Et s’il y avait du bon dans cette crise forcée ? s’interrogeait François Cardinal, dimanche dernier, lors de son premier rendez-vous hebdomadaire pour donner la parole aux lecteurs de La Presse. Voici une nouvelle sélection de courriels reçus.

J’ai pris la décision d’être plus présente dans chaque activité quotidienne. Mieux ressentir, mieux respirer. Faire peut-être moins, mais mieux. La brassée à plier sera encore là dans une heure, mais savourer un repas fait avec plaisir aura meilleur goût !

Julie Morissette

Vivre…

J’avais déjà amorcé un virage de simplicité et d’achats locaux. Je repense à ma façon de rêver aux voyages : l’avion ne sera pas mon premier choix. J’ai envie de découvrir mon Québec puis mon Canada. Je vais continuer ma recherche du savoir, soit en m’impliquant dans mon quartier ou en retournant aux études. Je vais continuer de prioriser ma santé physique et mentale. Je vais choisir le bonheur, la douceur et la paix. J’espère continuer à me rendre utile envers ma famille et les autres. Vivre…

Nicole Carrière, Montréal

Place à la nature

Depuis deux ans, j’ai une voiture électrique ; je n’ai jamais eu de motoneige, de quad ni de moto. J’aimerais que l’on délaisse tous ses jouets qui fonctionnent à l’essence et qu’on retrouve le plaisir des loisirs sans essence ni bruit. La nature en a bien besoin.

Ronald Grenon

De nouvelles habitudes

Je crois que nous avons tous pris conscience que la proximité avec les autres est source de contamination aux virus. Rhumes et grippes ont toujours fait partie de nos vies, mais dans les années à venir, je prédis que nous en « attraperons » moins grâce à nos nouvelles habitudes d’hygiène et de distanciation.

Marie-Christine Perras

Reprendre une vie normale

Pour ma part, je ne vois pas pourquoi je changerais quoi que ce soit à cause de l’expérience de la pandémie de COVID-19. J’ai plutôt hâte de reprendre ma vie normale, de revoir mes enfants, mes petits-enfants, mes amis. Et si j’apporte des changements, c’est que je les aurais apportés d’une manière ou d’une autre. Collectivement, contrairement aux Américains, nous avions ici un bon filet social et une gouvernance qui est à l’écoute des besoins de base de sa population et le système semble bien fonctionner. Alors encore là, il n’y a rien à changer, sinon peut-être de mieux se préparer stratégiquement et financièrement pour le prochain cataclysme.

Pierre Lemelin

Chassez le naturel, il revient au galop

Nous aurons beau confiner, isoler, laver nos mains, garder nos distances, dès que la pandémie aura cessé ses ravages, la nature humaine reprendra ses bonnes vieilles habitudes. Incitée et nourrie par les stratèges marketing, les financiers et les politiques, la consommation débridée reprendra, les tours de bureaux et les centres commerciaux seront à nouveau remplis, la fête continuera. Malheureusement, nous oublierons les « bonnes » leçons de la COVID-19. Avons-nous changé comme société, comme civilisation, depuis la dernière crise économique, la dernière guerre, la dernière pandémie ? Poser la question, c’est y répondre : non ! Pourquoi changerait-on maintenant ?

Guy Djandji

Ces gens qui m’entourent

Après la pandémie, la routine reprendra vite ses droits, mais je garderai à l’esprit le plaisir d’être attablé dans un café avec tous ces gens qui m’entourent. Je goûterai davantage mon plaisir lors de visites à mes parents âgés. Je serai plus patient au cinéma si deux personnes parlent encore au début du film, car on le visionne en groupe. Je tenterai de me rappeler le confinement lorsque nous aurons un souper au resto en famille. Et je serai plus efficace à me laver les mains !

Michel Périard, Repentigny

Gardons les commerces fermés le dimanche

La fermeture des commerces le dimanche, je l’apprécie énormément. Et j’ose espérer que le gouvernement maintiendra cette pratique après la crise. Cela permettrait aux familles de se retrouver et de profiter d’une journée ensemble. À l’époque où la conciliation travail-famille est tellement compliquée, cela aiderait sûrement.

