Un comité présidé par Gilbert Rozon estime qu'il faut donner un sérieux coup de barre à l'offre touristique au Québec si l'on souhaite attirer davantage de touristes étrangers. Selon le comité Rozon, les produits touristiques québécois sont vieillissants, leur gestion est morcelée, et les investissements sont insuffisants. Êtes-vous d'accord avec ces constats? Que faut-il faire, selon vous, pour rendre les voyages au Québec plus attrayants?                                

LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS. MAXIMUM DE 150 MOTS.

Daniel Gill

Urbaniste

LA FESTIVALITE AIGUË

Le problème du tourisme au Québec, c'est qu'il repose sur des activités festivalières de faibles qualités culturelles. Pendant que d'autres épousent le modèle Bilbao, ici on se vautre dans une espèce de McDonalisation de la culture, consommable et jetable après usage.  Pendant qu'en Europe on investit dans de grands équipements et de grandes manifestations culturelles, ici on souffre de festivalite aiguë, tellement qu'on nous propose le Festival des festivals

Comment le Québec et Montréal, peuvent-ils prétendre devenir une destination touristique internationale alors que nos manifestations culturelles festivalières sont d'envergure régionale et ne dure que l'espace d'un instant? Vilnius en Lituanie, en s'associant avec le musée de l'Ermitage et la fondation Guggenheim aura un des plus splendides musées d'Europe qui fera d'elle une destination touristique incontournable.  Pour fêter le 150e anniversaire du pays pourquoi ne pas avoir demandé aux deux pays fondateurs de collaborer à la création d'un des plus beaux musées d'Amérique. Imaginez un musée Tate-Louvre à Montréal. Pour nos régions, nos musées nationaux regorgent d'oeuvres exceptionnelles, pourquoi ne pas les y exposer? À quand une rétrospective Riopelle à Shawinigan, un été impressionniste en Gaspésie ou en Estrie? Ça nous changerait, à Montréal comme ailleurs, du festival de je ne sais plus quoi.

Daniel Gill

Richard Vigneault

Consultant en communication et membre de l'Idée fédérale

LE FLEUVE ST-LAURENT : NOTRE MEILLEUR ATOUT

Rozon a le mérite d'offrir une réflexion en profondeur sur l'offre touristique du Québec. Une décennie ne suffira toutefois pas à faire de l'ensemble du Québec une destination internationale de premier choix. Qui trop embrasse, mal étreint ! Nous avons de la concurrence ! Pendant longtemps on a entendu des élus rêver que Montréal  se mesure à des villes comme Paris, Londres ou New York. Ça n'arrivera jamais ! La comparaison ne tient pas la route. Ce sont des capitales d'envergure internationale avec histoire, culture, monuments et traditions uniques sur la planète, des centres économiques à partir desquelles on peut facilement rayonner pour découvrir la France, l'Angleterre, les États-Unis. Montréal devrait faire un effort pour se prendre pour... Montréal, en développant enfin une architecture audacieuse, en entretenant mieux son patrimoine et ses parcs, en créant des événements/expositions plus ambitieux et de nature plus universelle. Montréal devrait peut-être prendre exemple sur le joyau qu'est devenue la ville de Québec ?  Le Québec est bien pourvu en nature, mais vu les distances et le peu de moyens de transport accessibles, il faut avoir les moyens d'y faire du tourisme. Toutefois, le fleuve St-Laurent  dispose d'un point de vue et d'un potentiel inexploré. C'est un point fort du rapport Rozon. Il faudrait rehausser la qualité des moyens pour y naviguer, les hisser au niveau de ce qu'il y a de meilleur dans le monde comme standards de confort et de service afin de mieux offrir ce fleuve au monde et aussi, bien sûr, aux Québécois. Il faudrait des bateaux musées, des bateaux spectacles, des bateaux gastronomiques, des bateaux offrant tout le confort attendu par la clientèle qu'on cherche à arracher à d'autres destinations. Sur le St-Laurent, de Montréal jusqu'au golfe en passant par Québec et le Fjord du Saguenay, en mettant le cap sur l'observation des baleines ou des bélugas et puis sur Mingan et la basse Côte-Nord, les Îles de la Madeleine, n'est-ce pas la meilleure façon de découvrir ce que le Québec a de mieux à offrir ?  C'est probablement l'attraction la plus spectaculaire  pour attirer des touristes de partout à Montréal, à Québec et les amener par la suite à poursuivre leur périple sur la terre ferme, plus profondément dans les régions. À ce qui est unique ailleurs dans d'autres destinations internationales, il faut proposer quelque chose qui est unique au Québec et au monde : le fleuve St-Laurent. Il faut pour ce faire établir des priorités, ce qui ne satisfera probablement pas tout le monde comme le rapport Rozon ambitionne malheureusement de le faire.

