Vous avez été plus de 300 personnes à répondre à l’appel à tous de La Presse concernant la culture toxique qui règne dans certaines fédérations sportives. Voici un aperçu du courrier reçu.

Valoriser le sport autrement

La question est bien plus large que la masculinité toxique ou les abus sexuels, c’est la culture axée sur la victoire, les médailles, la gloire et la popularité qui est à revoir. Le financement des sports est lié au rayonnement et à la publicité, donc plus l’athlète, l’équipe ou le sport en question est victorieux et populaire, plus l’argent pleut. Et où il y a de l’argent, il y a de l’abus, des jeux de pouvoir. Les fédérations sportives ont avantage à favoriser la visibilité de leurs athlètes, les monter au rang de vedettes, cela apporte des clics, des sous. Et ça donne quoi ? Ces vedettes éphémères qui ont tout sacrifié pour leur sport pensent avoir le monde à leurs pieds, car elles sont populaires et elles se croient tout permis. Cela amène toutes sortes d’autres abus : des entraîneurs qui sont soumis à la pression de la performance à tout prix, qui maltraitent leurs sujets, des agents qui recrutent des enfants de 11 ans leur faisant miroiter une carrière dans la LNH, sacrifiant ainsi leur enfance, des parents hystériques et violents dans les gradins, et j’en passe.

La solution passe par la revalorisation de plusieurs sports, l’impossibilité de faire du sport élite avant un âge avancé, une revue du financement des fédérations sportives, une valorisation de la participation, de l’esprit d’équipe, des bienfaits physiques et mentaux du sport en général (et non de la victoire) et une nouvelle perception de la performance et du vedettariat.

Martine Courtemanche, ancienne coach, Montréal

Casser le boys club

À mon avis, il faut briser les boys club. Nous avons besoin d’une entité indépendante qui pourrait recueillir les plaintes et en superviser le traitement dans ces organismes. Les victimes pourraient plus facilement porter plainte sans avoir à affronter les dirigeants de l’organisation visée. De plus, il faudrait la parité obligatoire des conseils d’administration tant au niveau des genres que de la diversité culturelle pour favoriser une mixité des réflexions autour de ce genre de dossier et de la gouvernance de ces institutions.

Marie-Andrée Ulysse

Faites le ménage !

La première étape sera de changer la culture et pour cela on aura besoin de nouveaux dirigeants qui seront équipés pour amorcer le changement et l’implantation de nouvelles politiques et mesures de gouvernance. Il est clair que ceux en place présentement ne comprennent pas les enjeux à aborder et comment le faire.

Daniel Mercier

Haro aux criminels

Une réponse courte à votre question : par la répression, malheureusement. L’agression sexuelle est un crime, punissable en vertu du code criminel. Identifions et sanctionnons d’abord les coupables : de potentiels jeunes millionnaires du hockey aujourd’hui. Ça nous évitera peut-être de les ovationner lors de leur présence sur la glace. Tous les responsables au courant et ayant gardé le silence devraient quant à eux être poursuivis pour complicité après le fait. Dura lex sed lex.

Jean-Paul Czitrom

Formation continue pour les entraîneurs

Obliger les coachs à tous les niveaux à se faire évaluer annuellement par les joueurs (ou parents), la direction de l’équipe, et soi-même. Une évaluation éprouvée scientifiquement qui mesure l’efficacité de l'entraîneur à établir et maintenir des relations saines et positives envers ses joueurs.

Gilles R. Rochefort

Tolérance zéro

Il m’apparaît très simple d’en finir avec la culture toxique. Il s’agit simplement de ne plus la tolérer. À tous les niveaux. L’hypocrisie des uns et des autres dans ce milieu est à faire vomir. Voyons donc, ce n’est pas si compliqué d’expliquer à de jeunes hommes que s’ils se rendent coupables d’actes criminels, ils devront faire face à la justice, ce qui mettrait leur carrière en danger. Tous les sportifs sont en mesure de comprendre cela. Par contre, si on continue comme en ce moment à couvrir leurs comportements, on n’est pas sortis de l’auberge. Les responsables de ces organisations doivent être remerciés maintenant.

Nicole Godbout, Gatineau

Un besoin de véritables mentors

Dans le sport, tous les athlètes côtoient de près des coachs, mentors, entraîneurs qui ont l’opportunité, sinon le devoir, de donner l’exemple d’une conduite irréprochable, de sanctionner les actes fautifs dès qu’ils surviennent. Bien sûr, on entend surtout parler d’hommes qui abusent de leur pouvoir sur des jeunes, filles ou garçons. C’est encore le boys club qui apparaît comme définition de ce qui représente la base d’une mentalité. Le secret, les arrangements sous la couverture, les compensations monétaires sans admission de responsabilité font partie de ce qui a prévalu jusqu’à présent. Changer ce système prendra une dose d’humilité, ce dont les boys sont souvent incapables. Il faudra probablement y injecter du policier, du judiciaire et, j’oserais dire, du psychologique. Expliquer et combattre les prérogatives du boys club, c’est le but !

Nicole Hébert, ex-psychologue