L’Impact de Montréal n’est plus. La formation montréalaise a officiellement changé d’appellation la semaine dernière, suscitant au passage de nombreux commentaires, pas toujours favorables. Voici un aperçu des courriels reçus.

Pas de bravo pour ce club. Plus « français » que ça, ça ne se peut pas. On s’est évertué à nommer correctement le soccer auprès de nos jeunes en leur disant que nous, au Québec, on ne faisait pas comme l’Europe qui utilise l’anglais à tout vent. Le bon parler, on s’en « foot » !

Denis Vaudreuil

L’Impact a changé de nom pour Club de Foot Montréal. « Avec ce nouveau nom, la direction affirme […] mieux représenter la diversité de la ville, son histoire, celle de ses peuples fondateurs. » Club de Soccer Montréal, cela faisait probablement trop québécois aux oreilles multiculturelles des amateurs de ballon rond dans la soi-disant première ville française en Amérique.

Sylvio Le Blanc

Je me questionne sérieusement sur le changement du nom de l’Impact. Quelles équipes changent de nom, tous sports confondus, sans problèmes ? Je ne crois pas que l’équipe de Montréal va se faire un nom international parce qu’elle a changé de nom. Par contre, si elle va chercher des joueurs vedettes ou si elle gagne des championnats, ce serait une autre affaire. On n’a qu’à penser aux Alouettes devenues The Machine un certain temps : ça n’a pas fonctionné et le club est redevenu les Alouettes. Je crois que le club essaie de plaire aux nouveaux arrivants et aux autres cultures plutôt que d’intéresser le Québécois moyen. J’ai bien peur qu’une des flèches du logo aille pointer vers le bas.

Pierre Desrosiers

Ce n’est pas un changement de nom que je veux, c’est une meilleure équipe.

André Chevrette

Quelle dépense inutile et quel nom ridicule ! C’est ce que j’en pense. Ça va coûter une fortune pour changer les noms partout. Et après, ils viendront demander de l’argent au gouvernement, car cela a coûté trop cher pour exploiter le club. En attendant, c’est nous qui serons exploités, une autre hausse du prix de billets pour payer les caprices des dirigeants. Et le nom ! Pourquoi prendre un mot anglais pour une ville qui se dit francophone ? Ce n’est pas parce que les Français de France utilisent le mot foot que cela en fait un mot français. Décevant…

Lucie Lajoie

Je suis absolument contre cette nouvelle appellation. La ligue s’appelle Major League Soccer. En Amérique de Nord, où nous vivons faut-il le rappeler et particulièrement à Montréal, l’équipe de football s’appelle les Alouettes. Respectons ça et évitons de faire plaisir à tous ces gens qui sont nés dans d’autres pays.

Chris Giroux

Pouvez-vous faire savoir à qui de droit que le changement de nom de l’Impact va enterrer mon intérêt pour le soccer ? Nous ne sommes pas réfractaires au changement, nous sommes réfractaires à ceux qui nous prennent pour des idiots. On aime le Canadien même si on est Québécois, on aime les Alouettes même si ça fait pas très viril. Et on aimait le club de soccer de l’Impact depuis 30 ans. M. Gilmore, vous êtes déconnecté de la réalité.

Jean Paul Lizotte

La facture du nouveau logo est désuète et difficilement compréhensible. Ça me fait de plus en plus penser au club Canadien de Montréal : les commentateurs sont meilleurs que les joueurs depuis 1993. Pour moi, ce qui est intéressant, ce sont les résultats sur le terrain, pas le nom, le logo, ni les commentaires. On jugera selon le résultat pour quelque temps, puis ce sera le départ pour un ailleurs meilleur. Les fanatiques sont là, mais pas les gestionnaires.

Roger Delorme

Un pas droit devant, deux pas derrière ?

Club de Foot Montréal, c’est oublier Bernier, Piatti, DiVaio, Biello. C’est oublier LE BUT de Cameron Porter à la 90e minute contre Pachuca au Stade olympique. C’est oublier le tour du chapeau de Didier Drogba à son premier match à Montréal.

CF Montréal, c’est tourner le dos sur 27 ans d’histoire dans le simple but de faire oublier les performances décevantes du club sur le terrain. Sinon pourquoi se défaire d’un nom bilingue, significatif, mémorable et apprécié de tous ?

