Comment réagissez-vous au fait que pendant plusieurs années, le Bloc québécois et son chef Gilles Duceppe aient utilisé les fonds de la Chambre des communes pour défrayer le salaire du directeur général du parti ? LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS. MAXIMUM DE 150 MOTS.

Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec.



UN PEU GÊNANT



La nouvelle à l'effet que Gilles Duceppe ait utilisé des fonds de la Chambre des communes pour rémunérer le directeur général du Bloc québécois m'a fait sursauter. Sursauter, parce que M. Duceppe ne s'est pas gêné pour reprocher aux autres ce qu'on lui reproche aujourd'hui. Gilles Duceppe devra s'expliquer et démontrer que les reproches qui lui sont adressés sont faux. Entre-temps, les adversaires de M. Duceppe ont la partie belle. D'abord, Pauline Marois n'aura plus à regarder par-dessus son épaule pour voir ce qui se trame dans son dos et, surtout, n'aura plus à se soucier de M. Duceppe qui se voyait déjà le chef du PQ. Ensuite, M. Harper saura sûrement rendre à son ancien adversaire la monnaie de sa pièce en le faisant parader devant un comité des Communes, chargé d'élucider ce genre de chose. De plus, M. Harper, qui connaît très bien l'ascendant de Gilles Duceppe sur les souverainistes, profitera sûrement de l'occasion pour l'écarter de la politique. Par contre, au terme de toutes les enquêtes, si les suspicions à l'endroit de M. Duceppe s'avéraient non fondées, il est certain que Gilles Duceppe reprendra du service et qu'il reviendra plus populaire que jamais. En politique, rien n'est jamais terminé. Mais, quand même, c'est un peu gênant pour Gilles Duceppe.

Jean Gouin

Mélanie Dugré

Avocate.



UN SQUELETTE POUSSIÉREUX



Cette nouvelle est certainement dérangeante puisqu'elle suggère que des règles assez élémentaires encadrant les activités politiques auraient été violées. J'hésite toutefois à condamner et pourfendre à grands cris sans avoir entendu les explications du Bloc québécois et de Gilles Duceppe tout en soupçonnant que ce dernier pourrait nous servir le classique et réchauffé «Je n'étais pas au courant». Malheureusement, un tel argument ne saurait tenir la route puisque le rôle d'un chef, aussi ingrat soit-il, est justement de tout savoir. Cette information impose par ailleurs un constat et suscite une réflexion subsidiaire. D'abord, force est de constater que s'il existe une façon de contourner les règles proprement et discrètement, l'individu moyen, qu'il soit ou non politicien, s'en prévaudra avec joie, en croisant les doigts pour ne pas être démasqué. Enfin, cet événement nous permet de réfléchir sur le parfait synchronisme de la révélation. Prenant pour acquis que les faits reprochés datent de quelques années, la nouvelle n'a rien de contemporain et quelqu'un, quelque part la gardait précieusement dans sa manche. Lorsqu'est venu le moment de lancer des cailloux sur le chemin de Gilles Duceppe vers la direction du PQ, ce squelette poussiéreux est soudainement sorti du placard avec un impeccable sens du «timing».

Mélanie Dugré

Jana Havrankova

Endocrinologue.



GARE AUX OPINIONS HÂTIVES!



Il est pour le moins étonnant que cette histoire apparaisse au moment même où Gilles Duceppe se trouvait sur la ligne de départ pour, peut-être, remplacer Mme Marois à la tête du PQ. À qui profite cette fuite? Pour l'instant, il ne s'agit que des allégations de l'utilisation inappropriée des fonds parlementaires. Il ne faut pas condamner l'ancien chef du Bloc sans connaître l'ensemble des faits. Laissons les responsables investiguer. Nous aurons tout le temps de commenter par la suite.

Jana Havrankova

Jean Bottari

Préposé aux bénéficiaires.



