Les avis de nos lecteurs sont partagés quant à la réforme du droit de la famille. Voici un aperçu des commentaires reçus à propos de l’éditorial de Stéphanie Grammond sur la question, publié le 15 mars.

Trop de femmes lésées

Mme Grammond, j’aime votre ton. Il est grand temps d’accoucher. La CAQ traîne vraiment les pieds en ce moment dans ce dossier. Trop de femmes, car il s’agit très majoritairement de femmes, sont lésées par cette loi désuète. J’essaie de soutenir une amie aux prises en ce moment avec une séparation inéquitable, avec trois enfants et un ex en affaires. La situation est d’une grande tristesse ! Trop de femmes se mettent en couple sans connaître la loi et leurs droits. Presque tous mes neveux et nièces sont dans cette situation et ils ne savent rien du droit de la famille au Québec. Et pourtant, ils ont presque tous fait des études supérieures. Je suis d’avis que le gouvernement lui-même devrait faire des campagnes d’information sur le droit des femmes en couple, avec ou sans enfants. Il fait bien campagne pour que l’on se prémunisse contre le virus et bien d’autres aléas.

— Louise C. Lavigne, Montréal

Irresponsabilité québécoise

Combien de lois obsolètes avons-nous au Québec ? Combien de règlements sont mal alignés avec les réalités quotidiennes ? En matière de droit de la famille, nos gouvernements successifs ont été très négligents : 40 ans sans changements ou sans ajustements dans un domaine qui concerne principalement les enfants… pas fort pour un peuple minoritaire en Amérique du Nord qui fait de son développement le cœur de son existence. Comment peut-on aspirer à un avenir sain et prospère quand on néglige la protection de nos enfants et des parents responsables de leur développement. Peut-on poursuivre tous les députés et partis politiques pour négligence ? Si l’on avait ce pouvoir, les lois seraient mises à jour plus rapidement en respect des citoyens et de l’avenir collectif. Au Québec, les politiciens aiment blâmer le fédéral pour bien des maux, mais ici, l’irresponsabilité est 100 % québécoise.

— Claude Leblanc, Blainville

Mon choix éclairé

Eh bien moi, j’ai été conjointe de fait pendant 22 ans, copropriétaire devant notaire, séparée avec médiation, avec une pension alimentaire pour notre fils. Et aussi contente de ne pas avoir été mariée, car j’aurais dû partager mes économies, accumulées soigneusement, quand mon ex, lui, avait des dépenses personnelles et faisait le choix de faire peu de placements ! Alors voilà, c’était un choix éclairé.

— Françoise Hélias

Faire avancer les choses

Continuez à en parler, ça va peut-être faire avancer les choses. Vous avez la parole et plus d’influence que la femme seule. Merci d’être là !

— Danyelle Anctil

Il est temps que ça bouge

On connaît le problème et la solution, alors qu’est-ce qui empêche d’aller de l’avant ? Le fait que des hommes fortunés ayant du pouvoir ne veulent pas d’un changement ? Je ne veux pas croire qu’en 2021, les femmes soient si ignorantes de leur situation matrimoniale. Vous avez raison, il est temps que ça bouge !

— Charles Bonsaint, Saint-Eustache

Pour un tribunal unifié de la famille

Les tribunaux s’intéressant aux familles – aux enfants – ont besoin de réforme. C’est vrai pour le tribunal de la jeunesse et c’est vrai pour les lois concernant les séparations. Les enfants du Québec seraient mieux servis par un tribunal unifié de la famille. Je suis consciente d’un nécessaire rapatriement des pouvoirs d’Ottawa, mais un tribunal spécialisé sur les intérêts et les besoins des enfants, que ce soit en cas de séparation ou en cas de besoin de protection des enfants, développerait une connaissance autrement mieux ajustée au destin des enfants et des familles. Je souhaiterais une réforme complète pour créer un forum cohérent de justice dans le meilleur intérêt des enfants. Et des tribunaux éclairés sur leurs sujets de droit.

— Louisiane Gauthier

L’exception ne devrait pas dicter la règle

C’est le sujet de l’heure. Mais l’unanimité en faveur de la réforme du droit pour les conjoints de fait occulte quelques questions qu’on devrait se poser. En voici quelques-unes ; une réflexion plus sérieuse en révélerait plusieurs autres.

Au Québec, 60 % des ménages sont constitués de conjoints de fait. Il semble donc irresponsable de ne pas les « protéger » par un régime légal obligatoire.

Des régimes légaux existent pour les mariages. Et si c’était précisément ce que veulent la majorité des conjoints de fait : qu’on les laisse tranquilles au lieu de leur imposer un cadre légal dont ils ne veulent pas ?

Ces gens-là peuvent se marier à tout moment (et profiter des protections des régimes légaux) ou, tout en demeurant conjoints de fait, passer entre eux une convention de cohabitation dans laquelle les détails financiers de l’union sont convenus (situation très répandue).

On monte en épingle les cas où, au moment de la dissolution de l’union, une partie est moins bien nantie que l’autre. Est-ce le cas de la majorité des conjoints de fait qui se séparent ? Ou se base-t-on sur une minorité pour imposer une solution à l’ensemble de la population ?

On nous ramène constamment Éric et Lola ; en quoi ce cas hautement médiatisé constitue-t-il une règle ? La particularité du cas tenait plutôt au caractère exceptionnel des ressources et demandes devant le tribunal. Divertissant, mais aucunement représentatif ni édifiant.

L’union de fait peut être aussi un « test de concept » que les plus jeunes essaient souvent avant de s’engager plus avant ; en cas d’échec, chacun repart de son côté. Je crains qu’un régime légal n’implique pour eux des complications de longue durée.

Vous soulignez vous-même le cas des familles reconstituées. L’union de fait constituant en quelque sorte une catégorie « tous les autres », j’ai peu de confiance que les gros souliers du gouvernement n’écrasent pas quelques orteils.

Nous avons vécu de nombreuses années en union libre avant de nous marier. La dernière chose que j’aurais voulu aurait été que le gouvernement s’interpose pendant la période d’union libre. Notre cas particulier, quoique moins spectaculaire, vaut bien celui d’Éric et Lola.

— Claude Lavoie, Montréal

La protection de l’entente notariée

Ils n’en seraient pas là s’ils avaient fait une entente notariée en cas de séparation. Les moyens sont disponibles, ce n’est pas toujours au gouvernement de réglementer nos vies ! Nous sommes assez grands…

— Hélène Massicotte

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