Dans une lettre qu'elle lui a fait parvenir, la mairesse de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, enjoint le premier ministre Jean Charest d'assumer ses responsabilités et de déclencher une commission d'enquête publique pour «s'attaquer au système» de collusion dans l'industrie de la construction «et non seulement aux individus». Êtes-vous d'accord avec Mme Rouleau?               LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS. MAXIMUM DE 150 MOTS.







Jana Havrankova

Endocrinologue

UNE ENQUÊTE, ET QUE ÇA SAUTE!



Bravo à Mme Rouleau pour son courage! Bien entendu, elle a raison de réclamer une commission d'enquête. Son témoignage se base sur son expérience en politique municipale et revêt donc une importance cruciale. De toute façon, combien de personnes au Québec pensent encore que l'on pourra faire économie d'une enquête sur la construction, ainsi que sur ses ramifications vers le crime organisé et vers la politique? Que cette enquête soit d'abord à huis clos pour permettre aux témoins de parler plus librement paraît acceptable. M. Charest devrait s'emparer de toute urgence de cette opportunité. Si le premier ministre croit qu'il est en train d'épargner le PLQ, il manque sérieusement de jugement. Les dommages à la politique en général et au PLQ en particulier sont incalculables et iront croissant. Le Québec prendra des années avant de se relever de la dévaluation du gouvernement. Quelle personne honnête et raisonnable voudra se lancer en politique? Quel citoyen voudra se donner la peine de voter alors qu'il aura l'impression que les politiciens sont ou seront complices de la collusion et de la corruption?



Mélanie Dugré

Avocate



LE CRAN D'UNE FEMME, LA LÂCHETÉ D'UN HOMME



Il est maintenant impératif que Jean Charest, dans un ultime exercice d'humilité, mette son orgueil de côté et revoit sa position car pour le moment, le cran et le courage de madame Rouleau ne rendent que plus saisissante sa propre lâcheté. Le dossier de la corruption dans l'industrie de la construction contient son lot de faits troublants. Pensons au départ à Patrice Servant, à la dissension au sein de l'UPAC et à l'inconfort du ministre des Transports. Mais ce qui est franchement inacceptable, c'est que le premier ministre se refuse à entendre et écouter la voix et les souhaits des citoyens, ceux-là même qui ont contribué à son accession au pouvoir. Parmi eux, se trouvent des individus qui possèdent une crédibilité certaine et qui sont des témoins privilégiés des magouilles qui se trament dans l'industrie de la construction. Mme Rouleau, mairesse d'un arrondissement où les projets de construction et de réfection poussent comme des champignons, sort du rang des élus pour clamer haut et fort la pertinence et la nécessité d'une commission d'enquête publique. Mme Rouleau a ainsi choisi d'ignorer les possibles représailles à son endroit et de militer en faveur de l'intérêt collectif. Il est maintenant impératif que Jean Charest, dans un ultime exercice d'humilité, mette son orgueil de côté et revoit sa position car pour le moment, le cran et le courage de Mme Rouleau ne rendent que plus saisissante sa propre lâcheté.

Mélanie Dugré



Gaétan Frigon

Président exécutif de Publipage inc. et ancien président-directeur général de la Société des alcools du Québec et de Loto-Québec



LA GOUTTE QUI FAIT DÉBORDER LE VASE?



D'une part, on ne peut que féliciter Mme Chantal Rouleau de dire tout haut ce que la plupart des gens pensent tout bas, à savoir que la collusion dans l'industrie de la construction est dans le système même et que de s'attaquer seulement aux individus ne mènera pas loin. Elle a raison quand elle dit que nous n'aurons rien gagné collectivement si les bandits envoyés en prison sont remplacés par d'autres. D'autre part, Mme Renaud a aussi raison quand elle dit que les risques politiques associés à la tenue d'une commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction n'ont aucune commune mesure avec ceux qui planent actuellement sur la société québécoise. Toutefois, nous savons tous que la décision que Jean Charest prendra sera strictement politique, à savoir s'il a plus à perdre avec une commission d'enquête ou sans commission d'enquête. Dans ce contexte, peut-être que la lettre de Mme Rouleau sera la goutte qui fait déborder le vase. Et si Jean Charest y va pour une commission d'enquête publique, il aura probablement attendu assez longtemps pour que les prochaines élections aient lieu avant que le rapport final de ladite commission ne soit publié. C'est ainsi que ça se passe en politique : le bien du parti avant le bien public.

Gaétan Frigon



Raymond Gravel

Prêtre du diocèse de Joliette



LE GROS BON SENS S.V.P.



Sur quelle planète Jean Charest vit-il? Je ne peux pas croire qu'il vient de prendre conscience, après avoir reçu une lettre de Mme Rouleau, mairesse de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, qu'il est nécessaire, et même urgent de déclencher une enquête publique sur l'Industrie de la construction au Québec. Si c'est le cas, il est grand temps qu'il démissionne et qu'il laisse la place à quelqu'un d'autre, capable d'écouter la population et sensible à toute forme de collusion ou de corruption érigée en système avec des ramifications jusqu'au niveau des partis politiques. Je peux comprendre la peur qu'éprouve le chef du Parti libéral d'être éclaboussé par cette enquête qui démontrera jusqu'à quel point la corruption est généralisée. Par ailleurs, refuser de la tenir, c'est faire preuve d'incompétence, d'insensibilité et d'irresponsabilité de la part d'un premier ministre qui dit avoir les deux mains sur le volant, mais qui est incapable de remplir sa fonction de premier responsable de la société québécoise. Personnellement, je suis tanné d'entendre parler de corruption, de collusion, de malversation, de mafia, de crime organisé, etc...Allons-nous en finir une fois pour toutes avec ces criminels à cravate qui exploitent les pauvres et qui s'enrichissent à leurs dépens?