PUTSCH RATÉ

Si ce n'était de la dernière tentative de putsch de Gilles Duceppe, nous n'aurions probablement jamais su que le salaire de Gilbert Garder, ancien directeur général du Bloc québécois, était payé a même les fonds publics. Cette information sensible ou plutôt ce fantôme dans le placard de M, Duceppe est sortie au moment ou l'ex-leader bloquiste tentait pour une deuxième fois de ravir le poste de chef du Parti québécois à Pauline Marois. Heureuse coïncidence, non? Il s'agirait semble t-il d'un salaire avoisinant les 100,000$ par année. M. Duceppe ainsi que son ancien chef de cabinet, François Leblanc ont affirmé qu'ils ont agi selon les règles et n'ont rien à se reprocher. De plus, ils ont été catégoriques en disant que cette façon de faire était connue par les membres du caucus du Bloc. Or comment se fait-il que Michel Guimond, troisième en rang hiérarchique, n'en savait rien? Je suis consterné d'apprendre que ce parti qui disait défendre les intérêts du Québec à Ottawa en dénonçant les «magouilles» des libéraux et des conservateurs se retrouve sur la sellette pour une possible fraude à l'égard, non seulement de ses propres partisans mais aux citoyens canadiens d'un bout à l'autre du pays ? Pour ma part, s'il est prouvé que Gilles Duceppe et le Bloc ont contrevenu aux règles parlementaires, je suis heureux que ce scandale éclate au même moment ou M. Duceppe tentait un retour en politique provinciale.  Qui aurait voulu d'un tel chef au PQ? Cynique et désabusé face aux politiciens? Oui, je le suis, et ce ne sont pas de tels agissements qui vont me redonner confiance en ces personnes en qui nous remettons les clés de notre destinée. Ce nouveau mélodrame s'ajoute aux autres et ne fait qu'accroître le niveau de méfiance que nous entretenons face à toute la classe politique. Y a t-il un seul politicien honnête et transparent? J'en doute de plus en plus!

François Bonnardel

Député de Shefford à l'Assemblée nationale.

DÉCEVANT ET SURPRENANT



Dans notre système politique, la ligne à tracer entre la représentation parlementaire et les activités d'un parti politique doit être claire. Si tous les députés utilisaient les ressources qui leur sont allouées par le Parlement à des fins de politique partisane, notre démocratie serait bien mal servie. D'autant plus que dans un tel contexte, les partis détenant de plus gros budgets parlementaires seraient indûment avantagés par rapport à ceux qui ont des budgets plus limités. Il est donc extrêmement décevant et surprenant de constater aujourd'hui que ce genre de pratiques existe toujours, cette fois-ci chez un parti politique qui les dénonçait il y a quelques mois à peine. En effet, lorsqu'il fut allégué au printemps dernier qu'un adjoint parlementaire du ministre Jason Kenney s'était servi de lettres avec entête parlementaire pour solliciter des dons partisans, le Bloc québécois de Gilles Duceppe s'était empressé de réclamer la démission du ministre. C'est entre autre pour éviter de tels scénarios que le financement des partis politiques et le financement des groupes parlementaires proviennent d'enveloppes budgétaires distinctes. La nécessaire séparation entre le travail parlementaire et les activités partisanes des élus devrait être scrupuleusement respectée si nous voulons que les citoyens gardent confiance en leurs institutions politiques.

photo archives La Voix de l'Est

François Bonnardel

Pierre Simard

Professeur à l'ENAP



BONNE CHANCE GILLES!



Stupéfaction chez les souverainistes. Gilles Duceppe aurait floué le trésor public à des fins partisanes. Celui qui, pendant des années, a déchiré sa chemise pour dénoncer les tripotages de fonds publics aurait été pris la main dans le sac. Voilà la belle affaire! L'ex-chef du Bloc serait-il de la race de ceux qu'il se plaisait à pourfendre? Pendant qu'il nous exhorte à lui accorder la présomption d'innocence, sa machine à sauver les meubles est en marche. Tout aurait été fait selon les normes (lorsqu'on étire la norme évidemment). Le pauvre Duceppe serait victime d'une tentative d'assassinat politique perpétrée par des fédéralistes ou des partisans de Pauline. Son discours de réplique serait déjà écrit : toutes les Québécoises et tous les Québécois pensent que... savent que... comprennent que si j'ai rémunéré le directeur général du Bloc à même mon budget de cabinet, c'est seulement pour protéger le Québec des malversations du Canada anglais. La mauvaise nouvelle pour notre champion de la morale politicienne, c'est que ses anciens adversaires politiques ont beaucoup appris de sa légendaire pugnacité. Il risque de goûter dans les prochains mois à sa propre médecine. Il risque de se voir accorder la même présomption d'innocence qu'il a concédée à ses adversaires politiques. Bonne chance Gilles!

Pierre Simard