The Artist, Meryl Streep, Jean Dujardin, Christopher Plummer... Êtes-vous d'accord avec le choix des gagnants aux Oscars de dimanche? Lequel vous a le plus touché? Même si Monsieur Lazhar ne l'a pas emporté, y a-t-il lieu d'être fier qu'une autre production québécoise ait été mise en nomination dans la catégorie du meilleur film étranger?

LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS.



Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec 

UNE COMPÉTITION TRÈS RELEVÉE

À l'heure prévue, je me suis installé dans mon fauteuil à bascule et j'ai savouré intensément chaque moment de sa soirée. L'édition 2011 de la soirée des Oscars fut empreinte d'une certaine retenue de la part des oscarisés lorsque venait le temps des remerciements et ça, j'ai apprécié. J'ai également beaucoup aimé le maître de cérémonie, Billy Crystal, et son humour. La présente édition mettait en compétition un très haut calibre d'actrices, d'acteurs et de films. Je n'ai pas souvenance d'avoir été témoin d'une compétition aussi relevée à tous les points de vue. À cet égard, c'est l'industrie cinématographique dans son ensemble qui est la grande gagnante de cette soirée inoubliable. Le film The Artist était déjà donné gagnant, donc pas de surprise  de ce côté. Non plus du côté de l'acteur masculin par excellence Jean Dujardin. J'ai aimé le choix de Christopher Plummer comme meilleur acteur de soutien. Gagner à 82 ans un Oscar est sans contredit un exploit que l'on risque de voir se répéter dans le futur. D'ailleurs, ils étaient deux de cet âge vénérable à se faire la compétition. Dommage pour Max von Sydow et Nick Nolte. En ce qui concerne le choix de la meilleure actrice, mon coeur allait vers Glen Close, bien que Meryl Streep ait donné une excellente performance dans le rôle de Margaret Thatcher. Monsieur Lazhar n'a pas été retenu mais son choix parmi les finalistes est une fierté pour le cinéma québécois. Et que dire de la prestation de la troupe du Cirque du soleil, sinon bravo ! Somme toute, ce fut une excellente soirée.

Jean Gouin

Pierre Simard

Professeur à l'ÉNAP

MONDIALISATION DU CINÉMA

«Putain, génial, merci beaucoup!» C'est ainsi que le Français Jean Dujardin a terminé ses remerciements. Juste auparavant, une lauréate du film Hugo s'écriait : « C'est pour l'Italie! » Je l'avoue, je n'ai pas visionné tous les films en lice à la soirée des Oscars. Par contre, j'ai été étonné. Et pas seulement par le glamour et les robes suggestives des stars hollywoodiennes... Ce qui m'a le plus frappé, c'est à quel point l'industrie du cinéma se mondialise. Les Oscars du meilleur film, du meilleur acteur et du meilleur réalisateur ont été décernés à The Artist, une production française. L'Oscar du meilleur film étranger a été attribué au film iranien « Une séparation », et ce, dans une période de grande tension entre l'Iran et les États-Unis. On dira bien ce qu'on voudra sur le chauvinisme des Américains, il reste que l'Académie a donné l'impression de faire fi de la politique et de s'en tenir à valoriser le travail cinématographique un peu partout dans le monde. Quant à Monsieur Lazhar, comme la plupart des Québécois - du moins ceux qui n'écoutaient pas Star Académie - j'aurais aimé qu'il profite davantage de cette vitrine mondiale. Par contre, le seul fait d'être mis en nomination est déjà une belle victoire.

Jana Havrankova

Médecin endocrinologue

FÉLICITATIONS, MONSIEUR LAZHAR !

Se trouver en nomination pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère constitue déjà une victoire en soi. Comme aux Jeux olympiques, il n'y a qu'une personne pour recueillir la médaille d'or, mais s'y rendre ou, encore mieux, monter sur le podium avec les quelques meilleurs, c'est un immense exploit. Félicitations à toute l'équipe impliquée dans le succès de Monsieur Lazhar. Quelle finesse! Sans pathos ni prêchi-prêcha, le film montre tellement de facettes de notre société : désarroi du réfugié, tâtonnements bureaucratiques des agents d'immigration, dérives du système scolaire - il ne faut pas toucher les enfants ni pour les consoler ni pour les punir -, les rigidités de certains parents qui sabotent l'autorité de l'école, fragilité des enfants. Pour les films américains, l'Académie s'obstine à sélectionner neuf productions, mélangeant des oeuvres ordinaires avec des très bonnes, discréditant le sérieux de la compétition. Sans surprise, The Artist et Hugo, deux films de pur divertissement, très bien réalisés, qui de surcroît célèbrent le cinéma, se sont partagé le gros lot de prix. Hollywood a congratulé Hollywood. Ces films m'ont amusée, mais pas touchée. Mais il serait fou de bouder son plaisir, n'est-ce pas? Toutefois, j'attends avec impatience votre prochain film, Monsieur Falardeau!

