L’éditorial d’Alexandre Sirois sur le commerce de détail publié dimanche, « T’achètes sur Amazon ? Non, dans ma zone ! », a suscité de nombreux commentaires de consommateurs. Voici un aperçu des courriels reçus.

Le stationnement de proximité

On fait souvent référence aux commerces de proximité pour contrer le phénomène des achats en ligne, mais pourquoi ne pas ajouter le stationnement de proximité ?

— Lucette Bertrand

L’incompétence des employés

Grand défenseur des achats locaux, je dois avouer comprendre ceux dont les Amazon de ce monde sont devenus la référence. L’incompétence quasi constante des employés à bas salaire et leur attitude déplaisante rendent la visite d’un magasin souvent désagréable. Pour témoin les soi-disant libraires ou les employés d’une boutique à qui j’ai dû récemment donner un cours sur le padding des chaussures dont ils ne connaissaient vraiment rien. Les taxis ont compris que des améliorations étaient nécessaires pour survivre ; que les commerces de ma zone en fassent autant.

— Jacques Corcos

Moins cher

J’ai toujours favorisé les achats locaux, mais il est impossible d’avoir tous les types de commerce dans son quartier, et comme le déplacement en voiture est de plus en plus difficile pour aller dans le quartier voisin en raison des vignettes de stationnement, je commande par l’internet. Le coût de livraison, lorsqu’il y en a, est généralement inférieur au coût de stationnement.

— Sylvie Duguay

Le service et le sourire

Je suis parfaitement d’accord pour privilégier l’achat local. Par contre, lorsque j’achète localement, je sais pertinemment que je vais peut-être payer un peu plus cher. Aucun problème pour moi à condition que je sois bien servi et avec le sourire. Aujourd’hui, tu entres dans un commerce, et dans bien des cas, on t’ignore totalement où on s’occupe de toi comme si tu dérangeais. Dans des cas comme ça, je ne me sens nullement coupable de commander sur l’internet !

— Andrée labelle

Pourquoi m’en priver ?

Pour une personne comme moi, qui habite en banlieue, le magasinage en ligne est beaucoup plus facile et économique. Traverser les ponts, trouver et assumer le coût du stationnement à Montréal est un sérieux problème. Par ailleurs, le jour où les commerçants locaux offriront les prix et la qualité du service que j’obtiens auprès des marchands en ligne, je songerai à visiter ceux-ci. De plus, pensez-y : si moi et mes voisins achetons en ligne, ce n’est qu’un camion qui fera la livraison et non 10 voitures qui se déplaceront. Pour l’environnement ça me semble un plus. Je fais donc un geste positif pour l’environnement et j’économise temps et argent. Pourquoi m’en priver ? Comme disait ma mère : « Charité bien ordonnée commence par soi-même. »

— Louis Forget, Saint-Bruno-de-Montarville

Magasiner dans les boutiques, acheter sur l’internet

Le plus triste dans cette histoire, c’est qu’il y a beaucoup de gens qui vont dans les magasins locaux pour voir la marchandise, poser des questions et faire des comparaisons. Puis, ils retournent chez eux commander leur choix sur Amazon !

— Marc Blancval, Joliette

Amazon détruit le commerce de détail

Je n’ai jamais acheté sur l’internet, même mes vacances. Je vais voir sur l’internet et après avoir fait des choix, je vais dans une agence de voyages. Je crois que le fait d’aller dans une agence me donne une assurance que j’ai difficilement sur l’internet si un problème se présente. C’est à ce moment-là que l’achat en ligne devient kafkaïen. Je connais des gens qui ne fonctionnent que par l’achat sur l’internet et c’est fou le gaspillage qu’ils font, le retour des produits est particulièrement déficient. Dans les années 60, les centres commerciaux ont détruit les centres-ville. Amazon est en train de détruire le commerce de détail. 

— Georges Picard

En contact avec son prochain

Nos commerces locaux méritent qu’on les fréquente régulièrement. Sinon arrivera le jour où le commerce électronique enraiera de nos vies le contact personnel avec du vrai monde. N’est-il pas plus agréable et sain d’échanger avec les employés en magasin que de pitonner sur un ordi pour obtenir les produits dont nous avons besoin ? Le loisir de pouvoir comparer, de vérifier la qualité d’une marchandise vaut également son pesant d’or. Mais avant tout, ce dont nous nous privons en favorisant le commerce en ligne, c’est le rapprochement avec nos semblables. Tout être humain a besoin de côtoyer d’autres humains au quotidien pour éviter la déprime engendrée par la solitude. La fréquentation des commerces de notre quartier est une bonne façon d’ être en contact avec son prochain.

