Vous avez été nombreux à réagir à l’éditorial de François Cardinal, « Faire de Montréal une immense terrasse », publié le 2 mai. Voici un aperçu des quelque 250 courriels reçus.

Pourquoi pas Montréal ?

Dans toutes les grandes villes d’Europe, le centre-ville est piétonnier. Pourquoi pas Montréal ?

Arlène Landry

Une brillante idée !

Je ne connais pas tous les détails auxquels il faudra penser pour en faire une réalité, mais j’espère que votre suggestion se rendra jusqu’à l’hôtel de ville pour considération. Comme vous le soulignez, une idée gagnante pour les commerçants et les résidants. Également, il ne faut pas se leurrer : si on ne crée pas des endroits où les gens peuvent se rassembler de façon sécuritaire, ils vont le faire dans leur cour ou ailleurs. C’est en pensant « à l’extérieur de la boîte » que nous retrouverons une vie saine, physiquement et mentalement.

France Bouthillette

Attention aux banlieues

Dites-vous bien que si le télétravail est adopté par plusieurs entreprises et travailleurs, Montréal va se vider au profit des banlieues.

Alain Brochu, Québec

Transport électrique

J’aimerais vous mentionner que lors d’un voyage, mon mari et moi avons profité du transport électrique dans la capitale slovène Ljubljana (appelé Kavalir), super plaisant et gratuit. Ils ont même des cars couverts pour les jours plus froids. Une belle façon de découvrir la ville tout en étant écolos. Kavalir est un service dit hop on, hop off. Et si vous allez sur l’internet, vous pourrez voir l’allure de ces cars super mignons et confortables. Pourquoi ne pas avoir ce service aux endroits où Montréal accueille des touristes et des flâneurs locaux ? Merci de l’intérêt que vous portez à Montréal.

Anne Nardelli

Bonne suggestion !

Tellement en accord avec cette approche. Montréal deviendra une grande ville à échelle humaine où tout en respectant la distanciation, notre caractère latin festif et jaseur serait pleinement assouvi. Bravo pour cette suggestion !

Michel Demers, Pointe-aux-Trembles

Vital

Ce concept est tout simplement génial ! Pourquoi ne pas réinventer Montréal cet été ? L’idée de me promener à pied dans les rues et de m’arrêter pour manger ou prendre un verre attablée, tout en respectant les consignes de distanciation, est fort séduisante ! Puisse Valérie Plante entendre cet appel et mettre tout en œuvre pour sa réalisation. Nous avons besoin de ces petits bonheurs estivaux. C’est vital !

Danièle Crevier

Dans une forêt, loin de la ville

Sur une terrasse, le service aux tables constitue un risque de contamination beaucoup plus grand que la distanciation physique qui, elle-même, est loin d’être à toute épreuve. La vie en terrasse est une activité très coûteuse que peu de gens peuvent s’offrir. C’est un fantasme urbain dont il faut se priver en période de pandémie. L’urbanité en elle-même doit être reconsidérée ; elle est une source incommensurable de contagion. Personnellement, pour cet été, je rêve beaucoup plus d’une cabane au Canada au fin fond d’une forêt québécoise.

Christian Castonguay, Laval

Assez compliqué comme ça

Je ne suis pas certaine. On s’y rend comment, en métro ? Tout le monde n’habite pas le Plateau. Quid de ceux qui doivent se rendre au boulot, à l’hôpital ? Non, la vie, même l’été, n’est pas toujours un grand party. Vous ne trouvez pas que c’était assez compliqué de même ?

Jane Young

Le manque de civisme

Il faudrait créer des couloirs pour les gens, nombreux, qui marchent les yeux rivés sur le cellulaire ! C’est une autre épidémie ! Ils ne regardent pas autour d’eux, la distanciation ne les concerne pas, c’est aux autres de faire attention ! Il s’agit aussi bien de femmes que d’hommes, même avec une poussette, mais sans un regard pour l’enfant et encore moins pour les autres piétons. Vous aurez compris que ça m’enrage !

