Le français doit être protégé, mais les avis sont partagés quant au projet de loi 96 dans sa version actuelle. Voici un aperçu des propositions de nos lecteurs pour améliorer la protection du français au Québec.

Amendements

Certainement, le projet de loi 96 a besoin d’être amendé afin d’y inclure que la loi 101 s’applique au collégial, comme le demandent la plupart des Québécois ainsi que les professeurs de plus de 33 cégeps. De plus, les règlements concernant la francisation des raisons sociales des entreprises devraient être renforcés.

Antoine Chartier

Coup de barre

À ma connaissance, ce n’est pas l’anglais qui est menacé en Amérique du Nord. L’unique question : « Désirons-nous conserver la langue française au Québec ? » Si la réponse est oui, nous devrons donner un sérieux coup de barre pour réduire l’utilisation de l’anglais dans toutes nos institutions.

Michel Goudreau, Mascouche

Investissement, valorisation et encadrement

Le retrait pur et simple de la loi qui devrait être remplacée par un investissement dans l’éducation du français dans nos écoles, la valorisation de la culture francophone dans les arts et un meilleur encadrement linguistique pour les nouveaux arrivants.

Julien Houle

Manœuvre électoraliste

De nombreux éléments me semblent de l’ordre du « gossage », ayant peu d’effets positifs, alors qu’ils risquent d’engendrer bien des embûches, surtout pour les personnes immigrantes. Six mois pour apprendre le français… ce n’est pas sérieux ! Même des Québécois de vieille souche ayant été scolarisés ici parviennent à peine à réussir leurs examens. L’autre chose qui me bogue est le fait que l’on considère la langue parlée à la maison comme indicateur du « déclin du français ». Le plus important, c’est en société, au travail, à l’école. Puis, dans une ou deux générations, la majorité de ces personnes ne comprendront même plus la langue de leurs grands-parents. On a plein d’exemples autour de nous. Tout ça me semble une manœuvre électoraliste.

Sylvie St-Pierre

Explications à donner

A-t-on vraiment besoin de ce projet de loi ? Comment le gouvernement d’une société démocratique peut-il justifier de décréter que l’on a besoin d’agir au point de donner à l’Office de la langue française le droit d’outrepasser la Charte des droits et de faire des perquisitions dans les données d’entreprises privées ? Sur quelles études scientifiques se base-t-on pour déterminer qu’un, deux ou trois cours de français additionnels obligatoires pour les élèves de cégeps anglophones régleront le problème ? Et quel problème veut-on au juste régler ? Le ministre a encore beaucoup d’explications à donner pour nous prouver que ce projet de loi n’est pas une manœuvre électoraliste pour attirer le vote d’une partie des péquistes désabusés par leur formation politique ; et une manœuvre populiste pour attirer une partie du vote de la population réfractaire aux immigrants et au vivre-ensemble.

Joanne Vézina, Montréal

Humanité et harmonie

Il faut protéger notre langue, mais le faire avec humanité dans un climat social harmonieux : il faut enlever le droit de perquisition de l’Office de la langue française ; ne pas appliquer la loi au secteur de la santé ; et donner plus de six mois aux immigrants pour utiliser les services en français.

Danièle Gauvin

Défense positive

Je ne crois pas que la promotion de la langue française au Québec devrait passer par le fait de retirer des droits à des personnes. On parle beaucoup des anglophones, mais on doit aussi considérer les allophones et les Autochtones dans l’analyse. Les personnes réfugiées qui arrivent ici ont d’autres chats à fouetter que d’apprendre rapidement une autre langue ; les Premières Nations se sont fait imposer la langue coloniale de l’époque. Les humains vulnérables ne doivent pas faire les frais de la défense et de la promotion du français. Il y a plein d’autres façons de la promouvoir et de la défendre positivement.

Stéphanie Vallée

Bâtir des ponts

Pour rendre la loi plus humaine et plus en concordance avec la réalité des nouveaux arrivants, notamment les réfugiés, enlever l’article portant sur l’obligation aux nouveaux arrivants de parler le français en six mois et l’interdiction d’intervenir avec ceux-ci en anglais. Quand les immigrants voient qu’on veut établir une communication avec eux, ils sont plus enclins à apprendre notre langue. J’ai pu souvent le constater dans mon travail.

Céline Simard, Laval

Collégial

Il faudrait appliquer les dispositions de la loi 101 à l’éducation collégiale. Ça ferait une vraie différence pour la survie du français au Québec.

Solange Raymond

Délai trop court

Sans connaître tous les détails de ce projet de loi, la chose principale qui me préoccupe, c’est le trop court délai accordé pour apprendre le français. Après six mois, si j’ai bien compris, les services aux immigrants anglophones et allophones, mis à part peut-être les soins de santé (et encore), ne seront donnés qu’en français. C’est sûr que beaucoup en arracheront (et c’est un euphémisme). Je ne sais pas qui peut apprendre si vite à se débrouiller en français alors que la plupart des Québécois de mon âge se débrouillent très mal en anglais, même si on l’a appris à l’école et même si on côtoie cette langue depuis de longues années. Régler des problèmes administratifs ou sociaux dans une langue qu’on connaît mal, c’est s’exposer à de graves problèmes pour nous comme pour la société. Le français est la langue officielle du Québec, mais le pays est bilingue et les immigrants ont droit à plus d’égard de notre part. Promouvoir le français est une chose, l’imposer de façon coercitive à des gens souvent démunis ou dans un état post-traumatique en est une autre.

Estelle Dallaire