Vos réactions à l’éditorial de Stéphanie Grammond publié le 13 juin*

Personne n’est vraiment responsable

Bonjour, après 40 ans dans la construction à titre de surintendant, je peux vous affirmer qu’architectes et ingénieurs manquent aussi de compétence, et en plus aucun d’eux n’est responsable. Donc, l’entrepreneur général doit prendre la responsabilité de la construction, et lors d’un litige important, il déclare faillite et recommence sous une nouvelle licence le lendemain, avec pour conséquence pour le consommateur de tout perdre.

Jacques Paradis

Peu de protection

Architecte retraité, j’ai entrepris en 2019 la construction de notre projet de résidence. Heureusement, mon entrepreneur général m’avait été recommandé par une amie, elle-même architecte, qui avait confié la construction de sa maison à cet entrepreneur. Les informations sur le site de la Régie du bâtiment du Québec sont très peu pertinentes. Pour pallier ce manque, il existe la garantie des maisons neuves GCR. Mais une seule visite fut réalisée par un inspecteur de GCR en tout pour l’ensemble du chantier… J’ai la chance d’être un initié en matière de construction et d’être tombé sur un excellent entrepreneur. Mais cette situation est loin d’être la réalité de la majorité.

Mario Bibeau

Hausser le coût des permis

Les licences de la Régie du bâtiment ne permettront jamais de contrôler la qualité des travaux. Le marché de l’emploi en construction devrait être déréglementé et il faudrait donner le rôle de contrôle de qualité aux villes émettrices de permis de construction (comme dans beaucoup d’États aux États-Unis). Le coût des permis devra être rehaussé pour financer les employés additionnels. Un permis de construction à 50 $ pour un agrandissement majeur d’une valeur de plusieurs dizaines ou centaines de milliers de dollars n’a aucun sens.

Martin Brais

Le Far West

Le domaine de la construction et de la rénovation est le Far West du monde des affaires. Parlez-en à mon beau-père qui a un escalier dont la dernière marche fait 2 pouces de plus que les autres ! Il est grand temps de mieux encadrer cette industrie. Mais je me demande bien comment il se fait qu’il a fallu un rapport de la vérificatrice générale pour que les fonctionnaires prennent conscience qu’ils travaillent mal ! Ça détonne avec le concert des syndicats des employés du gouvernement qui nous rappellent qu’ils sont là pour nous. L’incompétence dans la complaisance.

Julien Houle

Un coup d’œil ailleurs

À quand l’instauration d’inspecteurs indépendants sur les chantiers de construction au Québec ? Toutes les autres provinces au Canada ont des inspecteurs en bâtiment sous la responsabilité des municipalités. Les inspections sont faites à chaque étape de la construction du bâtiment. Je possède un condo en Floride. J’ai refait ma salle de bain avec un permis de rénovation du comté au coût de 220 $ US. Quatre inspecteurs relevant du bureau des permis ont inspecté chaque étape de la construction, même si j’ai fait les travaux moi-même.

Richard Chenier, Gatineau

Sous un autre nom

Un problème qui touche plus de personnes que l’on croit. J’ai un toit qui coule, pas de garantie alors qu’il n’a que cinq ans, car l’entreprise a fermé. Il n’y a rien à faire, nous a dit la Régie, sauf qu’on se rend compte que c’est un problème très connu et très courant ! Comment est-il possible que l’on n’ait aucune protection contre ces entreprises de couvreurs qui ferment et continuent dans le marché sous un autre nom en laissant sans garantie tous leurs clients ? À qui peut-on se plaindre ?

Jacques Duhaime

De l’arnaque

Les entrepreneurs sont des arnaqueurs. Voilà ce que devrait être le titre de votre éditorial. En plus des problèmes de vices de construction, il y a le chantage d’arrêt des travaux si on ne donne pas des dizaines de milliers de dollars en surplus du contrat. La peur de se ramasser en Cour avec tous les délais font que les futurs propriétaires abdiquent devant ce chantage. Je l’ai vécu en 2017 et en 1981.

Michel Lacasse

Absence de contrôle

Bravo pour votre résumé de la situation… si désolante, en effet ! Nous venons d’en faire la preuve encore une fois cette année avec des travaux de changement de fenêtres et de terrassement, etc. Malgré des estimations et comparaisons de prix, le travail aurait été bâclé sans une très grande vigilance et supervision de NOTRE part… Désolant aussi de voir que les fonctionnaires responsables de contrôler ces secteurs n’agissent pas !

Roger Bélair et Claudine Marcoux

Le Québec en retard

Ce que votre article ne mentionne pas et qui est essentiel également est la mise en place de contrôles jalons pour les principales étapes importantes de construction lors de l’avancement des travaux, afin d’assurer la qualité d’un projet une fois livré. J’ai vu un reportage à Radio-Canada il y a quelques années où on démontrait les écarts de ce type de contrôle entre l’Ontario et le Québec.

