L’éditorial de Stéphanie Grammond intitulé « L’espèce menacée, c’est aussi nous⁠1 » a suscité bien des commentaires. En voici un échantillon…

Nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis

Pertinent, percutant. On en redemande. Ça fait 13 ans que j’enseigne ça dans deux de mes cours. Content que l’éditorial de La Presse en traite. On n’en parlera jamais assez.

L’anthropocène a commencé avec la machine à vapeur, mais notre action meurtrière sur les autres espèces environ au moment où nos ancêtres ont quitté la corne de l’Afrique. Donc, le début la sixième extinction s’est certes accéléré depuis Watt et compagnie, mais il date de plusieurs dizaines de milliers d’années. Et ça s’accélère chaque année puisqu’une large part du PIB dépend de l’exploitation des ressources naturelles.

Le développement dit durable consiste à s’entendre sur la vitesse à laquelle on scie la branche sur laquelle on est assis. Personne ne parle d’arrêter de scier. Enfin, nous sommes très peu.

Daniel R. Rousse, PhD, ing.

Espèce meurtière

N’est-ce pas désolant de lire cela. Bien sûr que l’espèce menacée, c’est aussi l’homo sapiens. Qui est au bout de la chaîne alimentaire ? Nous. Nous mangeons le poisson contaminé au plastique. Toute cette pollution nous revient en pleine face. Si on ne le réalise pas à temps, notre espèce pourrait bel et bien disparaître d’ici 2100. « Nous avons le privilège douteux d’être l’espèce la plus meurtrière des annales de la biologie. Nous sommes tous les coupables ! Mieux vaut le reconnaître… », extrait de l’excellent ouvrage Sapiens : la naissance de l’humanité, de Yuval Noah Harari.

Nathalie Potvin, Montréal

Sauvons les humains

Merci beaucoup Stéphanie pour cet article ! Plutôt que de dire « sauvons la planète », on devrait dire « sauvons les humains » parce que c’est vraiment de cela qu’il s’agit. Après tout le pillage que nous faisons déjà pour toujours soi-disant augmenter notre économie, une bonne partie des humains disparaîtra et la planète Terre survivra probablement mieux sans nous… Alors que décidons-nous Maintenant ?

Réjean Malette

Prêcher par l’exemple

J’aimerais qu’on explique pourquoi 20 000 personnes vont venir à Montréal pour nous expliquer les changements climatiques [et les moyens de mettre un terme à la perte de biodiversité]. En tant que scientifiques pourquoi ne trouvent-ils pas une autre façon de rendre ces COP plus écologiques sans contribuer à l’effet de serre par les déplacements. Je trouve ça un peu bizarre que nos grands scientifiques mondiaux encouragent encore cette façon de faire, ce sont de faux curés qui ne prêchent pas par l’exemple.

Denis Cayer

Comme la grenouille

Je suis désolé. Je pense qu’il est trop tard. Nos élus sont littéralement dépassés et incapables d’agir… au nom de la population. Ne plus prendre mon auto, jamais. Ne pas aller en Floride ou à Cuba cet hiver, jamais. Limiter ma consommation, jamais. Croissance, croissance, économie, économie… Le problème, il est là. Il faut arrêter la croissance mais notre système actuel, nos politiques, nos habitudes, nos façons de faire et de voir visent le contraire. Il est trop tard. L’humain est comme la grenouille dans son bocal dont on chauffe l’eau, mais en pire, car c’est lui-même qui s’acharne à chauffer son bocal !

René Masson, Québec

Croire en l’humanité ?

En 2006, Yves Paccalet a publié « L’humanité disparaîtra, bon débarras ». Aujourd’hui, une version revue et aggravée est toujours aussi pertinente : « J’ai cru en l’humanité, écrit Yves Paccalet : je n’y crois plus... » Sept ans après la première publication de ce pamphlet qui fut un best-seller, l’auteur ajoute quelques pelletées de terre sur notre cercueil annoncé.

« Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »

Kenneth Boulding

Derniers de classe

À la COP15, François Legault devra faire preuve de beaucoup d’imagination pour convaincre de sa bonne volonté. Jusqu’à maintenant, il n’a pas montré beaucoup d’intérêt pour la préservation des espèces et territoires menacés. Le Québec, sous le régime caquiste, est dans les derniers de classe en matière de préservation de la biodiversité, quoi qu’en disent les différents ministres concernés et le premier ministre lui-même. Un « super » ministère en matière d’environnement aurait sa place actuellement autant, sinon plus qu’un « super » ministère en économie et énergie.

Nicole Lavoie

Les écosystèmes avant les lobbies

Mon humble opinion est que les gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités à l’égard des écosystèmes, de la biodiversité et du bien-être collectif des humains qui occupent le territoire, sans parler de leur inaction climatique et environnementale face aux ententes internationales qu’ils ont signées. Par ailleurs, ils sont très réactifs devant les lobbies économiques de tout acabit. On a pensé pendant longtemps qu’ils veillaient à la protection de notre qualité de vie et de notre santé, mais c’est faux.

Les espaces naturels sont essentiels pour notre bien-être. Les gens ne voient pas les liens entre les pertes de sols agricoles, les polluants dans les écosystèmes, les habitats qui disparaissent sous la rétrocaveuse avec la dégradation des équilibres biogéochimiques planétaires (carbone/azote/oxygène) qui en découlent, car ils continuent de trouver de la nourriture à l’épicerie et peuvent toujours accéder à leurs biens de consommation.

Les équilibres entre les éléments qui doivent se recycler à travers les écosystèmes naturels (riches en quantités et qualité) et qui ont pris des millions d’années à s’établir montrent des tendances graves en atteignant des seuils. Des phénomènes climatiques et biologiques pourraient se produire et pourraient réagir en cascade en s’alimentant les uns les autres. C’est le cumul des perturbations qui va nous amener vers des situations extrêmement problématiques pour la continuité des activités agricoles et d’approvisionnement en eau notamment.

Les écologistes ont souvent été perçus comme des rêveurs idéalistes, mais c’est cette science qui permet aujourd’hui d’établir les constats et avertissements qui sont les plus pragmatiques compte tenu des observations et tendances observées scientifiquement. Il est peut-être trop tard pour éviter complètement les changements globaux, mais peut-être encore temps de réagir pour éviter à nos descendants des situations extrêmes.

Ce n’est pas des actions individuelles qui vont permettre de changer le cours des choses, mais des décisions courageuses des gouvernements de l’ensemble des pays.

Kim Marineau, biologiste

La nature ne pardonne pas

Une parole du pape François au début de la pandémie en 2020 : « Nous nous pardonnons parfois, Dieu pardonne toujours et la Nature ne pardonne jamais ! » Nous nous détruisons nous-mêmes en nous berçant d’illusions.

Claude Lachance, Thetford Mines

1. Lisez « L’espèce menacée, c’est aussi nous⁠ »