes, mais court aussi le danger que la campagne électorale tourne autour des droits de scolarité, sujet qui divise les Québécois. Ce thème ne devrait pas occulter d'autres enjeux autrement plus importants. À moins de devenir un politicien professionnel, que fera Léo Bureau-Blouin une fois sa carrière politique terminée? Consultant pour une firme privée? Commentateur de l'actualité dans les médias? Par ailleurs, peut-on oeuvrer dans l'intérêt du bien commun, pas seulement pour la politique étroitement partisane, si on possède aussi peu d'expérience de la vie? Acquérir une formation, se frotter à la réalité quotidienne pour comprendre l'ensemble de la société, ses priorités, ses espoirs, ses soucis, une certaine expérience s'avère nécessaire. Le talent et le charisme ne suffisent pas.

Jana Havrankova

Caroline Moreno

Comédienne et écrivain.



UN VENT DE FRAÎCHEUR

Le 25 septembre 1989, André Boisclair devenait, à l'âge de 23 ans, le plus jeune député de l'Assemblée nationale. Mais, contrairement à l'ancien chef du PQ auquel des qualités charismatiques et rassembleuses ont été attribuées un peu à la légère, Léo Bureau-Blouin possède un véritable esprit critique et politique qui ne peut que servir les intérêts des Québécois et leur redonner espoir en un avenir meilleur.  Cette annonce constitue une excellente nouvelle pour les électeurs et pour le PQ qui semblait avoir, jusqu'à tout récemment, un pied dans la tombe. Les dispositions naturelles ne sont pas une question d'âge mais de talent. Xavier Dolan, en cinéma, en est lui aussi la preuve. Bonne chance à Léo Bureau-Blouin!

Caroline Moreno

Jean Bottari

Préposé aux bénéficiaires.



OPPORTUNISME



Visiblement, le PQ n'a aucun critère quant à l'âge, pas plus que l'expérience de vie des ses candidats. Comme pour les autres partis, le PQ pense en tout premier lieu aux chances de faire élire le plus grand nombre de députés possibles. Léo Bureau-Blouin est un communicateur-né des plus talentueux. Cela fait-il de lui pour autant le meilleur candidat pour les électeurs de Laval-des-Rapides et pour le Québec? Autant lui que le PQ profitent de sa notoriété  publique acquise durant le conflit étudiant. C'est là, selon moi, un bel exemple de l'opportunisme qui caractérise trop souvent la politique, tous partis confondus. M. Bureau-Blouin a beau avoir les meilleurs intentions du monde, il devra lui aussi se conformer à la ligne de parti. S'il est élu, parions que ce jeune homme passera une grande partie de sa vie en politique et deviendra peut-être, comme Jean Charest, politicien de carrière. Méfiance envers les politiciens oblige, je l'imagine déjà esquiver les questions des journalistes s'il devient député. Va t-il pouvoir se démarquer au sein du PQ comme il l'a fait en tant que porte-parole de la FECQ? Il retombera vite sur ses pieds s'il n'est pas du même avis que la chef du PQ, qui saura lui montrer le seul chemin à suivre.... Le sien! En passant, je me demande où est passé le carré rouge de M. Bureau-Blouin.

Pierre Simard

Professeur à l'ENAP, à Québec.



LE MIROIR AUX ALOUETTES



Il y a quelques semaines, Pauline enlevait son carré rouge : le conflit étudiant ne devait pas être l'enjeu des élections. Aujourd'hui, elle annonce en grande pompe la candidature d'un de ses porte-étendards. C'est comme ça! Pour Pauline, Léo Bureau-Blouin est une opportunité : celle d'acheter quelques votes. Mais soyons sérieux, une fois les élections passées, qu'adviendra-t-il de notre prodige? À 20 ans, a-t-il vraiment les compétences ou l'expérience pour occuper un poste de premier plan au sein d'un gouvernement péquiste? Adulé depuis plusieurs mois, notre jeune collégien se voit sans doute ministre de l'Éducation. Le miroir aux alouettes! Pauline a probablement d'autres plans pour lui, comme celui de végéter à l'arrière-ban de l'Assemblée nationale et à défendre inlassablement la ligne de parti devant les médias. Pauvre Léo! Lui qui pouvait aspirer, avec diplôme en poche et quelques années d'expérience, à une longue et fructueuse carrière. Désolé, mais la gouvernance publique n'est pas seulement une affaire d'image médiatique. Quoique pour le PQ, la compétence politicienne semble parfois se mesurer par le nombre d'apparitions à la télévision.

Pierre Simard

Denis Boucher

Associé au sein d'un cabinet de relations publiques.



COURAGEUX



On reproche souvent aux jeunes de ne pas s'intéresser à la politique. Il serait très certainement malvenu de reprocher à un jeune de se présenter à une élection simplement parce qu'il est trop jeune! Il faut une bonne dose de courage pour se présenter devant l'électorat et, en ce sens, on peut certainement applaudir sa décision de briguer les suffrages. Que l'on soit pour ou contre les prises de positions de M. Bureau-Blouin, on ne peut certainement pas nier l'aplomb avec lequel il a représenté les membres de sa fédération. Il s'exprime bien, il a des opinions et les défend. Il devra maintenant défendre la ligne d'un parti et ce sera intéressant de voir comment il sera en mesure de s'adapter à cette nouvelle dynamique. Il fera aussi face à l'électorat dans une circonscription où il n'a pas de connaissance des enjeux locaux et où les préoccupations de la très grande majorité ne sont pas par rapport aux droits de scolarité. La lutte qui s'annonce dans Laval-des-Rapides s'annonce donc des plus captivantes d'autant que le député sortant, Alain Paquet, connaît bien sa circonscription qu'il représente depuis 2003 et qu'il est perçu comme une étoile montante au sein du Parti libéral.

Denis Boucher