Je ne sors que peu, par respect pour les consignes, et suis frustrée par le manque de civisme qui était déjà omniprésent avant la pandémie. Et je crains que cela ne change jamais…

Sylvia Bircher

Pensez aussi aux vieux

Qu’est-ce que je fais ? J’ai 76 ans, je suis en parfaite santé, je ne prends aucun médicament. Mais il est très difficile pour moi de circuler à vélo. J’ai une auto, mais si je ne peux pas m’en servir, elle ne sera pas utile. Je serais donc condamnée à demeurer éternellement dans la maison. Il faut penser à tous, pas seulement aux jeunes qui veulent fêter sur les terrasses. C’est grâce à nous, les vieux, si nous bénéficions d’un aussi bon système de santé. Alors, il ne faut pas nous oublier dans le déconfinement.

Marie Lesco

Un bond en avant

Finalement, ce sacré virus nous permettra de faire un bond en avant dans notre façon de vivre. Le travail à la maison, plus de place pour les piétons et les cyclistes, une meilleure hygiène de la population (lavage des mains), un réaménagement des CHSLD, les soins à domicile, la médecine à distance, etc. Il faudra surveiller les rapaces qui vont vouloir retourner à l’ordre ancien…

Danielle Gatto

Comme au début du siècle dernier

… et pas uniquement à Montréal, mais partout dans les villes et les villages du Québec ! Imaginons des endroits comme Mont-Saint-Hilaire, Beloeil, Saint-Bruno, Magog, Sherbrooke, etc. avec des dizaines, des centaines de piétons se rendant lentement dans tous les commerces et toutes les terrasses et prenant possession de l’espace sans craindre les automobiles (mais méfions-nous des cyclistes qui sont très, très, très souvent pires que les automobilistes). Ce serait un très bel été, un été de transition vers un plus grand partage de l’espace comme dans la première moitié du siècle dernier. Un été de transition, car il faudra par la suite y ajouter des tramways et quelques voitures et camions de livraison…

Serge Bisson

Génial ! Sauf que…

Génial ! Sauf que c’est en complète contradiction avec le modèle historique de développement de Montréal. Depuis toujours, on a concentré les commerces et les services dans des aires zonées pour ces usages, et on retrouve les logements et les résidences dans des zones résidentielles.

C’est beau, le transport actif pour ceux qui habitent à proximité des zones commerciales et institutionnelles comme le Plateau, mais pas pour le citadin moyen qui habite en banlieue ou dans des quartiers résidentiels. Où ces gens iront-ils s’il n’y a pas de transports publics efficaces et qu’ils ne peuvent ou ne veulent pas se taper de longues randonnées en vélo ou des excursions interminables pour aller chercher un litre de lait, ou manger un smoked meat ?

Michel Jacques

Et les commerces ?

Oui, mais ce qui sera bon pour les terrasses le sera moins pour les commerces. Plusieurs clients se tourneront vers les centres commerciaux des banlieues où le stationnement est gratuit et sans attente. Ce n’est quand même pas les nombreux cyclistes qui feront vivre les commerces. Et qui dit fermeture de rues dit également plus de congestion autour.

Jacques Gélinas, Morin-Heights

Montréal, un cas à part : saisissons l’occasion !

Si Paris peut, même en temps de pandémie et de déconfinement graduel, être une fête, est-ce que Montréal peut engendrer un esprit de kermesse, de souk revu et corrigé ? En 2020, Montréal ne sera pas l’enfer qu’on a connu, compte tenu des nombreux travaux d’infrastructures et dédales de détours imposés tant aux automobilistes qu’aux citadins. Travaux qui ont nui à la survie même de beaucoup de commerces. Les cônes orange se feront rares, la pollution s’atténuera, la canicule nous visitera.