Guy Ferland

Enseignant de philosophie au Collège Lionel-Groulx

LE PLAISIR FRANÇAIS EN AMÉRIQUE

Le charme du Québec réside principalement dans le caractère français de sa population vivant dans un lieu nord-américain. Pour attirer les touristes, il faudrait promouvoir les charmes de la culture francophone dans un milieu moderne et dynamique rempli de festivals et de festivités de toutes sortes. Finie l'exclusivité de ma cabane au Québec et des grands espaces vierges pour vanter les mérites de la province. Rentabilisons l'aspect moderne des villes et l'ouverture à l'autre des Québécois. L'accueil chaleureux, la simplicité et la générosité des gens d'ici devraient être célébrés dans des campagnes publicitaires attrayantes. Soulignons le nouvel art de vivre épicuriens des Québécois en faisant la promotion des produits locaux originaux et hauts de gamme comme les fromages fins, les cidres de glace, les bières artisanales, les produits de l'érable, etc. Surtout, soyons fiers de nos réalisations culturelles et misons sur les troupes de théâtre, les compagnies de danse, les artisans du cirque, les musiciens, les amuseurs publics, les chefs cuisiniers, etc., qui ont une signature québécoise. La différence québécoise de culture, de langue et de manière d'être doit apparaître dans tous les messages touristiques. Le Québec, c'est un dépaysement garanti dans une atmosphère hospitalière.

Françoise Bertrand

Présidente de la Fédération des Chambres de commerce du Québec

OBTENONS NOTRE JUSTE PART DU GÂTEAU

L'industrie touristique devait entendre ce que le comité sur sa performance avait à lui exprimer. Il est vrai que le produit québécois offre un mauvais rendement sur le marché international.

Ceci étant, la hausse du dollar canadien ne peut pas être la seule explication à ce constat. Il faut admettre que les produits touristiques que nous offrons sont dépassés.

Le comité, dirigé par Gilbert Rozon, a mis sur la table des solutions intéressantes. Proposer de se concentrer sur certains produits et investir dans ceux-ci pour qu'ils deviennent de calibre mondial est courageux, car nous avons tendance à saupoudrer l'argent çà et là.

Créer un guichet unique géré par Investissement Québec pour les entrepreneurs touristiques, au lieu de maintenir de nombreux programmes souvent méconnus, est un modèle que je souhaite certainement voir recréer dans d'autres industries.

Enfin, le rapport propose de se concentrer aussi sur les portes d'entrée du Québec. À ce chapitre, suggérer d'améliorer le lien entre la métropole et son aéroport représente une solution concrète à laquelle nul ne peut s'opposer étant donné l'état des choses.

Imacom, Frédéric Côté

Françoise Bertrand

Mélanie Dugré

Avocate

UNE CURE DE JEUNESSE

Trois mots-clés : Infrastructures, régions et publics cibles.

Premièrement, la route qui mène de l'aéroport au centre-ville avec ses interminables bouchons de circulation et sa multitude de chantiers de construction est suffisante pour donner  la nausée aux touristes étrangers et leur faire tourner les talons. Le trajet d'autobus 747 est un début, mais il demeure inacceptable qu'une grande métropole comme Montréal soit incapable de se doter d'un système de trains efficace facilitant les transports.