— Nicole Lavoie

Dans ma zone

Je vais au restaurant dans ma zone, au gym dans ma zone, au cinéma dans ma zone, chez le coiffeur dans ma zone, je vais à la pharmacie dans ma zone, je fais mon épicerie dans ma zone, je me procure mes vêtements dans ma zone, j’achète mon essence dans ma zone, je répare ma voiture dans ma zone, etc. Je vais au Canadian Tire et au Rona dans ma zone, parce qu’ils répondent à mes besoins. Certains détaillants se sont mis à la page et utilisent l’internet afin de vendre et promouvoir leurs produits. Effectivement, certains petits commerces devront fermer, mais nous vivons dans un monde de consommation et de compétition ; celui qui répond le mieux à mes besoins aura mon soutien. Mes moyens sont limités, les salaires et les pensions demeurent inchangés pendant que le coût de la vie augmente. Quand vous avez l’info sur l’internet et que vous pouvez faire quelques petites réparations vous-même, allez-vous faire venir un plâtrier ? Il en va de même pour Amazon. À coût égal, c’est certain que j’encouragerai le petit commerçant, mais autrement, je ne changerai pas mes habitudes. Ce n’est pas un choix, mais une question de survie budgétaire.

— Denis Potvin

Éliminer les intermédiaires

L’achat en ligne élimine les commerçants qui sont des intermédiaires entre les fabricants et les consommateurs. C’est la dernière étape qui a commencé avec les grandes surfaces. Ils ont fait disparaître les magasins de proximité qui donnaient un service après-vente. La fabrication en Chine ou dans d’autres pays d’Asie a diminué la marge de profit qui fait en sorte que réparer un article revient plus cher que d’en acheter un neuf. Mon premier vidéo, je l’ai payé 800 $ et il était fabriqué à Montréal ; le second, 79 $, et fabriqué en Chine. Méchante marge ! 

— Réjean Houle

À quand un Amazon canadien ?

Oui, le commerce de détail est en pleine transformation, mais cela ne date pas d’hier. Déjà, depuis des décennies, le commerce de détail a entamé une lente évolution de ses processus et de son approvisionnement. Les commerces ne vendent presque plus du fabriqué local ; les marchandises en provenance de l’Asie règnent sur nos tablettes. Les prix bas et la qualité sans cesse croissante des produits chinois font en sorte que l’industrie manufacturière est presque disparue ici. Alors, il est évident qu’un géant comme Amazon, avec son pouvoir d’achat, offre une plus grande variété et des prix plus bas que ne le peuvent les marchands locaux. 

Mais, attention : Amazon, ce n’est qu’un grand distributeur ; il peut également distribuer des produits locaux s’ils sont offerts. Votre exemple de Stokes est très approprié ; cette entreprise ne vend presque exclusivement que des articles fabriqués en Chine. C’est évident qu’ils ne peuvent pas gagner dans le même créneau qu’Amazon. Pour se différencier, il aurait fallu offrir une gamme de produits artisanaux locaux en exclusivité. L’exemple de La Cordée est moins évident, car celle-ci offre des services et de l’expertise qu’Amazon ne peut que difficilement offrir. Elle pouvait se démarquer, et c’est son administration qui n’a pas su adapter ses méthodes au fil du temps et à notre époque, qui pourrait avoir raison d’elle. Ce n’est pas Amazon qui la menace, mais bien les compétiteurs locaux tels que Sportium, Sail et autres, qu’elle a laissé lui ravir sa part de marché. 

Comment faire pour concurrencer Amazon ? Il faut être original et offrir des services et des produits uniques et exclusifs. Il faut combattre à armes égales ; un regroupement d’entreprises pourrait offrir un service similaire à celui d’Amazon. Amazon a pris avantage d’un phénomène qui se développe depuis bien des années ; les détaillants et même les grossistes gardent peu en inventaire. 

Amazon, c’est un hyper réseau d’entrepôts et de grossistes affiliés couplé à un réseau de distribution impeccable. À l’aide d’algorithmes sophistiqués, Amazon garde en stock ce qui se vend bien et vous le livre rapidement. 

Si on y pense bien, Amazon est le regroupement de centaines d’entreprises qui offrent des produits ; elle leur offre un réseau efficace d’entrepôts et de distribution. À quand un Amazon canadien ?

— Jacques Bournival

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