L’éditorial de François Cardinal sur la relance de Montréal publié le 20 juin, « La ville est un laboratoire », a généré une centaine de commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Pas pour le commun des mortels

Vous avez raison : Montréal est devenu un laboratoire, un endroit réservé aux chercheurs et scientifiques et non pas au commun des mortels. Ça fait des lunes que je n’ai pas mis un pied à Montréal et c’est tant mieux ainsi.

Michel Dupuis, Saint-Constant

Utile contrepartie

On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. On n’apprend rien en n’essayant rien. Utile contrepartie au collègue Mario Girard, cet éditorial.

Robert Fleury

Des rues visitées par les gens du quartier

J’en parlais avec ma conjointe hier soir que des rues comme Saint-Hubert, Mont-Royal et Fleury sont visitées par les gens qui demeurent autour. Vos statistiques le prouvent bien.

Yvan Bolduc, retraité

La liberté de choisir

Je suis en total désaccord avec votre analyse. Ce qui est important dans une société, c’est la liberté de choisir le modèle de vie que l’on veut comme citoyen et non de subir des décisions erratiques et mal planifiées d’un régime municipal autocratique.

Roger Michaud, MBA

C’est très bien ainsi !

Oui, c’est très bien ainsi ! Mais pas certain que si vous avez un commerce qui est votre seul gagne-pain, que vous devez payer 8000 $ par mois de loyer et 20 000 $ de taxes par année et que vous avez perdu plus de 50 % de votre clientèle parce que ces rues sont à moitié désertes et surtout envahies par des itinérants et quelques passants qui n’ont même pas un banc pour s’asseoir… Montréal deviendra comme Detroit si ça continue, avec ses rues de plus en plus sales. Oui, c’est très bien ainsi !

Laurier Sirois

Il doit y avoir des conditions

Oui à l’expérimentation et au laboratoire. Cependant, comme toute expérience, il doit y avoir des conditions. Primo, les cobayes doivent être d’accord. Ils ont beaucoup plus à perdre que nos élus en cas d’essais infructueux. La consultation préalable est donc essentielle. Secundo, on doit pouvoir s’entendre sur les critères de succès. On doit donc y aller de mesures observables et idéalement quantifiables. À défaut de cela, on a plus affaire à du dogmatisme qu’à du pragmatisme.

Marc Poulin, Outremont

Chassés de la ville

C’est évident que les automobilistes de banlieue ne sont plus intéressés à venir en ville. Ils ont été chassés par les Montréalais. Même nous, qui vivons dans l’est de la ville, nous ne venons plus dans les restaurants du Plateau.

Michèle Morella

La ville se videra tranquillement

On ne peut pas tous se déplacer à pied ou à vélo. Quand on a 75 ans et plus, nos possibilités pour faire les courses (avec six sacs) ou aller au resto, à pied ou à vélo, sont restreintes. On peut marcher, mais pas longtemps. L’automobile est un rempart contre le virus. Mais nous, les vieux, ne faisons pas partie de l’équation. Montréal n’est plus accueillant pour nous. La ville se videra tranquillement et on se demandera un jour comment il se fait que la population décline, que les commerces ferment ! La banlieue est plus conviviale malgré tout.

France Delorme

Au revoir, Montréal !

Eh bien, vous ferez votre laboratoire sans moi. Après 25 ans à Montréal, je n’en peux plus de toute cette incompétence à gérer la ville, le trafic, les services et les prises en otage lors d’évènements à ne plus finir : le marathon de l’un, la course cycliste de l’autre, la marche pour ci ou pour ça, dans le plus grand chaos. Bye pour de bon, Montréal, tu es devenu intolérable et, surtout, invivable !

Olivier Valque

La marche, activité risquée

Afin de rendre l’expérience de mobilité plus agréable, il est urgent de séparer les corridors pour les piėtons de ceux des cyclistes. En effet, l’activité la plus risquée à Montréal présentement est la marche. De plus en plus de cyclistes envahissent tout l’espace, se comportent dangereusement envers les piétons, ignorent la distanciation physique et ne respectent pas le Code de la sécurité routière. Cette situation rend la marche une activité très stressante. C’ėtait déjà le cas auparavant, mais cette année, c’est encore pire !

Monique Trottier

Montréal n’attire plus

Vous confondez cause avec conséquence ! Les automobilistes ne s’aventurent plus sur les rues Mont-Royal et Saint-Denis, et on pourrait en ajouter plusieurs autres, parce qu’il est impossible de s’y stationner, et s’y rendre, c’est s’aventurer dans un labyrinthe. Par quelle logique peut-on justifier que l’on incite les Montréalais à sortir de leur ville pour faire leurs achats, obtenir des services, travailler ? Montréal n’attire plus, elle repousse, rejette. L’administration Plante transforme tranquillement Montréal en un ensemble de petits villages, isolés, inaccessibles, condamnant ses habitants à vivre plus petit, en confinement permanent.

Michel Jacques

Et les aînés ?

Dans tout ça, on oublie les gens âgés qui n’ont plus la mobilité des 60 ans et moins. Je faisais mes courses sur Mont-Royal dans au moins cinq à six commerces différents, mais là… Je ne peux même plus me rendre sur Mont-Royal ! Tant pis, il y a d’autres commerces ailleurs.