Deuxièmement, beaucoup d'oeufs sont mis dans le panier montréalais alors que les différentes régions ramassent des miettes publicitaires. Si certains efforts promotionnels sont investis pour vendre le Québec des régions aux Québécois, je pense que l'on gagnerait à mettre davantage à l'avant-plan auprès des voyageurs étrangers des régions dont le potentiel touristique est sous-estimé.

Troisièmement, plutôt que de ratisser trop large en fonctionnant en mode « admission générale », l'industrie touristique devrait cibler des publics précis et des thématiques de voyage comme le cyclotourisme,  le tourisme d'aventure, le tourisme vert, etc., ce qui limiterait les risques d'éparpillement.

Avec des projets comme celui du Massif et la panoplie de festivals qui se déroulent à longueur d'année dans la province, je ne crois pas que le tourisme stagne au Québec. Mais cette industrie profiterait certainement d'une petite cure de jeunesse à certains égards.

Mélanie Dugré

Caroline Moreno

Écrivain

LE QUÉBEC DE MES VACANCES

Ses quatre saisons, ses eaux douces ou salées, liquides ou figées, ses forêts, ses montagnes, ses parcs, ses baleines, ses oies blanches,  ses festivals, sa nuit blanche, ses nuits d'Afrique, son Biodôme, son Insectarium, son Jardin botanique, ses musées, ses marchés publics, ses petits fruits des champs, son sirop d'érable, son architecture, ses églises,  son Carnaval : le Québec est la destination par excellence pour s'amuser, se détendre,  pratiquer différents sports, bien manger et nourrir son esprit!

Des campagnes de publicité auprès des touristes et de propreté à l'endroit des résidents s'avèrent essentielles. Le Québec doit, de plus, mettre l'accent sur sa langue qui est française. Il lui faut également un chapiteau permanent pour son Cirque du Soleil, davantage de pistes cyclables, un TGV traversant son territoire, des tramways, bref, le Québec doit être de son temps!

Francine Laplante

Femme d'affaires

Que faut-il faire, selon vous, pour rendre les voyages au Québec plus attrayants?

Je vais répondre à cette question en posant à mon tour deux questions : Comment expliquer que la plus grande chanteuse du monde, une Québécoise, notre Céline Dion, doive s'exiler à Las Vegas pour produire son méga spectacle? Comment expliquer que le Cirque du Soleil se produise à travers le monde, mais qu'aucun de ses mégas spectacles n'est présenté ici dans la province qui l'a vu naître?

Le jour où l'on sera plus audacieux, où nous miserons intelligemment sur les diamants que nous avons dans notre propre cour, où nous aurons suffisamment de fierté pour garder chez nous cette richesse culturelle dont les autres profitent, nous serons en position pour attirer les touristes étrangers, et garder chez nous les touristes québécois.

Raymond Côté

Porte-parole du Nouveau Parti démocratique, Petites entreprises and Tourisme

UNE FILIÈRE PORTEUSE D'AVENIR



L'industrie touristique québécoise représente une filière porteuse d'avenir, autant pour nos grandes villes que pour nos régions. Il s'agit d'un modèle potentiel de développement durable pour nous et les générations futures.

En région, le tourisme permet de diversifier l'économie locale et d'offrir aux gens du coin une vie et des services culturels auxquels ils n'auraient pas accès autrement.

Le récent rapport du comité de performance de l'industrie touristique fait notamment état d'une offre vieillissante et d'un manque de nouveaux projets. Un travail de concertation s'impose, tant de la part des différents paliers de gouvernement que des entreprises et des acteurs du milieu.

Nous devons miser sur les attraits naturels du Québec - pensons à l'éco-tourisme, un milieu en plein essor - ou à notre patrimoine culturel. Nous pourrons ainsi faire rayonner chez nous, comme à l'international, nos villes, nos régions et nos communautés autochtones.

Au fédéral, le gouvernement doit notamment mieux soutenir les PME, qui sont souvent au coeur de l'industrie, et des projets d'envergure comme les festivals internationaux.

De plus, il nous faut agir contre la surévaluation du dollar canadien, qui représente un frein pour le secteur et qui est le résultat direct de notre dépendance économique sur des ressources non-renouvelables, telles les sables bitumineux.

Photo: Archives La Soleil

Raymond Côté