Guy Ferland

Professeur de philosophie au collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse

LE CINÉMA SORT GAGNANT

Le véritable gagnant de la dernière cérémonie des Oscars est le cinéma lui-même. D'ailleurs, une bonne partie des célébrations de dimanche soir a été consacrée à des témoignages des artisans envers leur art. Pour souligner l'importance accordée à l'expérience au 7e art, les académiciens ont d'ailleurs couronnés des artistes accomplis aux multiples talents : Meryl Streep, Jean Dujardin, Christopher Plummer et Octavia Spencer. De plus, les oeuvres primées ont été des films extrêmement bien faits qui s'adressaient autant à l'intelligence qu'à la sensibilité des spectateurs, et dans lesquels pointait une bonne dose de nostalgie : The Artist, Hugo, The Descendants, Midnight in Paris, etc. Même s'il n'a pas remporté la palme remise au meilleur film en langue étrangère, Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau est à mes yeux un long métrage plus émouvant qu'Une séparation. Le film iranien qui a gagné est très bon, mais le propos de la pièce d'Évelyne de la Chenelière m'a davantage touché et fait réfléchir sur notre capacité d'empathie envers la douleur et la détresse d'un immigrant ou celles d'enfants. Des considérations politiques en ces temps de conflits entre les États-Unis et l'Iran ont sans doute fait la différence entre ces deux excellentes productions.

Mélanie Dugré

Avocate

CÉLÉBRER LE TALENT

Au-delà des jolies robes et des beautiful people qui foulent le tapis rouge des Oscars, le talent, l'originalité et la créativité des oeuvres sont franchement impressionnants. S'il n'y aura jamais consensus sur l'identité des gagnants, la consécration de The Artist envoie certainement le message aux Américains qu'ils feraient bien de lever le nez de leur nombril car une autre nation a réussi à les surpasser dans le récit de l'histoire de leur propre parcours cinématographique. Quant aux performances des acteurs récompensés, elles sont sans reproche et ils méritent amplement de caresser la petite statuette. Nous devons collectivement et unanimement être profondément fiers du chemin parcouru par Monsieur Lazhar. Il se fait au Québec un cinéma de très grande qualité et la mise en nomination, deux années consécutives, d'oeuvres québécoises contribue au rayonnement planétaire de notre talent. Ceux qui ont une dent contre les sommes dépensées afin de promouvoir ce film devraient pourtant réaliser qu'il s'agit là d'investissements ayant d'importantes retombées pour notre province, au même titre que les missions économiques autour du monde auxquels participent nos dirigeants avec fracas et publicité. La démarche des créateurs est plus délicate et discrète mais c'est là tout le propre, et la richesse, de nos artistes.

Mélanie Dugré

Richard Vigneault

Consultant en communication et membre de l'Idée fédérale 

PHILIPPE FALARDEAU A GAGNÉ

Il faut être fier qu'un jeune cinéaste québécois comme Philippe Falardeau se soit rendu jusqu'à la Mecque du cinéma. L'important n'est pas d'avoir remporté la célèbre statuette, mais qu'il se soit hissé aux côtés des meilleurs sur la planète. La réussite de Falardeau, comme avant lui celle d'Arcand ou de Villeneuve, tient dans le fait qu'ils ont réalisé des oeuvres qui rejoignent l'universel, des films humanistes qui atteignent  les hommes et les femmes où qu'ils ou elles se trouvent, peu importe leur nationalité. Les Québécois sont bourrés de talent et de créativité dans de multiples domaines et ils ont souvent prouvé qu'ils étaient capables d'en convaincre non seulement leurs compatriotes, mais également un public hors frontières. Peut-être est-ce une audace qui vient de ce que nous ont légué nos ancêtres explorateurs, ou  des influences qui découlent des cultures française et anglaise qui ont imprégné notre histoire, ou encore du fait d'avoir un pied en Amérique et l'autre en Europe ? Les créateurs québécois  disposent de tout ce qu'il faut pour rayonner partout et surtout, d'une liberté que rien ne vient entraver.  S'il y a un art qui fait tomber les barrières, c'est bien le cinéma. L'Américaine Meryl Streep en Margaret Thatcher en témoigne. Falardeau nous fait honneur dans ce club et il gagne de toute façon.



Caroline Moreno

Écrivain et comédienne 

CHAPEAU !

Meryl Streep est une grande artiste et The Artist un grand film, lequel reconstitue à merveille l'époque du cinéma muet et son déclin, en plus de nous mettre le coeur en fête. Pour la France, il s'agit d'un premier couronnement aux Oscars. Chapeau ! Quant au Québec, il tire son épingle du jeu avec des nominations pour Monsieur Lazharde Philippe Falardeau et Dimanche de Patrick Doyon. Félicitations et bonne continuation !