L’éditorial de François Cardinal sur la gouvernance scolaire publié samedi, « Libérez les écoles ! », a suscité de nombreux commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Un système à revoir

Il est grandement temps de revoir la gouvernance scolaire. Je connais une dizaine de parents (m’incluant) ayant siégé au conseil d’établissement de l’école de leur enfant, qui se demandent encore quel impact ils ont eu. Les commissions scolaires nous demandent d’approuver des documents d’une complexité telle qu’il devient impossible de se forger une opinion sur leur contenu. On nous donne la perception de prendre des décisions mais dans les faits, il doit se lever bien tôt le parent qui veut véritablement avoir une influence sur le cours des choses. Et que dire des commissaires scolaires ? J’ai parlé une seule fois à la mienne, souhaitant comprendre comment faire cheminer un projet. J’ai vite compris que je n’obtiendrais pas d’aide de sa part. Oui, il est temps de revoir ce système.

— Julie Villeneuve, Verdun

Un mode de gestion d’une autre époque

Remontons dans le temps pour comprendre le pourquoi des commissaires élus, quand chaque village ou paroisse décidait de se doter d’une école et où on élisait des représentants de la communauté pour s’en occuper. Ce qui avait un sens à l’époque n’en a plus aujourd’hui ! Ce mode de gestion est désuet, et ne se retrouve dans aucun autre service public.

— Denise Lalande

Les lendemains qui chantent

« Cela dit, ne perdons pas de vue l’essentiel : le gouvernement élimine enfin la politique du réseau scolaire. Il réduit les risques d’excès et de dérapages bureaucratiques. Il limite le contrôle imposé d’en haut aux écoles. Et surtout, il abolit enfin des instances en crise de légitimité depuis trop d’années. » 

Voilà la conclusion de François Cardinal au terme de son analyse du projet de loi sur la gouvernance scolaire ; voici un autre fossé entre l’essentiel et l’existentiel.

On a bien sûr le droit de souhaiter l’abolition des commissions scolaires et plusieurs raisons justifient cette position. Mais à moins d’ignorer l’histoire réelle au profit de lendemains qui chantent, peut-on raisonnablement prétendre que la politique du réseau scolaire sera ainsi enfin éliminée, que les risques de dérapages bureaucratiques seront réduits, que le contrôle imposé d’en haut sera par conséquent limité ?

Le pouvoir des commissions scolaires sera sans doute aboli, pas celui des fonctionnaires. Mais il n’y a pas que l’appareil gouvernemental qui succombe à la tentation de centralisation. Au moindre accrochage, vers qui se tourneront les « victimes » d’une décision locale ? Vers papa gouvernement, bien sûr, alors poussé par « la société civile » à intervenir.

Mais enfin, une dose de naïveté est peut-être nécessaire, à condition de ne pas endormir personne.

— Benoit Lauzière

Pour un pouvoir horizontal

Je suis contre simplement parce que je crains tout de même que le système d’éducation devienne un instrument de propagande lorsque le peuple aura choisi trop à gauche ou trop à droite. Je suis pour l’indépendance totale des institutions scolaires et pour un pouvoir horizontal entre tous les acteurs d’un milieu. Un peu à l’image des écoles privées.

En attendant un vrai grand changement, une commission ou un bureau, c’est du pareil au même. Pourquoi ne pas voter le jour des élections provinciales ?

— Annie Goyette

Pas rassurée

Considérant le cafouillage magistral des derniers jours, je ne suis pas convaincue de la compétence de ce gouvernement. Je ne suis ni pour ni contre les commissions scolaires. J’espère seulement que toute révision sera soigneusement travaillée. Déjà que ce ministre semble vouloir s’approprier un peu beaucoup de droits. Croisons les doigts.

— Christiane Comeau

Bravo pour le courage

Bravo ! Il était temps qu’un gouvernement mette ses culottes. On a vu trop souvent les débordements des commissions scolaires. Avec le temps, le projet de loi pourra se raffiner et le ministre de l’Éducation finira par déléguer de ses pouvoirs aux centres de services. C’est normal qu’il en mène large présentement mais les choses vont changer à l’usage. Au moins, il a le courage de faire changer les choses pour le mieux et il faut l’en féliciter.

— Francine Roy

D’autres solutions

Pour avoir côtoyé le ministère de l’Éducation, il est certain qu’un contrôle par le ministre et son ministère n’est pas rassurant. Pourquoi ne pas travailler à réformer les commissions scolaires de façon à rendre les écoles plus responsables et rendre les citoyens plus conscients de l’importance de s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants ? Profiter des élections provinciales pour ajouter le même jour les élections scolaires…

— Michelle Gascon

Libérer la parole

La décentralisation a pour vertu de libérer la parole, cette dernière devenant tout d’un coup utile. Les tonnes d’irritants qui polluent l’atmosphère peuvent alors être étalés au grand jour et enfin on peut apporter des correctifs qui pour la plupart sont à coût nul pour le système. Cette libération pourrait, si elle est bien menée, être aussi salvatrice que fut le rapport Parent à l’époque, rien de moins qu’une révolution.