Francine de Gagné

En attendant le REM

On assiste à une transformation de Montréal. Je ne suis pas surpris de voir qu’il y a moins d’autos. Il est très difficile de se rendre à Montréal à partir des banlieues. C’est tellement plus facile de se rendre dans les nombreux centres commerciaux. Les banlieusards retourneront au centre-ville lorsque le REM sera terminé. En attendant, sœur Sourire peut faire ses expériences dans son laboratoire en toute tranquillité.

Gaétan Faubert

Un gros village

La ville doit être un laboratoire ? Il faut être complètement déconnecté de la réalité économique et certainement habiter dans une rue « normale » pour faire ce genre de commentaire. L’administration Plante est en train de déconstruire la ville pour en faire un gros village en déclin perpétuel. Malgré des taxes plus élevées qu’ailleurs, des services moindres, des rues toujours entravées ou délabrées, des commerces qui n’en finissent plus de mourir. On essaie de plaire à une certaine frange de la faune urbaine, les gens baba cool qui aiment bien se promener sur leur vélo à 1000 $, ou les promeneurs qui voudraient la campagne en ville. La ville… un laboratoire qui sacrifie ses habitants et ses commerces pour faire des tests, et on s’en réjouit…

Antoine Chartier

Le trou de beigne

Les centres urbains ne sont plus accessibles autrement qu’en transports en commun. Ces centres demeurent toutefois attractifs sur le plan régional et international si on pense au tourisme. Confiner les rues et places publiques au citoyen de proximité, c’est condamner la ressource à un rôle local sans grand intérêt. Les stationnements qui n’existent plus en ville doivent donc être déplacés en banlieue près des axes de transports en commun, sans qu’il faille prendre deux autobus plus le métro pour se rendre en ville. Dans ces conditions, les Carrefour Laval et Quartier DIX30 se multiplieront avec les années, Montréal sera le trou du beigne, ce qu’il est peut-être déjà.

Christian Castonguay, Laval

Remplacer ce qui ne fonctionne pas

J’espère fortement pour les Montréalais que votre théorie de la ville laboratoire pourra s’appliquer aussi à nos dirigeants politiques à la prochaine élection. Cela permettrait à la population de remplacer une équipe qui dirige pour une minorité militante par un conseil de ville qui dirige pour tous les Montréalais, incluant d’autres arrondissements que le Plateau et Rosemont–La Petite-Patrie. Cela permettrait de redonner l’accès aux quartiers centraux aux gens du sud-ouest, du nord et du nord-est, entre autres. M. Cardinal, vous affirmez que désormais la clientèle qui fréquente les rues comme Mont-Royal est essentiellement locale et que, par conséquent, il faut poursuivre les efforts pour décourager la circulation automobile, alors que c’est l’inverse qui s’est produit. Ce sont les efforts concertés de nos politiciens qui ont réduit la venue de clients de l’extérieur à ces arrondissements, donc il faut décourager encore plus l’usage de la voiture pour venir au centre-ville ou sur Saint-Denis en « piétonnisant » le tout ! Si ça ne fonctionne pas, on reviendra comme avant, aux frais des contribuables, pendant que les pavages et les trottoirs tombent en ruine. Les Montréalais devraient faire avec l’équipe Plante ce que l’équipe Plante fait avec nos rues et nos artères : remplacer ce qui ne fonctionne pas. À ce compte, il ne resterait pas grand-chose de la mairesse et de son conseil municipal après les élections !

Claude Carrier, Montréal

Ma conjointe et moi avons visité l’avenue du Mont-Royal hier, nous avons adoré. Très bonne idée de profiter de ces temps d’incertitude pour changer nos habitudes.

Jean Louis Giroux

Le village utopique

« Si j’ai bien compris, Montréal a comme objectif de devenir un grand village, avec beaucoup de parcs, d’arbres, de pistes cyclables. Il y aura des commerces de quartier qui vendront je ne sais quelles babioles, de la nourriture pour le quartier. Un grand village utopique.

Quand les gens voudront aller magasiner les derniers produits Apple, ils iront à Laval ou à Longueuil. Le monde à l’envers, quoi. La banlieue devient la ville et la ville devient la banlieue. Il fallait y penser. Génial. On va passer le problème de l’excès de voitures à la banlieue. Il faudrait aussi transférer les grands hôpitaux en banlieue parce que, finalement, on ne veut pas voir de voitures dans le grand village. Bien sûr, les gens peuvent prendre le métro pour se rendre aux hôpitaux du centre-ville même si ça représente un défi pour les traitements de chimio. J’imagine que vous n’avez jamais eu à vivre cette expérience ; vous êtes encore jeune.

Un jour, il faudra expliquer à la mairesse des utopies que la ville de Montréal a un hiver qui dure cinq mois et plus et n’est pas propice à l’utilisation du vélo à grande échelle. Vous, monsieur l’éditorialiste, qui avez peut-être des enfants, vous allez voir que la première chose qu’ils vont vous demander quand ils arriveront à 16 ans, ce seront les cours de conduite et non un plus beau bicycle.

Bonne chance dans vos utopies. »

— Richard Savard