Pierre Lussier

Un peu de « bon vieux temps »

Je me rends compte que je m’organise très bien avec moins, je suis plus créative et je fais moins de gaspillage. C’est quelque chose que je veux garder. Je souhaite aussi qu’à l’avenir, les commerces restent fermés le dimanche comme avant afin que des rencontres de famille soient possibles et que nos parcs soient remplis de monde. Même si je ne suis pas vieille, un peu de « bon vieux temps » ferait du bien.

Joane Caron

Sus au « léchage de faciès »

Ça fait déjà un bout de temps que les bises et les accolades et tout le « léchage de faciès » qui entoure la rencontre de deux personnes m’irritent au plus haut point ! Enfin, j’ai une raison et un motif de refuser ces attouchements non essentiels et saluer ces gens verbalement. Donc, pour le reste de mes jours, fini les poignées de main, bises et accolades avec des étrangers.

Mario Domenico, retraité, Laval

Un incident historique

Premier changement : arrêter d’en parler. Je crois que de la même façon que je fais tout pour éviter la propagation du virus, je ferai tout pour revenir exactement aux mêmes habitudes qu’avant, homéostasie oblige. Par contre, mon regard sur le monde risque d’être différent ; il est encore trop tôt pour répondre, tout dépendra de la suite des choses. Ce qui est certain, c’est qu’il y aura un avant et un après-coronavirus, cet incident déjà historique fera de nous tous des êtres profondément plus vulnérables.

Christian Castonguay, Laval

Comme avant

Non, ça va durer un certain temps, puis si l’économie repart, tout redeviendra comme avant. C’est dans la nature de l’être humain. Pour que ça change, il faudrait que cette pandémie tue vraiment beaucoup de gens de toutes les tranches d’âge. Une question : si la pandémie, après le bilan, se trouve beaucoup moins importante que prévu, que va-t-il se passer la prochaine fois ? Quelle sera la réaction aux nouvelles consignes ?

Georges Picard

Maintenir certains changements

Oui, bien sûr, je vais essayer de garder les changements que je viens d’apporter dans ma vie. Moi et mon conjoint, nous travaillons dans le milieu de la construction. Lui est entrepreneur et moi, gérante de projets dans une grande entreprise. La vie va vite dans ce milieu et la concurrence est forte.

La marche et les sorties à l’extérieur sont plus présentes maintenant. Je suis assez active lorsque le beau temps arrive, mais l’hiver, je ne marche pas vraiment. Je vais tenter de garder cette habitude qui fait du bien autant au corps qu’à la tête ! De plus, faire des randonnées dans le bois, au chalet, sera à prescrire plus souvent. Également, prendre plus de temps avec les enfants nous fera tous du bien. On voyage beaucoup avec eux, mais profiter des petits bonheurs de la vie au quotidien sera aussi à mettre à l’ordre du jour.

Maryse Belhumeur

Le monde entier se serre les coudes

J’ai retrouvé le goût de réfléchir, de mettre l’accent sur l’important, de mettre un frein au superflu. J’ai retrouvé ma créativité pour survivre, me tenir en forme et distraire et encourager mes amis. Les vrais amis se manifestent, les autres se fichent royalement de nous. Les familles se sont serré les coudes. Les parents ont pu parler avec leurs ados. Beaucoup de dépenses inutiles seront réfléchies. Les cigales du monde entier vont peut-être engranger un peu d’économies afin de ne plus être dépendantes de la paie de la semaine. Le monde entier se serre les coudes. Allons-nous voir la fin de nos chicanes intestines ?

Rose Mondou

Nous irons voir nos aînés plus souvent

Avec le confinement, j’ai fait une méchante prise de conscience sur la détresse que doivent avoir nos aînés qui sont dans les résidences de personnes âgées ou seuls dans leur logement. Je vis cet isolement temporaire depuis seulement quelques semaines et je commence à capoter même si je suis en santé, alors j’imagine l’ennui que doivent vivre ces parents ou grands-parents qui habitent dans leur résidence depuis plusieurs années. Ce qui doit changer dès que le coronavirus sera derrière nous, c’est la fréquence des visites à nos aînés. Fini les trois visites annuelles à Pâques, à Noël et à leur anniversaire. À partir de maintenant, ce sera trois visites par semaine. Faites-le avant qu’ils ne partent pour le grand voyage, ils s’envoleront alors avec le sourire… plutôt que les larmes.

Guy Sirois, Québec