Le texte de notre collaborateur Sylvain Charlebois, « Le “OK boomer” dans notre assiette », n’a pas manqué de faire réagir les baby-boomers, notamment. Voici un aperçu des courriels reçus.

Je-me-moi

Pas très d’accord avec votre texte. Le je-me-moi est encore très, très présent chez nos générations plus jeunes. Ils sont très gâtés. Ils ont en général plusieurs grands-parents boomers à cause des familles reconstituées qui ne savent plus quoi leur donner comme cadeaux. Ils manifestent pour l’environnement, mais ne se donnent pas la peine de voter. Quel jeune étudiant n’a pas été faire un voyage en avion pour un stage (par choix) ou pour de simples vacances ? On ne parle pas de la génération qui vide le chauffe-eau pour prendre une douche…

Je fais partie de l’Association des véhicules électriques du Québec. Il est très difficile de convaincre un jeune d’acheter un véhicule usagé avec un entretien presque nul et sans pollution. Ils aiment mieux s’acheter une Civic neuve.

Je vois beaucoup de jeunes fumeurs. On sait maintenant que ça nous rend malades. Ils ne sont pas plus intelligents que nous.

Les boomers s’occupent de leurs parents. Pas certain qu’on aura le même traitement !

— Michel Lacasse, boomer de 65 ans

La société évolue

Traiter une génération de façon homogène n’a pas beaucoup de sens, que ce soit pour les boomers ou les XYZ. Il y aura toujours une différence d’appréciation des enjeux sociaux entre les parents et leurs enfants, mais il peut exister de nombreux domaines de convergence entre eux, car la société dans son ensemble évolue. Il est dommage de mettre l’accent sur ce qui sépare les générations en insistant sur des privilèges dont auraient bénéficié les anciens sans admettre les progrès qu’ils peuvent aussi avoir apportés.

— Gérald van de Werve

Le changement s’impose

Intéressant plaidoyer. Comme je suis issu de la génération X et que j’ai dû subir plusieurs travers de la génération boomer, je suis d’accord pour dire que le changement s’impose dans notre façon de consommer et que le local ainsi que le partage commun seront des solutions clés pour l’avenir.

— Gérard Paquet

Défoulement

Bravo, encore du bashing sur le dos des boomers, mais maintenant que vous avez versé votre fiel et polarisé les opinions, on est bien avancé et cela va sûrement favoriser le dialogue entre les générations. Je pose la question : pourquoi un texte comme ça si ce n’est pour vous défouler ?

— Daniel Ross

Agissez

Il serait peut-être temps d’arrêter d’accuser les boomers de tous les maux. Que font les autres générations de mieux pour la planète ? Elles profitent de toutes les aides gouvernementales (allocations familiales bonifiées, diminution des coûts en garderie, taux hypothécaires très bas). Voyons donc, des taux à 18,5 %, nous, on a connus cela et on a dû vivre avec, agrémentés de frais de garde à 20 $ l’heure par enfant et allocation familiale minimale. On a pensé remettre nos clés de maison une couple de fois. On n’avait pas les facilités d’aujourd’hui. On ne l’a pas eu facile et on n’attendait pas l’argent de nos parents. Arrêtez de nous accuser et agissez.

— Hélène Lambert

Tout cuit dans le bec

OK ! Ça suffit ! Lâchez-nous, nous vous lisons, nous vous encourageons, nous vous payons, nous vous aimons, nous sommes là quand vous n’y êtes pas, tout ça gratuitement ! Et vous nous insultez en retour. Quoi de plus naturel pour une génération qui a tout cuit dans le bec.

— Michèle Amiot, une baby-boomer exaspérée

Chacun ses défis

M. Charlebois affirme que la génération des boomers « a joui d’une économie florissante, a eu plus de facilité à acheter une maison et de meilleures chances de trouver et conserver un emploi. Les boomers ont eu la chance de naître au bon moment ». J’aimerais préciser à M. Charlebois qu’à la fin des années 70, l’inflation était à 12 %, le taux de chômage à plus de 10 % au Québec et que j’ai eu la chance d’acheter ma première maison (un bungalow de deux chambres à coucher) au taux hypothécaire de 18 %. Chaque génération profite de situations avantageuses et fait face à des défis à relever.

