J'ai 18 ans. Je suis couché sur le divan, car je n'arrive pas à fermer les yeux dans la noirceur de ma chambre. J'ai les deux yeux rivés sur le sapin de Noël qu'on a décoré en famille, mais pourtant, j'ai l'impression que la magie qu'il transporte est éphémère.

Comme plusieurs jeunes de mon âge, mes parents sont divorcés. À mon âge, on est bien loin de l'époque où on pouvait espérer recevoir deux fois plus de cadeaux. Je suis rendu au moment de ma vie où je dois décider avec lequel des deux je vais aller passer le 25 décembre. Tu parles d'une fête d'amour et de famille.

Évidemment, je ne veux pas leur faire de la peine, mais je dois choisir et, en faisant mon choix, l'un des deux sera déçu de la décision. Puis, avant que vous me proposiez de voir mon père et ma mère le même soir : lequel des deux devrais-je laisser en pleine soirée pour aller rejoindre l'autre ? Je sais que ce n'est pas leur faute.

Ils ont pris cette décision parce qu'ils n'étaient plus bien ensemble. Je ne peux pas les forcer à continuer à s'aimer. Mais en même temps, je leur en veux.

Si seulement il n'y avait que moi dans cette histoire-là. Hélas, non ! Il y a aussi mon frère et ma soeur. Les deux me regardent, ils espèrent des réponses de grand frère, mais je n'ai même pas encore fini de réfléchir à la question. C'est sûr qu'on rêve encore tous à un beau Noël en famille. Autant mes parents que nous.

Mais quand les bases de cette fameuse famille ont de la misère à communiquer, c'est moins évident. Qu'est-ce qu'on reçoit comme cadeau avec tout ça, nous ? On endure les chicanes, les plaintes de l'un envers l'autre, les mini frustrations et, malheureusement, on ne peut rien y faire.

L'IMPORTANCE D'ÊTRE UNIS

Vivre entre les deux êtres qui nous ont appris qu'être unis, c'était important, c'est loin d'être évident. Je n'ai pas écrit cette lettre pour attirer l'attention de mes parents, j'ai leur numéro de téléphone, c'est plus rapide. J'ai écrit cette lettre pour les autres jeunes de mon âge qui vivent la même chose, pour leur montrer qu'ils ne sont pas seuls.

J'ai écrit cette lettre pour les parents qui, sans s'en rendre compte, mettent beaucoup plus de pression qu'ils ne le pensent sur les épaules de leurs enfants, à une période de l'année où la seule préoccupation devrait être de choisir l'heure à laquelle on a le droit de manger du dessert. Faire des miracles quand tu as encore une moustache molle, c'est loin d'être évident.