L’émergence de robots conversationnels comme ChatGPT suscite beaucoup d’enthousiasme, mais aussi une certaine crainte chez nos lecteurs. Voici un aperçu des courriels reçus à notre appel à tous de cette semaine.

Une génération formée d’incultes fonctionnels

En tant qu’ancien professeur de cégep et d’université, ma crainte principale est que cet outil qu’est l’intelligence artificielle (IA) produise une génération d’incultes fonctionnels. Cette génération à venir dans quoi, 10 ou 15 ans, pourrait être tentée de se dire : pourquoi apprendre toutes ces choses (plus ou moins) utiles ? L’IA devient ainsi sa bouée de sauvetage intellectuelle. Le savoir personnel devenant une option que l’IA permettra à ces gens d’ignorer tout en étant fonctionnels. Inquiétant.

Paul Mottet, Saint-Sauveur

Développons notre sens critique

ChatGPT ne me semble pas être plus dangereux qu’un moteur de recherche comme Google. La seule différence est que ChatGPT énonce sous forme conversationnelle les informations trouvées, ce qui rend ces éléments d’information (ou de désinformation) plus crédibles et à la portée de tous. Un moteur de recherche, de même que ChatGPT, est capable d’aller chercher un tas d’information, mais est (encore) incapable de différencier le vrai du faux : l’être humain en est souvent incapable aussi. Bloquer la recherche sur ce sujet n’est pas la solution. Il faut plutôt, autant que possible, développer le sens critique de chacun, et cela, dès l’école primaire.

François Bousquet, Mont-Saint-Hilaire

Retour aux examens papier

En tant que prof de cégep, cette technologie m’amène à envisager le retour à l’examen en classe avec papier et stylo, de même qu’au panier pour accueillir les téléphones et bracelets intelligents et autres bidules électroniques des étudiants pour contrôler les risques de plagiat. Aussi, en tant que parent et enseignante, cette technologie nous place devant l’urgence d’instaurer des programmes d’éducation pour développer la littératie numérique des enfants dès le primaire. Ça presse.

Micheline Létourneau, Lorraine

La méfiance sera reine

Cette technologie me fascine et m’inquiète à la fois. Je fais confiance aux médias, mais comment pourrais-je me fier désormais à tout ce que je lirai ou verrai sur l’internet ou ailleurs ? La méfiance sera reine. Tout risque de devenir un fake. Régularisons le phénomène avant son utilisation. Pour l’humanité en toute confiance.

Gaëtan Daviau, Trois-Rivières

Les désavantages supplantent les bénéfices

Rien de bon ne sortira finalement de ces outils d’intelligence artificielle (IA). Les désavantages supplanteront les bénéfices, car on peut compter sur l’homme pour exploiter le côté sombre de l’IA (désinformation, fraudes, complots…). Déjà, nous assistons aux dérives des réseaux sociaux avec toutes les difficultés que cela engendre. Dorénavant, plus rien ne sera certain. On dépensera une énergie folle en perte de temps et en vérifications, car il faudra se méfier de tout en se demandant chaque fois si c’est vrai ou faux.

Mario Arès, Montréal

Anxiété technologique

J’ai très peur de cette nouvelle technologie, peur pour l’avenir des pays et des populations. Déjà des univers parallèles sont en place dans presque tous les pays qui divisent les peuples et provoquent violences et instabilités. À ces univers parallèles viennent s’ajouter, sans contrôle possible, des évènements ou informations fausses et invérifiables pour le commun des mortels. Ça m’inquiète beaucoup plus que les changements climatiques, même si cela aussi est une grande source de préoccupations.

Jacynthe Dancause, Québec

Un changement de paradigme

Comme on le constate avec les difficultés de concertation et d’action des pays pour légiférer afin de contrer les nombreux excès des géants du web, on réalise que les développements fulgurants de l’intelligence artificielle dépassent encore une fois la capacité des États à baliser politiquement et éthiquement ce changement de paradigme technologique et social incontournable, qui engendrera des bouleversements majeurs dans le monde du travail et dans les modes de vie. L’espace déjà ténu entre le réel et le virtuel, entre la vérité et le mensonge risque de se rétrécir encore davantage pour dériver vers un univers social de plus en plus psychotique. En espérant que les humains qui manipulent les algorithmes des nouvelles machines pensantes ne renoncent pas à leur intelligence émotionnelle en se comportant comme des robots sans conscience et sans âme.

Alain Dupuis

Un risque à l’échelle de l’humanité

L’intelligence artificielle va apporter un second souffle à la médecine, la science, mais toutes les sphères qui touchent les relations, les arts seront fragilisés. Est-ce que le risque en vaut la chandelle ? L’IA nous a déjà mis en garde. L’humanité risque-t-elle gros avec cette nouvelle forme d’intelligence ? Oui, car certains vont probablement l’utiliser pour leur bénéfice et il sera donc difficile pour le commun des mortels de faire la différence face à certaines informations qui nous seront transmises. Personnellement, elle ne va rien changer pour moi dans un avenir rapproché.

Céline de Chevigny

Il faut légiférer

En intégrant l’intelligence artificielle avec des robots physiques et en ajoutant d’autres fonctions comme la reconnaissance faciale (identification des personnes et de leurs émotions), on obtient une entité capable de se déplacer et de prendre des décisions. Est-ce que l’humain pourra compétitionner avec ces robots ? Il est crucial d’intégrer de l’éthique et de s’assurer que la législation à travers le monde réglemente l’utilisation de l’intelligence artificielle. On ne peut pas compter sur les entreprises pour bien encadrer ces aspects.

Pierre Prud’homme