Montréal vibrait au rythme des festivals successifs. Il y avait les concerts de l’OSM dans les parcs. Le spectacle n’était pas réservé qu’aux fortunés et interdit aux aînés « vulnérables », parce qu’âgés de 60 ans et plus. C’était avant la pandémie. Montréal est culturel, interculturel !

Je crois, comme vous, M. Cardinal, qu’il faut réinventer Montréal devenu l’épicentre de la pandémie, en déconfinement très, très graduel. Le bobo, c’est que vous pensez juste aux bobos en privilégiant ce qui manque le plus aux bourgeois bohèmes s’ennuyant de bambocher au centre-ville, d’un café, d’un bistro, d’un resto à l’autre. S’ils ont encore les moyens d’acheter en ligne, de continuer à consommer plutôt allègrement, grand bien leur fasse, ils peuvent déjà se prévaloir de la commande à apporter qu’offrent des restaurants branchés. Et comme ils sont tous hyperconnectés, ils demeurent à l’affût des capsules culturelles sous diverses formes.

Je pense surtout aux citadins peu ou pas branchés qui n’ont pas de cour arrière, de piscine, voire de balcon, pour s’aérer l’esprit qui, même si plus de rues devenaient piétonnes, ne sauraient s’offrir un verre ou un repas sur une terrasse plus vaste.

Je pense aux familles qui se demandent si les parcs seront fermés dans leur quartier, les buts de soccer cadenassés et le ballon-panier, interdit. Les piscines publiques seront-elles ouvertes ? Je pense aussi aux gens aux prises avec une soudaine précarité financière à durée indéterminée, devant compter sur l’aide d’une banque alimentaire, qui cherchent où trouver des vêtements et des souliers à petits prix.

Un décloisonnement du droit à la consommation de l’essentiel à Montréal s’impose. Si seuls les commerces ayant pignon sur rue ou un accès par l’arrière de centres commerciaux de quartiers sont autorisés à ouvrir pour empêcher que les vieux aillent flâner ou se rafraîchir par temps de canicule, il faut créer une « rue principale », une ambiance de souk, dans le stationnement de ces centres pour mieux servir la population. 

Les magasins Renaissance doivent rouvrir pour venir au secours des petits budgets. Les librairies d’occasion aussi. Il faudrait au plus vite une expansion de jardins communautaires, de camps d’été pour offrir des loisirs aux enfants et ados dans les quartiers plus défavorisés. On peut organiser des balades à vélo pour ceux qui n’en ont pas.

Depuis aussi longtemps que je vis dans mon quartier (1977), je souhaite le décentralisation du marché public dans toute l’île. En ces temps-ci, qui peut se payer la livraison d’un panier de légumes et de fruits bios ? Les bourgeois. En temps de décloisonnement, les marchands doivent se rapprocher des clients, investir des parcs selon un horaire déterminé en respectant la distanciation physique.

Les grands festivals sont annulés, les spectacles gratuits aussi ? Il faut planifier une tournée culturelle dans tous les arrondissements de l’épicentre. En direct de l’esplanade, il faut prévoir la diffusion de spectacles, pas que le 24 juin et le 1er juillet, mais pourquoi pas tous les dimanches de juillet et d’août ? La culture dans son salon en direct de la Place des Arts, pourquoi pas, d’ailleurs ? Les concerts de l’OSM dans les parcs pourraient être maintenus en toute sécurité, allons, un peu d’imagination !

Même si les Montréalais, en ce moment, n’ont pas le cœur à la fête, il y a moyen de pratiquer le déconfinement décloisonné de manière équitable en guise de petites kermesses remonte-moral : marché public, kiosques de vêtements, troquet sympa, crème glacée, barbe à papa, amuseurs publics ET les intervenants en santé publique pourraient ainsi se rapprocher eux aussi des résidants des arrondissements en tenant compte de la réalité épidémiologique de chacun d’eux.

Carol Patch-Neveu, Montréal

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