J'ai toujours été souverainiste. J'ai toujours été convaincu que le véritable destin du Québec était de prendre son avenir en main sans dépendre d'instances extérieures pour sa survie et son développement. Cependant, je serais ce qu'on appelle un souverainiste réaliste. Il ne fait pas de doute que l'option est dans un creux de vague, et ce, depuis de nombreuses années.

L'élection de M. Péladeau à la tête du Parti québécois n'y changera rien. L'indépendance politique du Québec fera toujours peur à une bonne proportion de Québécois, même francophones, qui préfèrent la sécurité des acquis plutôt que les angoisses de l'inconnu et de l'aventure.

Il est d'ailleurs déplorable que le débat politique au Québec soit constamment polarisé par cette question. Lors des campagnes électorales au Québec, tout le débat ne porte que sur un éventuel référendum. On se demande d'ailleurs comment les stratèges souverainistes peuvent encore promettre de tenir un référendum le plus rapidement possible alors qu'un nouvel échec référendaire ne ferait que précipiter le projet souverainiste dans les limbes de l'histoire.

Je suis un souverainiste réaliste, dis-je, aussi, je m'insurge avec véhémence contre le retour de M. Duceppe à la direction de Bloc québécois. Pour l'instant, et, j'imagine, pour encore un bon bout de temps, le Québec demeure au sein de la fédération canadienne. Qu'on le veuille ou non, celle-ci influence notre vie politique et notre manière de vivre en général. Il ne suffit pas de faire semblant que le Canada n'existe pas. Il existe et notre appartenance à cet État nous affecte. D'autant plus ces dernières années, alors que nous devons subir les assauts d'un gouvernement fédéral de droite, profondément marqué idéologiquement, antidémocratique et sournois.

La prochaine élection fédérale devrait avoir qu'un seul enjeu : défaire le gouvernement de Stephen Harper.

Voter pour le Bloc québécois, alors que cela ne fera que diviser le vote, et ce, sans doute en faveur des conservateurs, me semble terriblement dangereux.

Le Bloc, dont l'utilité m'apparaît de plus en plus douteuse, est dépassé. Si sa survie ne tient qu'à un chef charismatique, alors cela veut dire que son existence même ne tient pas à grand-chose. Que fera de plus M. Duceppe à Ottawa ? En quoi la présence du Bloc nous avantagera-t-elle ? Ne devrait-on pas plutôt miser sur un gouvernement néo-démocrate, qui aura à coeur des préoccupations qui nous ressemble ? L'environnement, la justice sociale, la vie démocratique...

J'imagine que les stratèges souverainistes se disent que la réélection des conservateurs rendra les Québécois encore plus allergiques au reste du Canada et que cela mettra la table à un retour de l'option indépendantiste. Si c'est là leur calcul, ils jouent un jeu dangereux qui ne fera que miner encore plus les institutions démocratiques canadiennes dont nous sommes encore dépendants, ne leur en déplaise. 

Voter pour le Bloc et donner une chance à Stephen Harper de garder le pouvoir serait un geste profondément irresponsable politiquement et ne ferait que risquer de prolonger le calvaire politique dans lequel le Canada est plongé. Avant tout, débarrassons-nous des conservateurs. Pour ce faire, il n'y a qu'une option réaliste : voter NPD.