L'article de Patrick Lagacé dans La Presse+ affirme, d'un ton on ne peut plus certain, qu'un zoo c'est exactement l'exploitation des animaux pour le divertissement des humains.

Au vu de ce constat, je crois qu'il est impératif de répondre à la question de M. Lagacé avec une représentation plus élargie de la réalité que celle présentée par ce dernier.

Alors, pourquoi les zoos ?

Parce que les zoos sont probablement le dernier recours d'envergure, et le meilleur, que nous ayons collectivement pour reconnecter les humains à la faune, à la nature.

Notre population globale croît sans entrave, nous détruisons, altérons et surutilisons l'environnement et les ressources. Nous sommes responsables de l'enclenchement d'une extinction massive des espèces sur notre planète.

En 1974, l'extinction des espèces se chiffrait déjà à deux ou trois par année. Aujourd'hui, elle se chiffre à deux ou trois par jour.

Alors, qu'est-ce qu'on fait ? C'est simple : on se dépêche d'en parler et d'agir. Et c'est ce que font les zoos. Ils en parlent, ils sensibilisent, ils éduquent et ils agissent, en collaborant avec des ambassadeurs d'autres espèces animales. Des animaux qui bougent, respirent, sont sensibles. Comme nous.

Un animal, ça fait partie d'un écosystème essentiel à sa survie. Justement, comme nous et surtout avec nous. Et la meilleure façon de l'apprendre ou de se rappeler tout cela, c'est de partager quelques moments avec des animaux. Des vrais.

Au Canada, les institutions zoologiques accréditées par les Aquariums et zoos accrédités du Canada (CAZA-AZAC) accueillent à elles seules plus d'un demi-million d'enfants qui prennent part annuellement à des programmes éducatifs formels.

CONNEXION ÉMOTIONNELLE

Ces jeunes qui se retrouveront parmi les décideurs de demain et parmi lesquels, j'ose l'espérer, une portion approchera différemment les questions d'environnement et de faune. Parce qu'ils auront été influencés, changés, par cette connexion émotionnelle qu'ils auront vécue avec des animaux. Parce qu'ils ont auront compris notre interdépendance avec eux.

En plus d'éduquer, les zoos se dévouent concrètement à la conservation en milieu naturel des espèces animales et de leurs habitats. Par le biais de projets concrets, globalement, ce sont plus de 350 millions de dollars qui sont directement investis, annuellement, dans les programmes de conservation par les institutions zoologiques.

Au Québec, il y a six institutions zoologiques accréditées par CAZA-AZAC qui s'investissent ainsi. Je dirige d'ailleurs l'une d'entre elles, le Zoo Ecomuseum, qui investit des centaines de milliers de dollars en conservation des amphibiens et reptiles du Québec et en éducation environnementale directement auprès des enfants, chaque année.

MÉNAGERIES EN VOIE DE DISPARITION

Mais est-ce que tous les zoos sont bons ? Non. À l'image de notre société, les zoos évoluent constamment. Assumant aujourd'hui le rôle d'institutions modernes de conservation, d'experts en bien-être animal et de représentants d'une faune et d'un monde naturel de plus en plus oubliés, certains en sont malheureusement restés plus près des ménageries d'antan. Et notre humanité fera graduellement disparaître ces derniers, heureusement. L'important, c'est de les distinguer et d'agir en conséquence.

Alors, à nouveau, pourquoi les zoos ?

Pour toutes les raisons mentionnées jusqu'ici et le rôle unique et essentiel qu'ils jouent, tant dans notre société que localement dans nos communautés, en connectant les gens à la faune et la nature. Et parce qu'ils prennent avec grand sérieux le privilège qu'ils ont de collaborer avec les espèces animales sous leurs soins. Privilège qu'ils ne prennent pas à la légère, investissant coeur, expertise et ressources innombrables au bien-être animal.

À la question « pourquoi les zoos ? » Je réponds plutôt : « que ferions-nous sans les zoos ? »

Pour leur part, les zoos continueront d'éduquer et d'agir concrètement pour la conservation de la faune et ses habitats. Reste à voir ce que feront les experts autoproclamés de ce monde. Peut-être en viendront-ils à s'informer et s'investir concrètement eux aussi.

Enfin, on l'espère.