Le premier texte de Joël Boucher sur l’éducation à la finlandaise a suscité un débat tranché parmi les lecteurs de La Presse. Plusieurs voudraient qu’on évacue le bulletin chiffré des classes, tandis que d’autres sont contre cette idée. Voici un aperçu des commentaires reçus.

Relisez le texte « Le bulletin chiffré, l’éléphant dans la classe »

L’estime de soi

Tellement d’accord ! Je travaille depuis plusieurs années dans le milieu scolaire et il faut remettre en question certaines pratiques nuisibles au bon développement des élèves. L’évaluation, telle qu’elle est comprise, ne permet pas aux élèves de se construire et de développer une belle image de soi. L’estime de soi, c’est une des clés importantes de l’apprentissage. Le stress des notes est terriblement néfaste ! Bravo pour ce texte qui fait réfléchir !

Andrée Rouleau, enseignante, conseillère pédagogique, directrice adjointe et, pour finir une belle carrière, orthopédagogue ! 

Moins lourd, plus humain

Ah ! Mon Dieu ! Quel soulagement ce serait ! Beaucoup moins lourd et humain pour tous ! La dynamique serait complètement différente ! L’apprentissage et le rythme de chacun pourraient être plus favorables et respectés ! Les élèves au primaire sont tellement anxieux ! Ça en est triste…

Micheline Giguère, enseignante du primaire à la retraite

Échec ou passage

Il n’est pas nécessaire d’aller aussi loin que la Finlande pour trouver des élèves du primaire qui reçoivent des bulletins sans cotation. Déjà, au Canada, dans la belle province de l’Île-du-Prince-Édouard, il y est inscrit seulement une cote d’échec ou de passage. Ce qui donne la possibilité aux élèves de se surpasser sans subir une comparaison avec les résultats académiques des autres enfants. 

Valérie Lacombe

Appui des parents

Je suis tout à fait d’accord avec M. Joël Boucher, mais, sans vouloir le contredire, il y a eu des essais de bulletins non chiffrés depuis au moins 40 ans au Québec et il y en a encore présentement, mais le conservatisme est très fort et, sans l’appui obligatoire des parents, l’expérience en reste à ce stade bien souvent. J’ai fait l’expérience d’un bulletin descriptif il y a quatre décennies qui a démontré que les élèves en difficulté y trouvaient leur compte, car chacun retrouvait du positif dans ce bulletin. Mais le manque de coopération et de compréhension chez les parents a fait en sorte que les notes sont revenues.

Édith Asselin

Contrats de performance

L’actuel premier ministre du Québec affirme que l’éducation est « très importante ». Alors qu’il était ministre de l’Éducation, il a mis en place des contrats de performance. L’objectif est maintenant d’abaisser les taux d’échec dès la 2e année du primaire. Le bulletin chiffré est au service de cette vision. Quand on applique les mêmes mesures pour l’école que pour une entreprise manufacturière, on est loin de l’école pour tous et encore plus loin d’en faire un milieu de vie favorable à l’apprentissage. 

Clément Roy, enseignant et directeur à la retraite 

Il faut une mesure

Il est temps de se questionner sur notre système. Que veut-on de l’école ? Un milieu où l’enfant est heureux, se divertit, s’amuse et n’est pas confronté à la demande d’efforts ou aux besoins de développer des stratégies pour s’adapter ? J’ai rêvé longtemps que l’apprentissage se fasse sans que « ça paraisse ». J’ai même passé beaucoup de temps à chercher comment faire cela. Mais ce n’était qu’un idéal. Sans prise de conscience d’une difficulté, sans choix personnel de s’investir pour surmonter cette difficulté, on ne peut pas apprendre. Mais pour faire cela, il faut une mesure. Le bulletin chiffré n’est pas la solution, mais le bulletin lettré non plus. C’est sur la base qu’il faut s’entendre, et sur une « mission » moins utopique.

Chantal Rheault, orthopédagogue à la retraite 

Transférer le problème

Il y a un équilibre certes à trouver au niveau du bulletin chiffré, mais l’éliminer, c’est cacher nos manquements. Nous avons besoin des notes pour savoir ce que l’élève a appris, ce qu’il a intégré, versus où il éprouve des difficultés. Sinon, le système fait passer l’élève et transfère le problème à un autre niveau scolaire.  

Lise Anne Normand

Le vrai éléphant

Vous êtes complètement dans le champ. Le vrai éléphant dans le système scolaire, c’est de persister à vouloir intégrer tous les niveaux et aptitudes dans une même classe par peur et par manque de courage de dire à votre garçon ou votre fille qu’il n’a pas les habiletés physiques ou mentales pour être dans cette classe. En faisant ça, on brime une société entière, car on n’encourage pas les plus forts à s’épanouir davantage.

Christian Livernoche