Que pensez-vous du retour en classe des élèves du primaire et du secondaire à l’automne, annoncé par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge ? C’est la question que nous vous posions plus tôt cette semaine. Voici un aperçu des réponses reçues.

Des ajustements seront à prévoir

Visiblement, le ministre Jean-François Roberge a été à l’écoute des différents partenaires du milieu de l’éducation concernant le retour en classe à l’automne. À la suite de cette consultation, le plan qu’il propose m’apparaît bien ficelé. De son côté, le président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Sylvain Mallette, se questionne en demandant des précisions sur le choix des critères pour la formation des îlots en classe. Je suis d’avis que cela relève de l’autonomie professionnelle des enseignants. En effet, c’est aux enseignants de définir les critères qui serviront à la formation des équipes. Ce sont eux qui connaissent le mieux leurs élèves. Mon expérience pédagogique m’a démontré qu’il est très intéressant d’organiser la classe en îlots. C’est d’ailleurs un aménagement qui favorise l’interaction et la socialisation entre les élèves par un travail de coopération, d’atelier ou de projets en équipes. Bien sûr, des ajustements seront à prévoir. Il suffit que les différents partenaires du réseau de l’éducation rament dans la même direction. Finalement, le retour de tous les élèves du Québec à l’école est probablement la meilleure nouvelle qu’on ait entendue depuis longtemps.
— Yolande Brunelle, ex-enseignante et ex-directrice d’école

Laisser la liberté aux équipes-écoles

Il faut redonner aux enfants leur routine, pédagogique, sociale et affective. Cette perspective d’un retour en classe pour tous, en septembre, est tout simplement le geste qu’il fallait poser ! Ce qui m’inquiète est cette organisation de classe imposée par le ministre. Ce gouvernement mentionne depuis le début qu’il veut laisser plus de liberté d’organisation aux équipes-écoles. C’est le moment historique pour vous, M.  Roberge, de remettre entre les mains du personnel et de la direction d’établissement, la gestion de leurs groupes. Ils sauront très bien respecter vos consignes de distanciation sociale et offriront à leurs élèves une année scolaire adaptée à leurs clientèles, pleine de sens, stimulante et riche en apprentissages !
— Huguette Naud-Caron, Candiac

Mettre en place un vrai plan d’urgence

C’est un plan complètement irréalisable, qui prouve une fois de plus que le ministre ne fait que saupoudrer des directives sans réellement prendre en considération la réalité de ses écoles. Encore une fois, ce même ministre a le culot de remettre entre les mains de ses équipes-écoles et de ses centres de service la responsabilité d’appliquer SON casse-tête de directives en prenant bien soin de donner un petit coup de pied au syndicat, négociation des conventions collectives oblige ! Je pense qu’on travaille pour rien, qu’on est peut-être en train de se poser trop de questions, trop rapidement, dans une pandémie qui évolue à un rythme où il est impensable de figer un plan pour la rentrée en septembre. Et puis, on travaille sur ce plan pour rassurer qui exactement ? Pour faire taire l’insatisfaction ou les craintes des parents peut-être ? Pour se donner l’impression d’avoir mis des choses en place, d’être prêts ? Parlant de mettre des choses en place et d’être prêts, ne devrait-on pas être en train de s’assurer que tous les enseignants sont équipés en matériel et formés pour enseigner à distance ? Être en train de s’assurer que les élèves en difficultés auront accès à du matériel informatique rapidement, qu’il y aura de l’argent à injecter dans le réseau de l’éducation si besoin il y a ? Bref, le vrai plan, c’est d’être prêts à réagir si tout doit arrêter encore. Ce qu’on veut, c’est un plan d’urgence, qu’on pratique, qu’on répète et qu’on maîtrise… pas essayer de peut-être prévoir ce que personne n’avait vu venir sur des mesures exceptionnelles qui sont appelées à changer… encore !
— Jonathan Huneault

Travailler dans la collaboration

Je suis une directrice d’école nouvellement retraitée. Je crois sage de retourner tous les élèves en classe. La réussite scolaire de milliers de jeunes est en péril. Il est temps de retourner à la routine qui est un facteur sécurisant chez nos élèves. Il faut faire confiance aux milieux qui ont toujours fait preuve de créativité dans diverses situations. Il est temps également que tous se donnent la main et travaillent dans la collaboration. Je rêve d’un monde où les syndicats démontrent une réelle collaboration dans leur discours et qu’ils arrêtent de voir que du négatif. Nous vivons une situation exceptionnelle qui demande des moyens exceptionnels. Nous avons de bons leaders dans nos écoles qui ont à cœur le bien-être de tous. Saluons leur magnifique travail.
— Caroline Lukic

Savoir planifier

Le plan du ministre Roberge est peut-être approprié pour le primaire et le secondaire, puisque les enfants et adolescents semblent moins susceptibles au virus (quoique l’état des connaissances à ce sujet soit très incertain, comme tout le reste avec ce nouveau virus). Cela dit, je suis tout à fait en désaccord quant aux cégeps et aux universités. Les étudiants sont de jeunes adultes, donc sans doute plus à risque que les tout-petits. De plus, il ne faut pas prévoir la rentrée avec les données actuelles : il faut planifier selon l’état probable de la pandémie en septembre. Or, il est extrêmement probable que le Québec soit aux prises avec une deuxième vague à l’automne, qui nous forcera de nouveau au confinement. Sachant cela, ne serait-il pas plus avisé de garder le cap, puisque la plupart des établissements d’enseignement supérieur ont déjà planifié une rentrée presque entièrement en ligne ? Pourquoi plonger les enseignants et les étudiants dans l’incertitude et gâcher le travail déjà accompli ?
— Julien Charest, enseignant au cégep John Abbott

Et les cégeps ? et les universités ?

C’est le grand silence concernant les cégeps et les universités. La motivation des jeunes adultes n’est pas très différente de celle des ados. Les frais de scolarités seront-ils ajustés en fonction de l’enseignement en ligne ?
— Jean Fournier

Un vent de fraîcheur

Ce qui est merveilleux dans cette démarche et ce soutient pour la rentrée scolaire en septembre 2020, c’est que l’éducation va pouvoir se réinventer. Imaginez ! Des directions d’école qui assumeront leur capacité de leadership. Des directions d’école qui sauront repérer leurs enseignants leaders, créatifs et fonceurs. Imaginez ! Des équipes-écoles qui discuteront, réfléchiront, se partageront des idées, des projets, qui formeront des vraies équipes. Imaginez, des enseignants qui identifieront leurs élèves leaders et ambitieux. Ça fait longtemps qu’on doit brasser la cage (vous comprenez que c’est une façon de parler) de toutes ces directions, de tous ces enseignants qui se cachent malheureusement derrière leurs syndicats ou sur l’échelle hiérarchique de leur position tout en se plaisant dans les versions faciles. Un vent de fraîcheur passe et il faudra embarquer sinon des discussions inutiles et interminables prendront forme. L’éducation, qui doit se mettre au diapason et se réinventer, deviendra un atout pour tout un chacun. Les classes doivent être vivantes, captivantes et intéressantes. Les commissions scolaires, devenues des centres de services, pourront faire confiance aux équipes-écoles et leur déléguer de belles libertés. Un merveilleux défi pour les enseignants qui voudront se dépasser et s’amuser à faire découvrir l’appétit d’apprendre.
— François Robert jr, Québec