L’éditorial de Philippe Mercure publié le 16 janvier* sur la stratégie de Québec concernant la deuxième dose du vaccin a suscité de nombreux commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Passivité à Ottawa

Cette période entre les deux vaccinations devrait être suivie de façon rigoureuse et se rapprocher le plus possible du protocole homologué par la société pharmaceutique. Le problème, c’est que le fédéral aurait dû être plus agressif dans sa stratégie d’achat de vaccins en offrant, comme Israël a fait, une prime de l’ordre de 30 à 40 % pour les recevoir plus tôt.

– Louis Roy

Le risque réel d’abord

Entre un risque réel — la population qui ne reçoit pas de vaccin — et un risque potentiel et diminué — pour ceux qui doivent attendre plus longtemps leur deuxième dose —, je suis d’accord avec la position du Québec et du Royaume-Uni de contrer le risque réel. S’il s’avère exact que la première dose offre 92 % d’efficacité et si ce taux se maintient, ce qui se vérifiera avec le temps, la deuxième dose ne serait même pas nécessaire. Ce ne serait pas la première fois que les protocoles très prudents des entreprises vendeuses de vaccins s’avéreraient révisés à la baisse.

– Richard Grignon

Irresponsable

Je suis mal à l’aise avec cette idée d’étirer la période entre deux doses d’un tout nouveau vaccin sur lequel nous n’avons aucun recul. Je trouve cela totalement irresponsable. La vie et la sécurité des gens se jouent en ce moment, ce n’est pas le temps de modifier les règles du jeu. Comme quand nous faisons une recette pour la toute première fois, il est plus sage de suivre les étapes à la lettre. Ensuite, quand on la maîtrise, nous pouvons nous permettre de petits changements. Surtout qu’ici, on ne parle pas de réussir un gâteau ; on parle d’enrayer une pandémie, c’est loin d’être de la tarte !

— Edith Lemery Frenette, Saint-Placide

Stratégie nébuleuse

La stratégie de vaccination du gouvernement n’est pas claire. En effet, il y a deux approches possibles : 1. vacciner le plus de gens possible le plus vite possible avec une échelle de priorités ; 2. vacciner pour protéger notre système de santé, c’est-à-dire vacciner uniquement les plus de 75 ans et le personnel de santé en respectant le délai de trois semaines entre les doses. Une stratégie pour vacciner le reste de la population sera définie ultérieurement. La première option justifie l’approche du gouvernement, au risque de mal vacciner. La deuxième option risque de provoquer l’inquiétude chez les moins de 75 ans. Cette décision fait face à deux contraintes : santé publique et politique. Pas facile de gouverner !

– Dominique Garrel, médecin

L’apprenti sorcier

Le Québec joue à l’apprenti sorcier en ne respectant pas les protocoles scientifiquement développés pour les vaccins ! « Suivre la situation », tel que proposé, ce n’est pas étudier des modifications des protocoles sur des cohortes restreintes, avec groupe de comparaison, c’est utiliser l’ensemble de la population comme cobayes… On connaît le temps de réaction du gouvernement (pensons à la ventilation dans les écoles), il est clair qu’il sera impossible de rattraper le ballon quand nos « plus vulnérables » seront contaminés faute d’avoir reçu à temps leur deuxième dose. Avec l’âge, le système immunitaire s’affaiblit, la deuxième dose est d’autant plus cruciale pour eux, sur qui les vaccins n’ont pas été testés par les fabricants, en quête de bons résultats, c’est tout dire… Pourquoi le Québec a-t-il choisi de commencer sa campagne de vaccination dans les CHSLD plutôt qu’auprès du personnel soignant ? Ce n’est pas la science qui a prévalu mais une position « populiste » : le gouvernement a reconnu avoir laissé « dans l’angle mort » les CHSLD lors de la première vague, là, il a voulu se refaire une virginité.

– Andrée Dubois

Sauver plus de vies

Vu les restrictions de livraison du vaccin, je préfère qu’il soit partagé par le plus grand nombre. Je crois que plus de vies seront sauvées et moins d’hospitalisations seront nécessaires pour un meilleur partage des soins. Pourquoi ne pas voir les avantages de la stratégie de partage avant de clore votre présentation ?

– Michel Daoust

Nous sommes dans un laboratoire

En termes de gestion de risques, je pense que Québec prend la bonne décision. De toute façon, il y a tellement de questions à élucider : comment a-t-on déterminé le nombre de doses ? Qu’arrive-t-il après la deuxième dose ? Nous sommes tous et toutes dans un laboratoire d’essais et les chercheurs en immunologie continuent de chercher et d’apprendre au quotidien. C’est le lot de la méthode scientifique ! Pour ce qui est des médias, il faudrait rassurer plutôt qu’alimenter les doutes.

– Jean-Guy Dalpé

De sérieux doutes

Mon adhésion aux mesures sanitaires a été totale depuis le début puisque j’estimais que les mesures prises étaient plus que moins basées sur des données scientifiques et probantes. Cependant, la décision du gouvernement de retarder possiblement une deuxième dose du vaccin jusqu’à 90 jours après la première me rend des plus mal à l’aise, considérant l’absence de preuves sur le maintien d’une certaine immunité encore peu prouvée dans la réalité après ces trois mois de délai. Tout comme d’autres personnes vulnérables, dont je suis à cause de mon âge et de quelques problèmes de santé, je songe à remettre la possibilité d’être inoculée seulement lorsqu’une deuxième dose pourra être assurée en deçà des 42 jours par rapport à la première. Il me semble que l’on joue aux apprentis sorciers avec cette décision. Je ne comprends pas la logique invoquée, voyant le principe de précaution mis à mal. L’effet pervers d’une première dose sans possibilité de respecter le protocole pourrait amener un relâchement des mesures sanitaires et encore plus d’éclosions.

– Yvette Palardy

Protéger le système de santé

Il est clair que la vaccination au Québec n’a pas pour but de protéger les Québécois. La vaccination a pour but de protéger le système de santé québécois.

– Pierre Martin

* Lisez « Le Québec joue avec le feu »