Le témoignage de Geneviève Dorval sous forme de lettre à son fils, « Un enfant sur fond de fin du monde », publié dimanche, a suscité de nombreux commentaires partagés. Voici un aperçu des courriels reçus.

Ne baissez pas les bras

J’ai 69 ans et j’ai vu des changements importants dans la nature et chez les gens. Je pense souvent au monde que je vais laisser à mon petit-fils. On a fait beaucoup d’erreurs en croyant que ce qui nous entourait était éternel. Aujourd’hui, on essaie de réparer et d’améliorer ce qui nous entoure un petit pas à la fois, faute de pouvoir faire des pas de géant. Ne baissez pas les bras, vous n’êtes pas seule à être inquiète de l’avenir.

— Louise Corriveau

Je ne suis pas seul

Votre texte m’a grandement touché. En tant que parent de deux jeunes garçons de 18 mois et 5 ans, je ne peux m’empêcher de penser à l’avenir également. Votre lettre me fait du bien et me fait réaliser que je ne suis pas seul à vivre cette écoanxiété.

— Sylvain Tremblay

Continuer le combat

Désolé, madame, mais véhiculer autant de pessimisme et vous laisser envahir par l’anxiété ne va guère arranger les choses. Il faut continuer le combat comme vous le faites et, sans pécher par excès d’optimisme, faire confiance au génie technologique humain déjà aux abois et à l’œuvre. Votre enfant vous en remerciera.

— Gilles Julien

Pour tous les petits Léon

Chère Geneviève, je suis énormément touchée par les propos sensés adressés à ton fils Léon. Si tu savais le souci que j’ai quand je pense à mes petits-enfants et tous les jeunes de ce monde. Je n’arrête pas de harceler ma ville d’installer des poubelles pour le compost. Ne lâchons pas, pour tous les petits Léon de ce monde.

— Anna Pelletier

Le lourd fardeau de l’enfant

Je suis inquiète pour l’enfant qui va devoir grandir avec une mère terriblement angoissée. Le fait de vouloir partager la lettre avec l’enfant, dès qu’il pourra comprendre, me fait craindre qu’il doive porter le lourd fardeau du trouble panique de sa maman.

Même s’il est question d’environnement et que le temps presse, ne pouvons-nous pas laisser l’enfance se vivre en toute quiétude ? Cela en fera des adultes équilibrés bien plus aptes à s’impliquer socialement pour la protection de la planète. 

Cet enfant est programmé pour se retrouver dans un bureau de pédiatre pour anxiété généralisée. Les préoccupations des adultes n’ont pas à être imposées aux enfants, parce que ces derniers verront davantage à calmer les lourdes insécurités de leurs parents avec des moyens d’enfants.

À mettre un enfant sous tension, on en fait un citoyen figé par l’angoisse de l’avenir, au point de ne pas pouvoir prendre part au monde de demain.

— Suzanne Cholette

Conscientiser le citoyen

De tout temps, il y a eu différentes causes d’anxiété, dites nouvelles. Des guerres, des dépressions économiques, etc. Pour les gens qui vivaient ces situations, ce n’était probablement pas moins pire que ce que l’on peut vivre aujourd’hui. Tout dépend toujours de l’angle avec lequel on regarde la situation dans laquelle on se trouve.

La désobéissance civile ne réglera rien. Cela n’amène que désordre dans le société et frustration de la part de ceux qui la « subissent ». Les dirigeants à la Trump, climato-ci, climato-ça, contribuent à faire perdurer et même amplifier le problème. Mais ces dirigeants ne sont que le reflet des citoyens des pays qui les ont portés au pouvoir.

C’est là qu’il faut frapper : le citoyen ! L’éducation, la conscientisation de ces citoyens soit inconscients, soit ignorants ou encore pire, ignares. Ces pauvres gens qui ne s’abreuvent que sur les Facebook de ce monde avec des algorithmes qui agissent comme des œillères, contribuant à rétrécir l’angle de vision. Il faut trouver une façon de conscientiser la masse qui vote. La désobéissance civile et le désordre n’apporteront rien, sinon le chaos.

— Pierre E. Perreault

Soyez réaliste, pas alarmiste

Dans la vie, pour survivre et être heureux à long terme, mieux vaut être réaliste qu’alarmiste et surprotecteur. Ce n’est pas en criant ainsi au loup que vous préparez adéquatement votre petit aux aléas de la vie qui l’attend. Trop d’émotion et d’empathie, c’est comme pas assez. Soyez une bonne mère, soyez réaliste, pas alarmiste ; c’est moins émotif, mais ça donne un bien meilleur résultat, une bien plus belle maturité.

— Étienne Delisle

Vivons de notre mieux, pensons aux autres

Avec la disparition de la religion, il fallait autre chose pour contrôler et maintenir la peur. C’est vrai que le climat change. Il en a toujours été ainsi. C’est vrai aussi qu’il faut tout mettre en œuvre pour limiter cette dégradation, protéger notre belle planète. Mais comme de tout temps, il y aura toujours ceux qui pensent plus à l’argent qu’à l’écologie.

Nul ne connaît vraiment l’avenir, même pas les scientifiques. On a tous une fin. Mais la nature seule décide de notre sort. Vivons donc de notre mieux en nous souciant les uns des autres. Laissons les tablettes et concentrons-nous sur les personnes. C’est la meilleure manière de réussir. Car qui pense aux autres protège son environnement.

— Lise Guénette

Bonne guérison

Tous les futurs parents ressentent de l’anxiété face à l’arrivée d’un ou des enfants, anxiété reliée à notre capacité de subvenir à leurs besoins, anxiété reliée à notre capacité d’être à la hauteur de la tâche.

L’écoanxieté n’est qu’une forme moderne d’anxiété, une anxiété très tendance, au goût du jour. Soyez assurée qu’avec le temps, l’anxiété, ça se soigne, ça se contrôle. 

Malheureusement, ça se transmet aux personnes tant aimées. Transmettre notre anxiété n’est pas un signe d’amour envers les personnes qu’on aime. Bonne guérison.

— Michel Primeau

À chaque époque sa fin du monde

Dans 40 ans, quand votre fils ira vous visiter avec ses propres enfants, peut-être aurez-vous réalisé à quel point votre état d’esprit actuel est excessivement assombri par le délire ambiant largement amplifié par les médias et véhiculé à outrance par ceux qui ont un intérêt à le faire.

Il n’y a pas de meilleur outil de manipulation des esprits que de construire un dogme surréaliste autour d’une vérité avérée que personne ne peut nier sous peine de se faire traiter de climatosceptique.

Le plus inquiétant est de voir de jeunes adultes envisager l’anarchie, la désobéissance civile, de ne plus faire d’enfants, de désespérer au point de ponctuer à outrance le discours de rhétorique mortifère de fin du monde.

Avant les années 50, c’était la crainte du curé et de l’enfer. Dans les années 60 à 80, c’était le spectre de l’apocalypse post-nucléaire et la peur du communisme qui servait d’épouvantail.

Là, ce sont les changements climatiques qui alimentent les cauchemars. À chaque époque sa fin du monde.

— Patrick Fiset