L’éditorial de Laura-Julie Perreault publié hier sur la course à la direction du Parti libéral du Québec, « En effet, le Québec est ailleurs », a suscité de nombreux commentaires des lecteurs. Voici un aperçu des courriels reçus. 

Des sornettes

Tout à fait d’accord avec vous. J’ai failli m’étouffer en entendant cet argument. Il faut vraiment avoir une idée préconçue et déconnectée des régions pour colporter de pareilles sornettes. 

Le Québec est ailleurs, ses régions le sont aussi. Si jamais Mme Anglade ne réussit pas à rallier les gens des régions, ce ne sera certainement pas à cause de la couleur de sa peau. Je suis native du Bas-Saint-Laurent, une région que j’habite et qui n’a rien à voir avec l’idée que s’en font certains politiciens égarés quelque part dans le passé.

Ce qui m’horripile au cube, c’est d’avoir à se défendre contre ces vieux préjugés qui ne représentent en rien la réalité des régions. Toujours brandir l’éternel clivage entre Montréal et les régions ne fait que perpétuer une idée éculée et passéiste du Québec. Faire de la politique autrement, c’est aussi dire autrement. Ce serait peut-être le temps qu’on change de discours au Québec, parce que oui, le Québec et ses régions sont ailleurs !

— Sonia Lévesque, Saint-Joseph-de-Lepage

Des valeurs discriminatoires

Il ne faudrait jamais faire des choix pour satisfaire des gens qui prônent des valeurs discriminatoires. Mme Anglade est une femme intelligente et instruite et elle a fait sa place en politique. On peut être pour ou contre sa candidature selon ses paroles et ses actions, mais on ne peut accepter une prise de position basée sur ce qu’elle est : une femme issue d’une communauté culturelle. En 2019, un argument visant sa personne n’a pas sa place dans les débats politiques ! Accepter de tels arguments, c’est accepter la discrimination ! 

— Sophie Cardin

Un débat d’idées, svp

En peu de mots, vous avez mis en lumière ce qui m’irrite le plus en politique. Depuis quelque temps, il semble y avoir une campagne de dénigrement orchestrée contre Mme Anglade, et j’ai malheureusement l’impression, à tort ou à raison, que c’est parce qu’elle est une femme noire issue d’une minorité visible. Ce que je prise (prisait ?) le plus chez les libéraux, c’est cette ouverture à la diversité. J’espère que la course à la direction saura élever le débat aux idées progressistes et non au rejet d’une candidate de qualité pour simple motif de son sexe et de sa race. 

— Jean-Pierre Côté

Trop associés à Montréal

Je trouve vraiment indigne d’insinuer que les gens des régions ne sont pas intéressés à faire élire une personne de race noire qui pourrait devenir première ministre. C’est insultant et méprisant. Mme Anglade peut, en effet, être trop associée à la métropole, mais c’est tout le Parti libéral qui l’est… Ce n’est assurément pas la couleur de sa peau qui dérangera l’immense majorité des électeurs en région à voter pour cette candidate intéressante. 

— Pierre Beaudoin

Le parti de l’inclusion ?

Et dire que le Parti libéral se targue d’être le parti de l’inclusion et représentatif des communautés culturelles ! Voilà qu’on apprend que des bonzes sont réticents à la candidature de Dominique Anglade. Je pense à mes parents qui, depuis leur arrivée au Québec, ont toujours voté libéral ! Ils doivent avaler leur café de travers en lisant leur journal. Dix ans de purgatoire ne seraient pas de trop…

— Pierre Roche

Qui n’évolue pas, ici ?

J’ai l’impression de voir le vrai visage du PLQ : le discours proféministe et multiculturaliste, et ensuite la réalité : sous-entendre que nous ne sommes pas prêts pour une femme, et une femme aux origines haïtiennes. De plus, je les trouve condescendants et arrogants, comme si les régions n’avaient pas évolué. Finalement, qui n’évolue pas, ici ? Poser la question, c’est y répondre.

— Suzanne Charron

Montréal et le reste du Québec

Le problème pour l’élection d’un nouveau chef au Parti libéral est que ce parti devra faire un meilleur partage entre Montréal et les autres régions du Québec. Ce n’est pas la couleur ni la race d’une personne qui mettra des entraves à l’élection d’un chef à la tête du parti, mais peut-être que les stratèges devraient aller voir ce que les gens des régions veulent du Parti libéral au lieu de se centrer uniquement sur Montréal. 

— Jean-Paul Rouleau

La laïcité

Les régions sont majoritairement favorables à la loi sur la laïcité. C’est la prise de position de Mme Anglade sur ce sujet qui ne passera pas, et non la couleur de sa peau.

— Normand Bouchard

Une attitude professorale

Je ne crois pas que la couleur de la peau de Mme Anglade soit un enjeu réel. Je crois plutôt que son attitude professorale — « moi, je sais comment » à la limite de la condescendance — et son manque d’expérience concrète de la vie hors du milieu élitiste universitaire vont davantage contribuer à sa difficulté à connecter avec le peuple que sa couleur.

— Pierre Gingras