Le projet d’augmenter le salaire des députés est difficile à digérer, à en juger par le flot de réponses reçues à la suite de notre appel à tous. Voici un échantillon des points de vue de nos lecteurs.

Aider la démocratie

Il était grand temps d’augmenter le salaire des députés. Personnellement, je crois que ceci aidera la démocratie et l’attraction de bons candidats.

Richard Côté

À l’Assemblée nationale comme en société

La rémunération des députés doit être évaluée dans son ensemble. Le salaire est une chose, les « à-côtés » en sont une autre, et le régime de pension est la cerise sur le sundae !

Dans la société en général, la rémunération d’un employé tient compte de tous ces facteurs. Il ne saurait en être autrement des députés.

Le processus pour établir la rémunération des députés est vicié. Pour éviter une augmentation de 30 % d’un coup, on aurait dû établir une augmentation graduelle, comme c’est le cas pour tout le monde. Et surtout, établir un mécanisme neutre qui éviterait que les députés décident eux-mêmes de leur rémunération, ce qui n’a aucun sens.

Céline Jalbert

Manque d’empathie

Indécente, cette augmentation, très mal avisée dans une période de négociations avec le secteur public. Les députés doivent montrer l’exemple. Une augmentation en fonction du coût de la vie, oui. Une augmentation de type rétroactif, non. Un fonds de pension à 100 %, quel manque d’empathie avec les électeurs qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts.

Luc Gagné

Les électeurs employeurs sans voix

Qui ne voudrait pas d’une augmentation de 30 % ? Posez la question, c’est y répondre ! Ici, l’indécence provient du fait que ce sont les députés eux-mêmes qui vont se donner cette augmentation… n’importe quel employeur de la planète n’accepterait pas cette manière de faire, mais ici, nous, les employeurs des députés, n’avons pas un mot à dire.

Roselyne Legault 

Principes élastiques

Comme dit la boutade, ce qui est bon pour pitou est bon pour minou ! Je ne suis absolument pas contre les augmentations de salaire des députés, toutefois ces augmentations doivent prendre en compte les principes de rémunération globale. Ce principe est en force au Québec depuis belle lurette ! J’ai déjà été négociateur syndical en 1977 pour un syndicat à Hydro-Québec. Ce principe était en application ! La CAQ a des principes élastiques !

Jean-Guy Dalpé

Déconnexion

Ils sont déconnectés de la réalité pour faire une chose semblable. Il n’y a pas d’autres catégories de travailleurs qui peuvent se targuer d’avoir des hausses de salaire de 30 % – en période d’incertitude financière en plus. Ils ne vivent sûrement pas sur la même planète que moi.  

Denis Lemire

Cessons la petite politique

L’augmentation est tout à fait justifié, Cessons la petite politique, et oui, pour des députés bien rémunérés pour les tâches qu’ils accomplissent. Et ceux qui trouvent que c’est trop chez les députés, ils n’ont qu’à faire des dons et qu’ils soient connus. Ils cesseront de faire de la petite politique et se présenteront dorénavant dans les comités afin d’en établir les lignes de conduite !

Claude Grefford

Et le partage, dans tout ça ?

Je trouve que c’est immoral de se voter 30 % d’augmentation au lieu de partager ce pourcentage avec les profs, les préposés, les infirmières et les intervenants qui sauvent des vies. Un petit 5 % à chacun ? Je suis profondément déçue de M. Legault. Arrogance prononcée. J’ai pris ma carte du Parti québécois.

Claudine Gagné

Revoir le régime de retraite

Cette augmentation est trop généreuse dans le contexte actuel. Je ne sais pas quel devrait être le pourcentage, mais pour avoir travaillé 35 ans dans l’administration publique, je trouve qu’il est indécent de donner 30 % alors que beaucoup se démènent pour avoir 12 %. De plus, le régime de retraite est à revoir et le pourcentage de leur contribution au régime n’est pas suffisant. Je comprends que ce travail est exigeant, mais celui des professeurs, des préposées et des infirmières l’est aussi.

Thérèse Leclerc

La couleuvre ne passe pas

Je crois que les députés ont droit à une augmentation de salaire, mais qu’ils soient équitables et le fassent de la même façon qu’ils le font pour le reste de nos salariés ! Avec négociations – soit un pourcentage par année pendant quatre ou cinq ans jusqu’au rattrapage, ou comme le propose Québec solidaire soutenu par le Parti québécois, en 2026. La rapidité avec laquelle ils veulent nous faire avaler la couleuvre est inquiétante et malsaine !

Michèle De Buck, Saint-Eustache

Mépris et condescendance

Je suis un enseignant à la retraite qui continue de travailler à temps partiel, à raison de deux jours par semaine. En 27 ans de carrière, j’ai connu trois lois spéciales, un gel d’échelons qui m’a fait perdre quelques milliers de dollars, des hausses salariales ridicules (0,50 %, 0,75 % et j’en passe) et quelques milliers d’heures supplémentaires non rémunérées. Alors vous comprendrez que je ne sois pas particulièrement enclin à porter un jugement positif sur nos élus ! Toutes les formations politiques nous ont traités avec mépris et condescendance. Ceci dit, ce n’est pas tant l’augmentation en soi qui m’horripile, mais plutôt la façon de faire. En pleine négociation avec la fonction publique ! C’est une gifle en plein visage et ça démontre avec éloquence tout le mépris, le non-respect et la très grande condescendance de nos élus envers les employés de la fonction publique.

Guy F. Blouin, enseignant (qualifié !)

Malhabile

C’est tellement malhabile de la part des caquistes d’aller de l’avant avec ce projet de loi dans le contexte actuel et de vouloir le faire passer rapidement, peut-être « sous bâillon », c’est un peu scandalisant ! Lorsqu’on fait la comparaison avec tout ce qui se fait dans notre société actuellement, c’est vraiment inéquitable de s’offrir 30 % d’augmentation d’un seul coup. De plus, cela contribue à ternir l’image des politiciens ! Il est certain que le salaire doit être ajusté à la hausse, mais pas autant d’un seul coup ! Et, surtout ce qui devrait être modifié, c’est leur fonds de pension, là aussi non représentatif de ce qui est offert partout ailleurs. Pourquoi ne pas avoir respecté les recommandations du rapport L’Heureux-Dubé ?

Louise Grégoire

Pour éviter les manœuvres dolosives

Si on veut attirer des candidats de qualité, il faut offrir une rémunération à la hauteur des responsabilités. Une faible rémunération peut engendrer des manœuvres dolosives de la part des élus pour augmenter leurs revenus. La politique ne doit pas être l’apanage des riches qui sont moins attirés par ces manœuvres et se disent non corruptibles. 

Michel Bélair

Oui, absolument !

Qui voudra de ce travail ingrat si la rémunération n’est pas adéquate ? Vie privée, vie familiale, toute passe dans le collimateur, l’essoreuse et l’abatteuse. Bien chanceux ceux qui s’en tirent indemnes. Le pouvoir grise, mais le pouvoir draine aussi. Au pouvoir, je veux des gens qui n’y laissent pas leur chemise. En tant que citoyenne, je veux que mes élus soient respectés et payés adéquatement. Plus que la moyenne québécoise ? Oui, définitivement oui. L’Assemblée nationale coûte plus cher à entretenir que ma maison, mais j’en suis fière. Je veux payer pour un beau parlement, autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Non, je ne considère pas un élu comme n’importe quel citoyen : celui-là fait d’importants compromis pour nous servir, mes proches et moi-même, il me dédie une partie de sa vie, et je l’en remercie. Donc, augmenter le salaire des élus : oui, absolument ! 

Nadia Gilbert