Le gouvernement de la CAQ a présenté une nouvelle signature visuelle pour les écoles publiques du Québec. Plusieurs lecteurs nous ont fait part de leur vision de l’école québécoise de demain. Voici un aperçu des courriels reçus.

Le contenant et le contenu

Un plus joli contenant, c’est bien, mais aider les artisans du contenu, ce serait mieux…

— Francine Jetté

Une école qu’on aura envie de fréquenter

Pour rêver à l’âge adulte, il faut tourner le regard vers l’extérieur. Par-delà son quartier, la nature, lever le nez de son petit écran, songer à la place qu’on occupe dans le monde.

La signature architecturale proposée pour les écoles publiques du Québec offre un condensé d’un village, pour grandir en tout respect du proverbe africain, laissant entrer la lumière au sens propre et figuré. L’école devenant enfin le lieu propice à l’éclosion de jeunes esprits pour qui rien ne doit être impossible.

Ajoutons-y des enseignants hyper motivés, des classes décloisonnées, une bibliothèque riche de savoir, des îlots d’expérimentation, l’agora où foisonneront des idées à débattre et à réaliser, une cafétéria-carrefour où la malbouffe sera interdite, des aires de jeux, de sport, sans oublier le dehors. Voilà une école qu’on aura envie de fréquenter, à donner envie d’apprendre durant toute sa vie.

— Carol Patch-Neveu, Montréal

Je retourne à l’école !

Moi, je retourne à l’école si les classes et les alentours ont l’air de ça ! Non, mais quel changement ! Maintenant, il ne manquera plus qu’un bon programme d’enseignement stable et intéressant pour tous, y compris les enseignants. 

— Johanne Arcand

Les quartiers défavorisés

Je souhaite que tous ces projets de belles écoles soient prévus dans les quartiers défavorisés, là où les jeunes ont le plus besoin d’avoir envie d’aller à l’école !

— Annick Lussier

Création théâtrale et bibliothèques

Que chaque école puisse avoir un espace réservé pour la création théâtrale. Qu’une bibliothèque puisse être garnie de plusieurs bouquins, des auteurs du Québec, bien sûr. Que des couleurs stimulantes et reposantes puissent être choisies pour quelques murs. Et une fenestration intelligente. 

— François Robert jr, Québec

L’écologie

Je souhaite que les nouvelles écoles soient munies de plus d’espaces verts, de jardins, de plantations d’arbres. Les élèves pourraient contribuer à une écologie d’apprentissage et ainsi apprendre à prendre soin de la nature.

— Sophie Tougas, Bedford

Encourager les enfants

Maintenant que nous avons figuré le contenant, il est temps de s’occuper du contenu. Les enfants, pour grandir, ont besoin de développer, outre le français et les mathématiques, les arts, le sport et les sciences. Espérons que ces nouveaux milieux ne se seront pas créés au prix des outils d’apprentissage. On a besoin d’enseignants motivés et de ressources pour les accompagner afin de développer les élèves. Je ne crois pas que tous les élèves soient des cancres avec des parents qui ne les soutiennent pas. Au contraire, tous les enfants sont curieux et veulent apprendre; il faut avoir un système qui maintient leur intérêt et les encourage à faire des progrès.

— Carole Croteau

L’être humain et le savoir

Une école physiquement vivante et lumineuse; fini les bunkers ! Une école ouverte sur la différence, la tolérance, le respect et la reconnaissance. Une école reconnue qui valorise le travail de l’enseignant, son autonomie et son expertise comme éducateur. Une école rigoureuse, qui place l’être humain et le savoir au centre de ses préoccupations. 

— Diane Lafleur

« Je me souviens »

Oui à la belle architecture moderne et centrée sur nos éléments premiers que sont le bois et l’aluminium. Mais, de grâce, évitez la froideur, les espaces sans caractère, l’absence de personnalité. Mettez des noms sur les murs, des images dans les corridors et autres rappels de ce qu’est le Québec et, surtout, de qui l’a construit. Fernand Seguin, Judith Jasmin, Robert Bourassa, Armand Bombardier… Les jeunes auront alors plus concrètement envie de s’identifier, de s’inspirer. « Je me souviens », et pas seulement de nos numéros de plaques d’immatriculation.

— Marc-André Bédard, professeur titulaire à l’UQAM

Une deuxième maison

Je souhaite des écoles très aérées et lumineuses. Ces écoles auraient des couleurs très zen et il y aurait de nombreuses fenêtres pour faire entrer abondamment la lumière extérieure. Les écoles ne doivent pas ressembler à des prisons, comme c’est le cas pour plusieurs d’entre elles actuellement.

