Vendredi dernier, mon fils de 13 ans a eu un problème à l'école secondaire. Quand il m'a raconté son histoire, les larmes me sont montées aux yeux.

Ce midi-là, il est entré à la cafétéria avec sa boîte à lunch et s'est rendu compte que son jus avait coulé à l'intérieur. Il a vidé le liquide dans une poubelle, sauf que le jus a atterri sur le coin d'un contenant et a éclaboussé à l'extérieur. Il y avait du jus partout, par terre, autour de la poubelle.

À ce moment, plusieurs jeunes se sont retournés vers lui et ce qui devait arriver arriva. Un grand s'est levé, pas mal plus vieux que lui, probablement en troisième ou quatrième secondaire, et s'est dirigé vers mon fils. À partir de là, c'est allé très vite...

L'autre jeune a ramassé des serviettes en papier et est venu aider mon fils à ramasser son dégât, en deux temps, trois mouvements. Il lui a dit que pareille situation lui était déjà arrivée, quand il était plus jeune, et que quelqu'un était aussi venu l'aider, alors il était content de lui donner ce coup de main.

Je parie que la plupart d'entre vous avez pensé, en lisant les premières lignes, que mon fils s'était fait écoeurer, niaiser, bousculer même. C'est normal, parce que les médias nous conditionnent depuis des années à penser que la violence en milieu scolaire est partout, tout le temps.

On nous entre dans la tête qu'à part le nôtre, évidemment, tous les jeunes sont des intimidateurs en puissance, prêts à attaquer à la moindre faiblesse. Mais non, la norme, c'est encore l'altruisme, et l'exception, c'est l'intimidation.

Comprenons-nous bien : je ne cherche pas à minimiser l'intimidation ou la violence à l'école. Je sais, de par ma formation universitaire, que c'est un phénomène bien réel, grave, qui brise des vies. Mais c'est aussi un phénomène qui ne résume pas tout le vécu scolaire.

La lunette grossissante à travers laquelle on nous informe des pires atrocités est une représentation d'une partie de la réalité, pas de tout le tableau. Demandez à n'importe quel enseignant : pour un jeune qui agresse, il y en a 100 qui donnent, appuient, soutiennent, contribuent, partagent, offrent et aiment.

Aujourd'hui, je veux rendre hommage à cette superbe jeunesse, bien souvent malmenée dans les bulletins de nouvelles ou les séries télévisées, décrite comme paresseuse, arrogante, revancharde, impolie et individualiste.

Je souhaite éclairer l'autre côté de la médaille, celui qui est peu exposé dans la lumière des caméras et sur le papier journal. Je remercie ce jeune homme qui a donné au suivant, qui a contribué à inculquer à mon grand que le partage, l'altruisme, la compassion et le plaisir d'aider son prochain sont nettement plus productifs et satisfaisants que les ricanements et l'humiliation. Merci de lui avoir montré que son école secondaire peut, d'abord et avant tout, être un milieu où il fait bon vivre.