Isabelle Bernier

Bon dernier

Maintenant à la retraite, j’ai été lié à la construction pendant plus de 40 ans. Votre reportage est exact et je puis vous assurer, pour avoir été responsable des murs résidentiels haute performance dans tout le marché canadien pour une multinationale, que la pire province en ce qui concerne les inspections, c’est le Québec… C’est simple, il n’y en a pas, d’inspection. Le seul domaine qui a un programme de cours obligatoire avec examen sous supervision d’une tierce partie indépendante reconnue par un organisme ISO, c’est celui du polyuréthane giclé. Il y a deux normes obligatoires reconnues par le Code national du bâtiment. Une de ces normes exige une recertification avec examen tous les cinq ans. De plus, la norme demande un nombre minimal d’inspections obligatoires par année. Finalement, la même norme demande que l’entrepreneur envoie un rapport de mise en application dûment rempli par l’applicateur, et ce, à chaque jour de chantier. Ces rapports sont envoyés à l’organisme tiers parti responsable des certifications. Ces normes font en sorte que dans l’industrie du polyuréthane giclé, il y a beaucoup moins de plaintes et lorsqu’il y en a, elles sont gérées par l’organisme indépendant tier parti.

Pierre Couture

Les inspections avant les licences

À partir du moment où il est clair que les licences des entrepreneurs ne valent pas grand-chose, comment peut-on s’assurer de la qualité de la construction ? Eh bien, en fait, une licence n’a jamais assuré une qualité quelconque dans la construction. À titre comparatif, en Floride, le monde de la construction est aux prises avec un problème majeur de travail au noir par des ouvriers souvent immigrants sans cartes de compétence. Pourtant, il est possible de construire des bâtiments conformes simplement en inspectant les travaux. Au lieu de vérifier des cartes et des licences, on s’assure que les travaux sont conformes. Notez que l’un n’empêche pas l’autre et que d’avoir des compétences est toujours nécessaire. Le fait est que beaucoup d’entrepreneurs sont plus compétents que les gens de la Régie du bâtiment, ce qui leur permet de faire ce qu’ils veulent sur les chantiers et de tirer avantage de la situation.

Stephane Dugas, Notre-Dame-de-l’Île-Perrot

Une licence sans valeur

J’ai obtenu ma licence d’entrepreneur spécialisé sans formation et sans grande connaissance de l’industrie. J’ai acheté une formation en ligne, étudié les questions et réponses : 80 % des questions étaient les mêmes qu’à l’examen de la Régie du bâtiment du Québec. AUCUNE question sur mon métier, seulement des questions administratives, c’est une vraie farce. Pour moi, la licence d’entrepreneur spécialisé n’a aucune valeur. Le concept est à revoir complètement.

Sylvain Pelletier

Le dortoir

Pour avoir eu affaire à cet organisme à titre d’inspecteur municipal en bâtiment, je peux vous confirmer que la Régie du bâtiment n’est rien d’autre qu’un dortoir. Littéralement, le gars qui me répondait, je venais de le réveiller ! L’un d’eux m’a même remercié pour le briefing que je venais de lui faire sur le problème que je venais de lui soumettre !

Marcel Niquet

Une honte

Je suis inspectrice en bâtiment et j’ai travaillé 14 ans sur des chantiers de construction à Montréal. C’est tout simplement une vraie honte. Et c’est pire que jamais. Les perdants sont assurément les acheteurs. Le Québec est tellement en arrière de l’Ontario ou des États-Unis. Exiger des inspections pendant la construction serait si simple et protégerait tout le monde. Vraiment triste et désolant.

Carolyne Beaudin

Des clients laissés à eux-mêmes

Je suis tout à fait d’accord avec vous.

Au-delà des permis et autres contrôles de la Régie du bâtiment, je pense que le principal problème est le manque d’inspection obligatoire des travaux.

Les clients qui ne connaissent rien en construction sont laissés à eux-mêmes et n’ont aucun recours contre des entrepreneurs véreux. À part, la Cour des petites créances, et encore. La plupart du temps, l’entrepreneur a fait faillite ou a fermé boutique lorsqu’un recours est possible. En plus, il ne faut pas oublier que la résidence est le principal poste de dépense de bien des personnes, surtout ces temps-ci.

Je pense que la solution est que la Régie du bâtiment ait des inspecteurs compétents (lire ingénieurs) qui connaîtraient parfaitement le code de construction et qui inspecteraient obligatoirement tous les travaux en cours à divers moments clés de la construction. Par exemple : inspection avant la fermeture des murs ou la pose du revêtement extérieur. Ainsi, advenant que des travaux ne soient pas conformes, on les ferait refaire tout de suite aux frais de l’entrepreneur. De cette façon, les entrepreneurs auraient tendance à suivre le code de construction à la lettre, sinon ils auraient des frais supplémentaires chaque fois.

D’autre part, si l’inspecteur agit incorrectement ou est incompétent, il pourrait être sanctionné par son ordre professionnel (OIQ), ce qui pourrait mener jusqu’à la perte de son permis d’exercice.

De cette façon, on arriverait à avoir des travaux de qualité réalisés par les entrepreneurs.

Mon expérience professionnelle passée dans le domaine m’a montré que lorsque les travaux sont exécutés sous supervision stricte, ils sont de qualité. Lorsqu’on relâche les contrôles, les pommes pourries recommencent à s’activer.

Yvan Simard

*Lisez « Les licences bidon de la construction »