Les commerçants de la rue Saint-Denis ont-ils raison de protester contre le projet d’autoroute du vélo de la mairesse Valérie Plante ? Les avis sont partagés parmi nos lecteurs, qui ont été plus de 300 à répondre à notre appel à tous. Voici un aperçu des courriels reçus.

POUR

Un véritable réseau cyclable

Je suis tout à fait pour le développement d’un véritable réseau cyclable. Il est temps que les commerçants prennent conscience que leur intérêt va dans ce sens et qu’il est contre-productif d’agir comme ils le font. Je ne vais plus au centre-ville ni sur la rue Saint-Denis en voiture. Le vélo est mon premier choix et le métro, mon deuxième.

— André Cournoyer

Confortables et performants

Je suis entièrement pour : économique, bon pour la santé, non polluant ! Les vélos évoluent beaucoup et sont confortables et performants, y compris l’assistance avec des batteries. On peut aussi installer des sacoches pour transporter l’épicerie et d’autre matériel. Très facile à entreposer, ça ne prend pas de place ! Go, go, go !

— John Martin

Circuler efficacement

Le vélo étant un moyen de transport, il est nécessaire qu’il puisse circuler efficacement et de façon sécuritaire pour atteindre les destinations importantes. Le cycliste pourra circuler efficacement s’il peut se déplacer rapidement sans devoir faire des détours inutiles, sans devoir s’arrêter à chaque intersection, et s’il peut traverser facilement les entraves à la mobilité nord-sud que sont l’autoroute métropolitaine et les deux voies ferrées. Le cycliste circulera de façon sécuritaire si sa voie est bien délimitée et séparée du reste de la circulation par des barrières physiques, et s’il peut voir et être vu aux intersections.

Le Réseau express vélo (REV) Saint-Denis répond à ces deux critères : il permettra une circulation efficace des cyclistes dans une voie importante située relativement au centre de la ville et sera sécuritaire. De plus, l’intégrité physique des personnes est un droit plus important pour notre société que le privilège de garer son automobile. Sans oublier que le REV permet aussi aux clientèles vulnérables de circuler, notamment ceux qui utilisent un vélo à assistance électrique, qu’ils soient âgés ou non.

— Elaine Bélanger

Un moyen de rendre la rue plus attirante

Je suis pour. Promouvoir le vélo sécuritaire, c’est une bonne idée et si on peut se brancher facilement aux axes est-ouest, c’est encore mieux. La rue Saint-Denis à vélo serait un moyen de magnifier encore plus cette rue arborée et la rendre plus attirante pour les promeneurs ; de ce fait, les commerces qui la bordent ne s’en porteraient que mieux. De plus, ce serait sûrement un lieu plus agréable où manger à une terrasse et où marcher, à condition que cette voie soit joliment aménagée, bien sûr !

— Renée Gravel

Plus que temps

Il y a longtemps que cette autoroute aurait dû être faite.

— Yvan Bolduc

Essentiel au développement efficace et sécuritaire du vélo

Une ville au neutre est une ville qui n’avance plus. Nous faisons face à un fait : le vélo est partie intégrante du transport urbain au même titre que la voiture ou les transports en commun. La venue du REV est donc essentielle au développement efficace et sécuritaire de ce moyen de transport. Il était temps de se doter d’infrastructures adéquates. Cela étant dit, le développement du REV ne doit pas se présenter comme un mode de développement économique, mais plutôt comme ce qu’il est : un axe routier fluide et sécuritaire pour vélos. Prétendre le contraire relève à mon avis de l’utopie. La rue Saint-Denis comme axe commercial de destination, c’est du passé. Le REV n’y changera rien et va en faire une belle artère commerciale locale et de proximité. Enfin, la fluidité du transport, c’est aussi la voiture. Développer le REV ne doit pas se faire en détériorant les voies pour automobiles ou les restreindre à s’embouteiller dans certaines rues. La voiture à essence sera bientôt remplacée par la voiture électrique, mais restera encore une partie importante du transport.

— Nicolas Thibault, Montréal

CONTRE

Le shopping à vélo, une utopie

Je suis contre le REV. Nous vivons dans un pays où l’hiver ne préconise pas l’utilisation de vélo pour les déplacements. De plus, je ne peux croire à l’augmentation d’un trafic de magasinage pour les commerçants. Faire du shopping à vélo à Montréal ne peut être qu’une utopie.

— Danièle Beauchamp

Ce n’est pas une rue pour ça

Pour vivre avec la rue Saint-Denis comme voisin (angle des rues Roy et Saint-Hubert), je l’ai vu dépérir, après une dizaine d’années à écouter toutes les promesses des élus et les plaintes des commerçants. Rien n’a changé, au contraire, et le REV va l’achever. Ce n’est pas une rue pour ça. On la dit commerciale et le commerce, c’est 365 jours par année. Ce n’est pas une activité saisonnière.

