La chronique de Michel C. Auger sur les pensions, publiée le 12 février dans le cahier Contexte, a suscité de nombreux commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Ne pas tarder

Après plusieurs articles sur le report du versement de la rente du Québec, je constate qu’on parle toujours de la perte nette à long terme (parce qu’on encaisse à partir de 60 ans) mais qu’on ne parle jamais de la perte totale pour les années où on n’a rien touché. Un calcul simple montre que ça prend de 10 à 14 ans pour récupérer l’argent laissé sur la table de 60 à 62 ans. Et je ne parle même pas de 65 ou même de 70 ans ! Pour quelqu’un qui a eu des problèmes de santé avant 60 ans (cancer, AVC, etc.), je crois que le choix est simple : vaut mieux aller chercher l’argent pendant qu’on peut en profiter au lieu d’attendre...

Claude St-Pierre, Saint-Jean-Port-Joli

Des emplois éreintants

J’ai travaillé toute ma carrière en ressources humaines dans le milieu manufacturier. Ce que dit le milieu syndical est très vrai. La grande majorité des employés d’usine ne sont tout simplement plus capables de travailler après 60 ans et il faut connaître ce milieu pour le comprendre. Le travail peut être lourd ou pas, il implique d’être debout toute la journée dans un milieu souvent bruyant et, de plus, souvent très chaud en été. Les gens ont de la difficulté dès la fin de la cinquantaine. Par exemple, mon père a travaillé 42 ans en usine. Il était toujours debout dans le bruit et la chaleur. En plus, il faisait la rotation sur les trois quarts de travail (jour, soir et nuit) aux deux semaines. La dernière année a vraiment été très pénible pour lui et il a été malade quelques mois. Il a pris sa retraite à la seconde même où il a atteint 60 ans.

Madeleine Senécal

Pari risqué

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ! Vous connaissez ? J’ai entendu ça toute mon enfance. Il faut croire que ça a fait son chemin dans mon esprit. L’espérance de vie a beau être de 83 ans, on ne connaît pas la date de notre mort. Retarder les prestations du RRQ à 65 ou à 70 ans a du sens si on vit vieux, mais a beaucoup moins de sens si on meurt à 64 ans comme mon père. En fait, si on fait une simulation (inflation à 2 %), on voit que retarder les prestations du RRQ à 70 ans (par rapport à 60 ans) n’est la meilleure option qu’à partir du moment où on vit au moins jusqu’à 84 ans, alors qu’il faut vivre au moins jusqu’à 71 ans pour que retarder les prestations à 65 ans soit l’option générant le plus de revenus. Qui veut parier là-dessus ?

Suzanne Laplante, retraitée et anciennement économiste de la santé

Pas d’urgence

Je crois que le secret est dans l’information. Beaucoup de gens ignorent tous les renseignements que vous nous avez donnés. Il n’y a pas si longtemps, les conseillers financiers recommandaient à leurs clients de retirer leur rente dès que possible : « On ne sait jamais et si vous partez, c’est le gouvernement qui va tout empocher, les cinq ans de plus vont compenser pour le montant réduit, etc. » Cela a fait en sorte que des gens qui ont travaillé jusqu’à 65 ans ont payé de fortes sommes en impôts sur cette manne tombée du ciel, dont ils n’avaient pas vraiment besoin. J’ai personnellement commencé à retirer mes rentes à 69 ans et je ne regrette pas du tout. Il n’y a pas urgence au Québec car, contrairement à la France, notre fonds est en santé. Mais si le gouvernement tient à le faire, il vaut mieux le faire à l’an 1, plutôt que d’attendre. Il serait également important de ménager un tissu social pour les gens qui ont un travail harassant ou ceux qui ont dû quitter leur travail prématurément.

Francine Fournier, Deux-Montagnes

L’importance du REER

Je ne toucherais pas à la RRQ, mais j’augmenterais la possibilité de 70 à 72 ans. Lorsque les gens verraient la différence entre 60 et 72 ans, certains pourraient décider par eux-mêmes de travailler plus longtemps. Cependant, j’encouragerais beaucoup les REER. Il n’y a pas assez d’encouragement à économiser pour plus tard : il ne faut pas se fier uniquement sur l’État.

Denis Marquis

Le manque de vision par rapport à l’éducation

Si les gens aimaient leur travail, le débat sur le report de l’âge minimal pour retirer sa RRQ n’aurait jamais eu lieu. Encore une fois, on s’attaque aux conséquences plutôt qu’à la source du mal : le manque de vision par rapport à l’éducation. J’ai 65 ans, j’adore mon travail et je ne pense même pas à la retraite. Je fais des conférences dans les écoles secondaires et je demande toujours aux élèves s’ils aimeraient être payés pour avoir du fun, ce qui est mon cas. J’ai toujours dit à mes deux filles que les études leur permettront de choisir un emploi passionnant et rémunérateur plutôt que de se faire choisir par un emploi si elles ne font pas d’études. Je comprends par contre très bien qu’un métier physique devrait permettre à un travailleur de se retirer plus tôt. Ce qui se passe en France actuellement est totalement hérétique.

Léon Bérard, ingénieur, Granby

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