— Gilles Bouchard, Longueuil

Lâchez-nous !

Je serai court : qui prend ses bourses d’études pour voyager, qui s’achète de gros véhicules énergivores pour tirer une fifth wheel, qui s’achète des bateaux avec des moteurs énergivores, qui change son cellulaire chaque année, qui commande les repas prêts à préparer suremballés ! Lâchez-nous, c’est les boomers qui ont fait en sorte que vous soyez au monde et que vous ayez accès à tout ce que vous possédez à ce jour !

Si vous en désirez plus, levez-vous le matin et allez travailler dans les métiers traditionnels avant de mettre sur le dos des boomers que c’est de notre faute si vos futures résidences ne sont pas construites ! De cette façon, vous pourrez contribuer à baisser le manque de main-d’œuvre actuelle !

— Yves Sabourin, Laval

Ce qu’il faut faire

La jeune génération devra faire plus. Ça n’existait pas dans notre temps les couches jetables, les bouteilles d’eau, le suremballage, la surconsommation, etc. Alors plutôt que de tout mettre sur le dos de l’ancienne génération, regardons ce qu’il faut faire.

— Francine Sauvé

Les pendules à l’heure

Il serait temps de remettre un peu les pendules à l’heure. Je suis au début de la génération des boomers et laissez-moi vous dire : on commençait à travailler dans les champs à 8-10 ans, ou on gardait les plus jeunes. Pas question d’aller aux études supérieures, surtout pour les filles, pas d’argent pour cela à six ou dix dans la maison. À ce nombre, on a appris à ne pas gaspiller la nourriture et à faire avec les restes, pas des produits tout frais et emballés, comme les jeunes d’aujourd’hui.

Une auto pour la famille, pas une pour chaque membre de la famille, et bien souvent seulement les garçons la conduisaient… Vacances d’été : pique-nique ou chalet loué sur le bord d’un lac pour les chanceux, les autres : bicyclette, une visite au parc Belmont. L’habillement : le linge passait de la plus vieille à la plus jeune quand ce n’était pas du linge d’une cousine qui était donné, même les souliers et les bottes. Les couches pour bébé en coton qu’on lavait chaque jour et séchait à l’extérieur. Pour leur essuyer le visage ou les fesses, débarbouillettes, pas de lingettes jetables, etc. Pour aller à l’école on prenait l’autobus, regardez le nombre d’élèves de cinquième secondaire, du cégep ou de l’université qui s’y rendent en auto aujourd’hui…

J’ai encore beaucoup d’exemples à vous donner, mais je m’arrête. Je suis très fière de nos jeunes, ils bâtissent le chemin que nous leur avons ouvert avec les écoles, les cégeps, les universités, mais encore faut-il qu’on les informe correctement que ce ne sont pas la majorité des boomers qui ont fait tout ce qu’ils voulaient sans penser à l’environnement, au contraire.

— Nicole Guérin

Une attaque injustifiée

Les diverses générations doivent s’allier et non se tirer des roches. Je ne vois pas pourquoi les plus jeunes sont si agressifs envers les plus vieux. Ce n’est pas telle ou telle personne en particulier qui a participé aux changements climatiques. Cela a commencé avec la révolution industrielle il y a 200 ans, l’utilisation du charbon et des autres combustibles fossiles. La jeune génération utilise beaucoup de combustibles fossiles via les divers appareils électroniques en plastique. En 1950 et 1960, il y avait beaucoup moins de plastique d’utilisé. Le lait était en bouteilles de verre recyclable. Les poubelles étaient utilisées pour les ordures et non des sacs de plastique. À l’épicerie, on utilisait des sacs en papier ou des boîtes de carton. Le chauffage à l’électricité a fait son apparition durant ces années pour remplacer les combustibles fossiles. Je ne crois pas qu’une génération devrait en blâmer une autre, il faut travailler ensemble pour un monde meilleur.