— Jean Pagé

On ne peut pas transformer Montréal en Amsterdam

Je suis contre. On ne peut pas transformer Montréal en Amsterdam par la force. Je suis une cycliste urbaine qui fait des milliers de kilomètres par année. Il est irréaliste de prétendre que les cyclistes vont s’arrêter dans la rue Saint-Denis, cadenasser leur vélo, espérer qu’il ne sera pas volé, et aller faire du shopping. Par ailleurs, Saint-Denis est devenue une rue moche parce elle a trop souffert des multiples travaux effectués pendant une période beaucoup trop longue. Plusieurs commerçants ont quitté les lieux et il n’y a presque plus d’âme dans cette rue, seulement quelques commerces toujours intéressants qui se battent — Planète BD, Courir, Le Valet d’Cœur, Laoun, le nouveau Rachelle-Béry, Renaud-Bray — et qui sont insuffisants pour détenir un véritable pouvoir d’attraction.

Les commerçants ont besoin de l’aide de leur Ville, pas d’un projet mal conçu, controversé et imposé dans l’urgence et dans un esprit dictatorial. Le retour de la belle atmosphère des années 90 où tout le monde allait se promener dès le printemps venu rue Saint-Denis est possible, mais il ne commence pas par le vélo, même en temps de pandémie. Les gens s’achètent des vélos en grand nombre, mais ça ne fait pas d’eux des utilisateurs au quotidien, une masse de consommateurs prêts à envahir la rue Saint-Denis. La Ville devrait cesser d’imposer ses idées politiques qui reposent sur des prémisses inexactes, déconnectées de la réalité et dogmatiques, et travailler de concert à la recherche de solutions négociées… comme à Amsterdam.

— Geneviève Dagenais

La pandémie comme moyen d’agir sans consultation

Je suis totalement contre. La rue Saint-Denis est une artère commerciale et a vécu ces dernières années des travaux qui n’en finissent plus. Cette artère était considérée dans le passé comme une artère centrale et d’urgence pour rejoindre l’hôpital Saint-Luc. Aucune vente trottoir ne pouvait s’y tenir compte tenu de ce qui précède. Pourquoi maintenant serait-il possible d’en faire une autoroute de vélos ? Mme Plante profite d’une pandémie pour instaurer ces pistes sans consultation. Les pistes cyclables devraient être dans des rues adjacentes et non dans des artères principales. C’est une aberration de circuler à Montréal présentement. De plus, les cyclistes ne respectent pratiquement pas les règles de circulation : arrêts, feux de circulation, sens uniques, et j’en passe. J’ai démissionné de mon travail de livreur de pharmacie à temps partiel dans le quartier Rosemont à cause de tous ces chambardements. Mme Plante, prenez votre chauffeur et allez vous promener dans Montréal. Prévoyez beaucoup de temps, car il en faut le double pour atteindre notre but.

— Paul Fillion

À 62 ans, je ne vais pas commencer à me promener à vélo

Sans être totalement contre, je trouve que l’on mise beaucoup trop sur une catégorie de gens, probablement pour les inciter à demeurer à Montréal. À 62 ans, je ne vais pas commencer à me promener à vélo et encore moins à faire mes courses en transports en commun. Cela étant dit, je resterai dans mon arrondissement et j’irai acheter moins dans les arrondissements où le stationnement est réduit. C’est dommage, car je suis une consommatrice qui aime aller partout dans l’île.

— Anne Lavergne

Ça va faire, les pistes cyclables

Non, je suis tout à fait contre. Ça va faire, les pistes cyclables : les automobilistes n’ont plus d’espace pour circuler. Non, non et encore non.

— Marcelle Gagnon

On veut en faire une route de village

La rue Saint-Denis porte aussi le nom de « route provinciale 335 », tout comme d’autres grands axes nord-sud et est-ouest de l’île. On veut en faire une route de village. « Monter » le boulevard Saint-Laurent, c’est déjà l’enfer (stationnement en double !). Qu’en sera-t-il avec une seule voie vers le nord dans la rue Saint-Denis, qui offre plus de fluidité et qui dessert les quartiers parmi les plus densément peuplés de Montréal ?

— Marc David, Montréal

Sacrifiés, mais non résignés !

Les commerçants de la rue Saint-Denis, ou plutôt les « sacrifiés » de la rue Saint-Denis, sont à bout de souffle. Ils vivotent avec l’administration Plante sous le poids des impôts, des charges sociales et des taxes ! Et maintenant, on continue à les asphyxier au nom des sacro-saintes pistes cyclables. Il ne leur reste que l’oratoire Saint-Joseph pour aller prier, en attendant les élections pour sortir l’administration en place. Sacrifiés, mais non résignés !

— Martine Oger