Les avis sont plutôt partagés concernant le projet de loi 96 déposé jeudi par le ministre Simon Jolin-Barrette pour contrer le déclin appréhendé du français au Québec. Voici un aperçu des courriels reçus.

Les gestes au quotidien

Je ne crois pas que ce projet de loi réussisse à diminuer ou même ralentir le lent déclin de l’utilisation du français au Québec. Ce ne sont pas des lois et des règlements qui vont changer la donne. Ce sont les francophones, par leurs gestes au quotidien et par leur amour de leur langue, qui vont assurer la survie du français. Sans l’engagement individuel de chacun d’entre nous à l’égard du français, les actions du gouvernement n’auront qu’un effet superficiel et malheureusement éphémère.

François Duranleau

Pas suffisant

Je crois qu’elle ne va pas assez loin. L’affichage des commerces devrait se faire uniquement en français. On accepte trop facilement des noms de commerces en anglais.

Ronald Forbes, Saint-Jérôme

Demeurons vigilants

Je salue hautement cette initiative de la CAQ. De nombreuses fois, j’ai fait des plaintes à l’Office de la langue française pour non-respect de la dominance du français sur l’anglais dans l’affichage. Il y a eu des résultats à mes plaintes, mais après de longs délais. J’invite tous les francophones et francophiles à demeurer vigilants sur la sauvegarde du français au Québec, car un nouveau projet de loi engage souvent de belles intentions où malheureusement les moyens ne suivent pas toujours. Mais je garde espoir.

Michel Laplante, L’Ascension

Miser plutôt sur la sensibilisation

Je crois qu’il est important de protéger le français au Québec. Par contre, la façon utilisée par le gouvernement pour y arriver en imposant une loi qui utilise une clause dérogatoire est contre-productive. J’aurais aimé que le gouvernement utilise plutôt des moyens pédagogiques pour y arriver en misant sur la sensibilisation et en développant chez nos jeunes l’amour de cette belle langue au lieu de les forcer à l’utiliser.

Hafid Ait El Maati

Un gouvernement proactif

Le gouvernement actuel est proactif. Il sera toujours possible de réviser la loi si cette réforme ne donne pas les succès escomptés.

Diane Dulong

Où est la volonté ?

La nouvelle génération devra s’investir pour la protection de sa langue. Actuellement, on est plus anglophones que francophones, surtout à Montréal. Mais j’avoue que je suis très pessimiste pour l’avenir. Le français à travers le monde se détériore à vitesse grand V. La France, la capitale de la francophonie, parle le franglais. Alors, difficile de demander aux irréductibles que nous sommes d’espérer mieux malgré les réformes. La volonté nécessaire à notre survie n’y est pas.

Richard Fontaine, Dudswell

Un premier pas

Enfin un projet de loi qui se veut une tentative de freiner l’érosion constante du français au Québec, et tout particulièrement à Montréal. Toutefois, il faut voir en ce projet un début et non une fin. D’autres mesures devront voir le jour si on veut vraiment que Montréal puisse toujours se targuer d’être la « deuxième ville francophone du monde ». Mais ce premier pas se veut rassurant. Restons optimistes et vigilants pour assurer l’avenir du français au Québec.

Bruno Arcand, Mascouche

Notre propre ennemi

Oui, il est très important de protéger notre langue pour sa survie. Ce ne sont pas les anglophones ni les immigrants qui sont un frein à l’évolution de notre langue mais bien nous, les francophones. De fait, nous sommes accueillants et gentils pour les nouveaux arrivants et pour les anglophones du Québec. En regardant en arrière, nous avons été, dans les années 50, le seul peuple en Amérique du Nord à avoir accueilli chaleureusement Jackie Robinson et sa famille à une époque où les mentalités étaient marquées par le racisme. Nous aimons nous faire aimer à un tel point que nous parlons la langue de l’autre pour lui faire plaisir. Nous n’aimons pas la confrontation, les désaccords, voire les inconforts… ce qui nous porte à aller au-devant et à oublier nos propres valeurs. Bref, nous sommes notre pire ennemi.

Michel Lefebvre, Montréal

Loi passoire

Je suis très déçue. On est encore dans la bonne volonté : les villes bilingues, les cégeps anglophones, les commerces et les entreprises n’ont pas de vraies obligations. C’est un loi passoire.

Francine Breton

Legault a manqué de courage

Au premier abord, sans grande analyse du projet de loi, je ne crois pas qu’il va arrêter le déclin du français dans la grande région de Montréal. Au mieux, il va peut-être le ralentir. Je suis déçu de ce projet de loi, car j’espérais qu’enfin on prenne les décisions qui s’imposaient pour vraiment protéger le français au Québec. Je ne fais pas de reproches au ministre pour cette situation mais plutôt au premier ministre. Il n’a pas eu le courage de faire ce qu’il fallait mais a plutôt choisi d’agir pour protéger ses intérêts politiques.

Michel Martin

Un projet de loi qui inspire le respect et la fierté

Le génie de ce projet de loi consiste à affirmer les droits collectifs des Québécois de vivre en français en les définissant enfin comme une nation québécoise. À l’avenir, les tribunaux devront tenir compte de ce droit collectif et non seulement des droits individuels. Tout est une question d’équilibre et la loi 96 vient combler le vide politique de la Constitution canadienne de 1982 qui ne reconnaît toujours pas la nation québécoise et son droit de protéger ses institutions, sa langue, sa culture, sa laïcité et son identité. Les droits des anglophones de souche demeurent protégés et c’est une bonne chose afin d’éviter les dérives alimentant l’extrémisme au Canada anglais. Toutefois, je déplore le déni de la surabondance de l’offre de cours unilingues anglophones à Montréal par rapport au pourcentage d’anglophones de souche. C’est le cheval de Troie qui finira par faire du français une langue marginale et folklorique dans la métropole !

Jean Baillargeon

Trop tard pour Montréal

J’aimerais être optimiste, mais je crois que c’est trop tard pour Montréal ! Les PME ne respecteront pas cette loi !

Diane Gaudreau