Même phonétiquement, Impact crée un impact sonore, un nom fort et solide, court et imagé. Quand j’entends Impact, j’entends le cuir du soulier de soccer taper dans le ballon. J’entends une collision entre deux joueurs qui se donnent à fond. Quand j’entends Impact, j’entends un moment fort et marquant, qui fait tourner les têtes.

Alors que Club de Foot Montréal, j’entends un Européen hautain me dire que notre Club de foot ne gagnerait même pas un match de deuxième division en Europe.

« Le soccer c’est un nom très nord-américain, le football c’est un nom européen », dit Kevin Gilmore. Oui, le soccer est un nom nord-américain. Montréal est une ville nord-américaine. Notre club joue dans une ligue nord-américaine. La MLS. La Major League Soccer. Pourquoi cette honte d’être une équipe nord-américaine ?

Aussi, pourquoi choisir consciemment de placer ce débat au cœur du nom du club ? L’abréviation « foot » n’est pas un nouveau mot. C’est la même chose que dire football. Et, comme l’a dit le président du club, c’est un terme européen.

Du coup, on parle du flocon ?

La saison régulière de la MLS se joue de mars à octobre. Comme le Stade Saputo est à toit ouvert, les matchs à Montréal commencent souvent plutôt en avril. La majorité des matchs que jouera le CF Montréal seront dans le chaud, sans neige, sans tempête, mais surtout sans flocon.

« Oui, mais Montréal, c’est la neige ! » dirait mon ami européen. Mais pas un Montréalais.

Montréal c’est le Festival de Jazz, c’est OSHEAGA. C’est les terrasses, les parcs, les bars, les bons restos, l’ambiance festive, les 30 langues maternelles, pas JUSTE la neige.

En plus, un flocon, ça ne fout rien. Quand la tempête arrive, le flocon n’est plus dans la conversation. Personne ne dit : « dehors c’est la tempête, fais attention aux flocons » ? !

C’est beau à dire « ensemble nous devenons une tempête, une force de la nature », mais ce n’est pas ça sur le logo. Sur le logo, c’est un flocon. Un flocon fragile. Un flocon qui fond au soleil. Le même soleil sous lequel se déroule la grande majorité de la saison régulière.

Et « snowflake », c’est une insulte. Un terme péjoratif qui se moque de la fragilité émotionnelle des générations Y et Z.

Est-ce qu’on a oublié que les Montréalais déplorent le fait qu’au moindre impact, les joueurs de soccer tombent comme des… flocons ?

Si on veut aller chercher de nouveaux partisans pour remplir les sièges, il faut prendre en considération les raisons pour lesquelles ils ne viennent pas en premier lieu. Et défaire les idées préconçues, pas les alimenter.

« Go ahead insult us, underestimate us, see a snowflake as a weakness, fine. […] appelez-nous des flocons, ça va nous aider », dit le directeur de création du Club de Foot Montréal, Justin Kingsley.

La carte du underdog (le sous-estimé) marche quand on rit de nos défauts, mais être un snowflake, ce n’est pas un de nos défauts. On s’est donné ce défaut. On a donné cette insulte à nos adversaires. On s’est donné ce handicap. Et un handicap, dans les sports, on en donne aux joueurs qui sont trop forts, aux équipes trop dominantes, pas à l’équipe qui finit au neuvième rang de sa conférence.

Kevin Gilmore a répété à plusieurs reprises qu’ils avaient fait leurs recherches. Kingsley a dit qu’ils avaient consulté Statistiques Canada. Mais est-ce qu’on a consulté les partisans ? Les amateurs de sport ? Les détenteurs de billets de saison ? Les Montréalais ?

J’ai travaillé pour l’Impact de Montréal. J’ai aussi été détenteur de billets de saison, et je ne me reconnais pas dans le Club de Foot Montréal.

Dans leurs deux ans de travail, l’équipe de Kevin Gilmore a créé un nouveau club, une nouvelle marque. Une belle nouvelle marque, mais ce n’est pas une évolution de l’Impact de Montréal.

En laissant de côté l’héritage du onze montréalais, le Club de Foot Montréal s’est fortement compliqué la tâche. Avant d’aller chercher de nouveaux amateurs pour remplir le stade, ils devront d’abord regagner le plus important, le cœur des partisans de l’Impact.

– David Fuenz, professionnel en identité de marque (et grand fan de l’Impact)