— Christian Castonguay, Laval

Un rôle utile

Je ne suis pas entièrement d’accord avec vous. J’ai fait appel à quelques reprises à la commissaire scolaire de mon quartier et elle a été d’une grande aide. Je connais aussi d’autres parents qui l’ont sollicitée et elle a été extrêmement aidante.

Donc, qu’on les nomme commissaires scolaires ou protecteurs de l’élève, il faudrait qu’ils subsistent. Il est certain que les commissions scolaires sont sans doute rigides et bureaucratiques au possible. Par contre, qui s’assurera que l’offre de projets éducatifs soit bien répartie sur le territoire scolaire ? Qui encadrera les volets spéciaux dans les écoles secondaires ? Le ministre ? Je n’appelle pas ça de la décentralisation.

— Isabelle Arrivault, Montréal

Le vrai problème est ailleurs

Je pense que le ministre veut augmenter l’autonomie des écoles et des centres pour les rendre plus efficaces. Il aurait pu le faire sans modifier la structure des commissions scolaires. Il se sert de leur peu de légitimité démocratique pour les enlever. Il fait d’une pierre deux coups : il enlève un contre-pouvoir, soit la Fédération des commissions scolaires, et augmente son pouvoir administratif. La nouvelle structure proposée va permettre de répartir les ressources entre les écoles et les centres. Elle aura cependant moins de pouvoirs pour s’opposer aux dérives ministérielles.

Et ce projet de loi ne règle aucunement le problème fondamental de la structure éducative au Québec, à savoir la présence de trois types d’écoles : privées, publiques à projets particuliers et publiques. La situation de l’école publique en milieu urbain devient de plus en plus difficile et parfois intenable.

— René Nadeau

Une structure déficiente

Je salue le travail du ministre de l’Éducation. Oui, il faut abolir cette structure déficiente que sont les commissions scolaires. Ramener les décisions dans les écoles. Centraliser les groupes d’achats de fournitures pour obtenir de meilleurs prix et diminuer les coûts de gestion.

— Claude Marcil, Montréal

Nécessaire continuité

Je travaille dans la même école secondaire depuis 2002. J’ai enseigné en première secondaire pendant 15 ans au cours desquels j’ai eu à travailler avec 12 directions adjointes successives, cinq directions principales et bon nombre de nouveaux collègues. Quinze ans représentent aussi au moins trois cohortes de 2000 élèves (et leurs parents) qui fréquentent l’école pendant cinq ans. Ça en fait du monde avec des idées, des visions, des valeurs différentes. Une direction générale, d’une commission scolaire ou d’un autre type d’organisation, assure une stabilité et une continuité.

— Annie Poirier

Des commissaires détachés de la réalité

Après 20 ans d’enseignement, je n’ai vu que deux commissaires faire l’effort de circuler dans l’école où j’enseigne durant les heures d’activité. Ils sont complètement détachés de la réalité, de ce qui s’y passe. J’ai vu, lors de conseils, les commissaires se faire embobiner par le directeur général sans demander la contrepartie, ce qui se passe réellement sur le terrain. Ce système est complètement dépassé. 

— Olivier Gagnon

Les ressources aux enfants

Il est grand temps que toutes les ressources scolaires, humaines, matérielles et financières soient concentrées autour des enfants pour leur assurer les meilleures conditions d’apprentissage. Les enseignants doivent être revalorisés, dotés d’un ordre professionnel, réinvestis d’une autorité perdue et soutenus par tous les autres spécialistes ainsi que par les parents.

L’éducation doit être une responsabilité partagée de façon concertée dans le respect des particularités de chaque élève et les enseignants très sollicités n’ont pas besoin des tracasseries administratives et bureaucratiques des commissions scolaires abstraites pour leur mettre des bâtons dans les roues.

Attendons-nous encore une fois à une levée de boucliers corporatifs et leurs justifications vaseuses.

— Alain Dupuis

Lutte de pouvoir à l’horizon

Les commissions scolaires ont été transformées en bêtes politiques par les administrateurs et par les gouvernements affublés d’une myopie électorale. Les administrateurs se préoccupent plus de politique que de pédagogie. J’approuve cette évolution de rapprocher la décision du milieu éducatif et de ses acteurs et apprenants.

Malheureusement, comme en 1998, tous ces administrateurs, officiers syndicaux, directions d’établissement, parents et autres vont jouer du coude pour se positionner avantageusement, et ce, pendant plusieurs années au lieu de se consacrer au bien de l’enfant. Une lutte de pouvoir est à prévoir et tous sont déjà occupés à affûter leurs armes.

Dans cette structure, les parents seront encore les dindons de la farce. Ils seront à la merci des directions générales, enseignants et directions d’établissement parce qu’ils n’auront pas les connaissances, le temps et les appuis nécessaires à devenir de véritables influenceurs. Mais la structure va bien paraître. Du pareil au même.

Pour faire évoluer une mentalité, il faut au moins une génération. On en reparlera dans 20 ans.

— Gaston M. Côté