— Pierre C. Tremblay, Montréal

Quelle chance !

Pourquoi vouloir imiter les aliments que vous ne voulez plus voir dans votre assiette parce qu’ils sont contre vos principes. Alignez-vous plutôt vers des aliments de rechange. Cessez de vouloir imiter la viande, le fromage, etc. Excusez-moi de vous donner mon opinion de boomer.

Croyez-vous vraiment qu’on l’a eu plus facile ? Aujourd’hui, vous avez un choix indéfini de possibilités de travail. À l’époque, tout ce qu’une femme avait comme choix, c’était religieuse, enseignante, infirmière ou secrétaire. Savez-vous ce que mon père m’a répondu lorsque j’ai voulu suivre des cours d’art dramatique ? Pas de problème pourvu que tu fasses ton cours de secrétaire, au cas où. Eh bien, j’ai fait mon cours de secrétariat et comme je n’étais pas une pro de la sténo, j’ai travaillé dans un bureau à 45 $ par semaine. Wow ! que les boomers ont été chanceux !

— Huguette Leclair

OK milléniaux !

Je suis une fidèle lectrice des textes de Sylvain Charlebois. Or, en tant que baby-boomer d’ailleurs née dans la même ville que lui, en zone agricole, son texte intitulé « Le “OK Boomer” dans notre assiette » me laisse perplexe.

Je ne suis pas d’accord quand il affirme que « les baby-boomers ont grandi à une époque où tout était génial et où la plupart d’entre eux croyaient que rien ne changerait ». Je ne crois pas que l’époque de la guerre froide, de la menace d’une guerre nucléaire, de la guerre du Vietnam ait été idyllique ou marquée par l’abondance, voire l’insouciance. Au contraire.

Nous voulions et souhaitions le changement, pas n’importe lequel, n’importe comment. Les centres commerciaux qui pullulaient au détriment de la survie des magasins, rue Principale, vivre au-dessus de ses moyens en consommant toujours plus, la maison-piscine hors terre, le « char », ce n’était pas une définition du progrès à laquelle nous nous sommes tous ralliés.

Quand je rêvais à l’an 2000, je croyais que nous serions plus nombreux à vivre et à manger mieux. J’étais convaincue que nous serions moins énergivores, qu’il y aurait moins de voitures, qu’elles seraient toutes électriques, que le chauffage au mazout n’existerait plus. Et nous étions une légion d’idéalistes exigeant une société plus juste.

En matière d’alimentation, je détestais les populaires TV dinner, les repas vite faits, les desserts à base de mélange industriel. Le fait maison est dans mon ADN. J’aurais voulu passer toute ma vie adulte à ne fréquenter que des marchés publics où je trouverais des produits frais que j’enfouirais dans mon panier.

En matière environnementale, il est clair que les boomers n’ont pas été assez audacieux et déterminés. Certes, tous ne saisissent pas encore l’urgence d’agir, les milléniaux et les Z multiplient avec raison les électrochocs. Or, beaucoup de boomers comprennent et apprennent vite, à preuve le succès du recyclage et du compostage, de l’engouement pour l’épicerie en vrac, la diminution de la consommation de viande.

Dans la mesure où les milléniaux et les Z nous interpellent fougueusement sans être convaincus que nous ne sommes que des vieux croûtons sceptiques refusant de changer de mode de vie, le dialogue intergénérationnel ne sera que plus fructueux. Et respectueux mutuellement. La prise de conscience collective qui s’impose pour rien de moins que sauver notre planète doit nous inclure tous, jeunes et vieux.

Les boomers se sentent déjà assez tassés cavalièrement. C’est au sein d’une communauté d’âges divers que je veux vieillir, à l’affût de tous les courants de pensée, de données probantes, non pas en marge de jeunes influenceurs nous jugeant coupables de tous les torts que notre génération n’a pas su empêcher.

— Carol Patch Neveu, Montréal