C’est ce qui me frappe le plus lorsque je reconduis mes petits-enfants dans leurs écoles respectives. Si on mange avec les yeux d’abord, ça vaut aussi pour l’environnement des élèves pour bien apprendre. Les matériaux utilisés seraient fabriqués au Canada dans la mesure du possible. Je veux des écoles qui représentent bien les enfants, puisqu’ils y passent la plus grande partie de leurs temps. Il faut qu’elles deviennent une deuxième maison où ils se sentent bien et en confiance. 

— Pierrette Patry

Des écoles lumineuses

Quel que soit le lieu, c’est l’accompagnement, l’encouragement, la reconnaissance des besoins individuels et surtout beaucoup d’amour des enseignants qui sont des héros ces temps-ci. 

Souhaitons des écoles lumineuses orientées vers le Sud pour joindre l’écologie à la beauté. En plus de matériaux locaux comme le bois, le chanvre… Et pourquoi ne pas faire participer les futurs locataires de ces lieux à la création de murales significatives pour ces groupes d’âge ?

— Alain Boulanger

De beaux espaces

Des écoles avec de beaux espaces, de grandes fenêtres, un gym, un endroit de lecture, une cour de récréation avec des aires de jeux, des bancs de parc, de l’aménagement paysager, une cafétéria, sinon des machines avec des produits santé, et le tout géré par un directeur d’école avec un conseil d’administration où les parents sont impliqués. Un programme mis en place pour l’entretien, les réparations, etc. Si l’école est près d’une bibliothèque municipale, éviter d’en mettre une dans les locaux de l’école et inciter les élèves à y aller…

— Francine Sauvé

L’éducation avant tout

Je regarde ces grandes fenêtres et je trouve ça très beau. Combien coûtera l’entretien de ces fenêtres ? Combien coûteront le chauffage et la climatisation à cause de ces grandes fenêtres ? J’espère que les coûts à long terme font partie des préoccupations pour ces nouvelles écoles, parce qu’il serait triste que leur mission première soit brimée. L’enjeu premier d’une école est l’éducation, ne l’oublions pas. 

— France Marleau

Pas un bien de consommation

Je souhaite la fin du clientélisme en éducation. Je souhaite qu’on cesse de voir l’éducation comme un bien de consommation. Par-dessus tout, je souhaite que les enseignants soient reconnus et rémunérés à la hauteur de leur contribution à la société.

— Claude Boivin, La Prairie

Le privé contre le public

Une signature visuelle toute québécoise teintée du bleu national d’un côté, et de l’autre, les écoles privées qui continueront sans relâche à attirer les meilleurs éléments. J’applaudis cet effort de rendre l’école plus attrayante, mais je persiste à croire que la lutte est inégale entre le public et le privé, et c’est cette dichotomie qui est principalement responsable du décrochage scolaire, pas la désuétude des installations publiques. 

— Christian Castonguay, Laval

Croire en nos jeunes

Bien que l’environnement ait son importance pour la santé physique et mentale des élèves comme des professeurs et des professionnels qui les soutiennent, je souhaite qu’on redonne toute sa valeur à l’éducation strictement publique.

Prendre conscience d’abord, comme beaucoup de scientifiques le démontrent depuis plusieurs années, que la courbe exponentielle de l’iPhone et celle du déficit d’attention évoluent en parallèle. Pour contrer ce lourd handicap à l’apprentissage, il faudrait reconstituer les classes spéciales pour les enfants les plus durement touchés, parce que souvent issus (mais pas seulement) de milieux défavorisés; il faudrait fournir deux enseignants formés jusqu’à la maîtrise même au primaire (comme le cas de la Finlande si bien illustré dans le film Demain); au nécessaire apprentissage de lecture (augmentée) et de calcul et autres bases, on devrait ajouter des séances de méditation guidée deux fois par jour, puisque la sérénité, ça s’apprend (Christophe André, psychiatre).

Ainsi pourrions-nous rêver de jeunes qui luttent pour la vie dans toute sa diversité. Des jeunes qui prouvent qu’un autre avenir que celui d’une croissance infinie dans un monde fini est possible. Des jeunes imperméables aux théories absurdes du créationnisme ou de « l’aplatisme », tout comme aux fake news.

Je crois en nos jeunes. Je crois qu’un éveil des consciences est possible à tout âge. Et quiconque élève un peu sa réflexion constate à quel point l’éducation a perdu ses lettres de noblesse au profit d’une information soi-disant démocratique (en fait, basée sur une idéologie ultralibérale qui n’anime que des mouvements de peur, de colère, d’anxiété narcissique ou de compétition), mais qui place en fait les Québécois sur la voie de la crétinisation.

— Marie-Claude Delisle