Baisses d’impôt, transports en commun, promesse d’offrir un médecin de famille à tous les Québécois… L’équipe éditoriale de La Presse a profité d’une entrevue avec la cheffe du Parti libéral du Québec pour lui poser certaines de vos questions. Elles avaient été recueillies lors d’un appel à tous auquel vous avez répondu en grand nombre. Voici les réponses.

Comme vous promettez des baisses de taxes, jugez-vous que le gouvernement du Québec a trop de ressources pour remplir ses trois mandats principaux : la santé, l’éducation et la sécurité ?

Jean Masson, Saint-Bruno

Dominique Anglade : Ce n’est pas qu’il y a trop de ressources, c’est que l’État a une double responsabilité. On est quand même dans une crise de l’inflation qui est très difficile aujourd’hui, et je pense qu’on est capable de faire les deux. On baisse les impôts, mais on augmente les revenus ailleurs, on va les chercher là où c’est possible. Je crois à l’équilibre des deux. Certains disent qu’on ne devrait pas toucher aux impôts, mais on a besoin de retourner l’argent pour que tout le monde puisse faire face à la musique et vivre.

Comment pouvez-vous encore faire la promesse utopiste d’un médecin de famille pour chaque citoyen ?

Alain Dupuis

Dominique Anglade : Ça ne me rentre pas dans la tête qu’au Québec, on ait 1 million de personnes qui n’ont pas accès à un médecin de famille et qu’on nous dise : ce n’est pas possible, on a tout essayé, on ne sera pas capable, alors on laisse faire. Ce n’est pas vrai qu’on a tout essayé ! Entre 2014 et 2018, on a eu 1 million de Québécois de plus pris en charge par un médecin de famille. Un million ! Alors on l’a déjà fait. En 2018, il y avait 400 000 personnes qui n’avaient pas de médecin de famille. La liste d’attente a grimpé à 1 million. On a des gens qui ont des maladies chroniques, on a le vieillissement de la population, la moitié des personnes aînées vivent avec une maladie chronique, on a des enjeux importants en santé mentale… On a besoin d’une prise en charge.

Maintenant, comment y arriver ? Reconnaître la pénurie de main-d’œuvre. Former davantage de médecins et d’infirmières. Reconnaissance des diplômes. Meilleure répartition des médecins sur le territoire. Considérer que les activités médicales particulières que doivent faire les médecins de famille peuvent être faites en clinique, ce qui va ramener davantage d’omnipraticiens au niveau des cliniques. Et commencer par les patients qui ont des maladies chroniques et des problèmes de santé mentale.

Qu’allez-vous faire pour améliorer le transport en commun et réduire le nombre d’automobiles (majoritairement avec un seul conducteur) sur nos routes ?

Lynda Thivierge

Dominique Anglade : Une des mesures qu’on met de l’avant, c’est celle du transport en commun gratuit pour les étudiants et pour nos aînés. À l’intérieur de la charte des régions, on veut améliorer le transport interrégional, mais également dans les régions elles-mêmes. Si je prends Laval, par exemple, c’est améliorer le transport de l’est vers l’ouest. On veut soutenir les projets lancés par les agglomérations et les villes. Le REM de l’Est est un exemple, mais également le tramway à Québec – il est présentement est-ouest, on veut aussi le faire nord-sud jusqu’à Lévis. Et on va avoir des études, nous, pour pouvoir dire quel tracé prendre !

Les municipalités du Québec sont-elles prêtes à faire face à des conditions météorologiques comme celles vécues en Europe au cours de l’été ?

Paul Vaillancourt

Dominique Anglade : La réponse, c’est non, et c’est pour ça qu’elles ont demandé 2 milliards pour l’adaptation aux changements climatiques. Elles ont raison. On demande beaucoup à nos municipalités et elles n’ont pas les moyens nécessaires. Notre plan de match est de revoir la fiscalité avec les municipalités et d’inclure là-dedans toute la question des infrastructures. Le problème est qu’on fait encore les choses de la même manière – les mêmes matériaux, la même manière de construire. On devrait réfléchir. Chaque fois qu’on fait une route, on devrait se demander en quoi elle est mieux adaptée. Le petit pont qu’on construit, est-ce qu’on peut l’élever davantage parce que la crue est plus importante ? Est-ce qu’on peut penser différemment ?

Quelle est la plus belle réalisation qui a fait avancer le Québec ?

Colette Fecteau, Saint-Séverin, Beauce-Centre

Dominique Anglade : L’avancement des femmes – et on peut inclure là-dedans les CPE. Je m’en voudrais de ne pas inclure également toute la question de notre hydroélectricité, qui a été un pilier majeur de notre développement économique et social.

Propos recueillis par Philippe Mercure

Note : par souci de clarté, les questions et les réponses ont parfois été condensées.