Raymond Gravel



François Bonnardel

Député adéquiste de Shefford



M. CHAREST DOIT CHANGER DE CHAPEAU



La semaine dernière, le cri du coeur de la mairesse Chantal Rouleau s'adressait à tout le Québec. Elle dénonçait publiquement un système de corruption et de collusion au sein de l'industrie de la construction, ce qui prend beaucoup de courage. Cette semaine, son message s'adresse à un seul individu : Jean Charest, qu'elle implore de déclencher une commission d'enquête publique pour faire un ménage complet de cette industrie. En affirmant que «les risques politiques qui pourraient être associés à la tenue d'une telle commission n'ont aucune commune mesure avec ceux qui planent actuellement sur la société québécoise», la mairesse Rouleau envoie à Jean Charest un message qu'une vaste majorité de québécois voudrait qu'il comprenne. Ce message, c'est que l'état de santé du parti politique dont il est chef est bien moins important que l'état de santé de la province que les Québécois l'ont élu pour diriger. Or, depuis que ma collègue Sylvie Roy a réclamé la tenue d'une commission d'enquête publique, en avril 2009, Jean Charest refuse d'entendre ce message. Peu importe la gravité des révélations entendues depuis ce temps, il s'est comporté comme le chef du PLQ en défendant ses intérêts partisans avant d'assumer son rôle de premier ministre pour tous les Québécois et de faire le ménage tant réclamé. Il est plus que temps qu'il change de chapeau et qu'il déclenche cette enquête publique.



Francine Laplante

Femme d'affaires



LE COURAGE DE MME ROULEAU



Difficile de ne pas être en accord avec la demande de Mme Rouleau, c'est l'évidence même. Mais au-delà de cette revendication, nous devons souligner le courage exemplaire de la mairesse de Rivière-des-Prairies/Pointe-aux-Trembles. Où sont ses collègues des autres arrondissements et des autres villes? Pourquoi ne sortent-ils pas de l'ombre l'un après l'autre avec autant d'aplomb et de détermination en appui concret à Mme Rouleau? Elle est la seule à aller au front, à ses risques et périls, sans se préoccuper de sa sécurité! J'en conclus que Mme Rouleau est en politique pour les bonnes raisons : représenter les citoyens en toute honnêteté et intégrité, et c'est tout à son honneur!





Léo Bureau-Blouin

Président de la Fédération étudiante collégiale du Québec



RESTAURER LA CONFIANCE DU PUBLIC



Les blagues sur les politiciens et les firmes de génie-conseil ont la cote à la suite des allégations de corruption dans le monde de la construction. Bien qu'amusantes en apparence, ces blagues et autres allusions cyniques cachent un problème profond, celui de la confiance du public. Car au-delà des coûts immenses que représentent les «extras» et autres irrégularités du monde de la construction, c'est notre système démocratique et nos institutions publiques qui en prennent pour leur rhume. En ce sens, il est inquiétant de voir que le gouvernement Charest s'entête à refuser une enquête publique que réclame une majorité écrasante de la population dont plusieurs élus municipaux. Et  plus le gouvernement tarde à réagir, plus sa marge de manoeuvre diminue, car tout geste sera perçu comme un volte-face. Le premier ministre doit donc agir rapidement et de manière vigoureuse. Des gestes forts tels qu'une enquête publique donneraient un second souffle à notre démocratie tout en permettant de sauver des millions de dollars qui garantiraient des services publics de qualité aux générations futures. D'ici là, la population doit maintenir la pression et s'en souvenir aux prochaines élections.

Photos archives

Le président Léo Bureau-Blouin



Alain Vadeboncoeur

Médecin urgentologue



DE LA DÉMOCRATIE SUBSTITUTIVE



Qui a la vérité? Qui gouverne de manière éclairée? Ce n'est pas la première fois que M. Charest adopte une position qui est opposée à celle exprimée par l'ensemble de la société civile ou presque. Nous avions vécu exactement la même chose dans le dossier des PPP. Pourtant, le gouvernement était allé de l'avant , nous assurant du même souffle que ses décisions étaient prises dans le meilleur intérêt de tous, que c'était la meilleure décision. Comment savoir? Évidemment il n'y a aucun moyen de savoir. On ne peut jamais faire d'expérience avec l'histoire, on ne peut jamais comparer le résultat. On peut ensuite par contre supputer durant des décennies à propos de cette décision, était-ce la meilleure, et une panoplie experts se prononceront. Mais qui a raison, qui a tort? Pour M. Charest, les PPP étaient la meilleure solution. De même, M. Charest ne veut pas d'une enquête publique sur la construction. Il juge que les enquêtes policières sont le meilleur moyen d'arriver aux fins souhaitées. Mais quelles fins? Et pour qui? Est-ce dans le meilleur intérêt de la société? De son gouvernement? De lui-même? Les mystères de la politique sont parfois impénétrables. L'opinion de la majorité, c'est qu'une enquête publique s'impose. De temps en temps, il serait intéressant que les gouvernements gouvernent en écoutant la société civile qu'ils disent représenter. Après tout, on ne peut pas avoir raison, envers et contre tous, tout le temps. À ce rythme-là, ce n'est plus de la représentation, c'est de la substitution.

Dr Alain Vadeboncoeur