Je suis arrivée sur la colline parlementaire en 2006 à la suite de la victoire du Parti conservateur. L'idée de changer les choses à Ottawa, de s'éloigner des scandales et de rétablir l'intégrité du gouvernement fédéral animait les nouveaux élus ainsi que le personnel politique qui avait décidé de les suivre dans cette nouvelle aventure.

Après 13 ans sur les bancs d'opposition, nous voulions ramener les idées et les principes de responsabilité financière, de meilleure gestion des dépenses publiques et de transparence. Où sont les principes d'intégrité que nous avions promis défendre bec et ongles? Ce à quoi le parti nous expose depuis quelque temps ne représente pas les valeurs conservatrices. Le parti devrait se rappeler les discours et les promesses de janvier 2006, car nous en sommes loin aujourd'hui - bien trop loin.

Les événements des derniers jours ont mis en lumière une culture qui existe depuis bien avant le «Senategate» ou «l'affaire Duffy» - quel que soit le nom qu'on veuille donner au fiasco actuel. Les exemples d'abus de pouvoir et de non-respect des institutions parlementaires sont nombreux depuis l'arrivée au pouvoir de Stephen Harper, mais il semble que cette affaire soit celle qui fasse déborder le verre.

Le premier ministre est responsable des actions de son gouvernement. Je suis déçue de le voir se défiler une fois de plus devant des accusations aussi sérieuses. La mentalité paranoïaque et la manie du secret qui caractérisent le gouvernement ont favorisé les comportements déviants auxquels nous sommes exposés aujourd'hui. Encore une fois, ce ne sont pas des valeurs conservatrices.

La transparence est le meilleur remède contre les abus. Ce refus de rendre des comptes me désole. Le ton de mépris envers ceux qui veulent des réponses m'insulte.

Je suis conservatrice. Je suis contre la peine de mort, pour le mariage gai et l'avortement. Je suis pro-Palestine. Je suis d'accord avec les réformes récentes à la politique d'immigration. Je crois à la responsabilité de chaque citoyen, à l'aide aux plus démunis. Comme quoi, contrairement à la croyance populaire, il n'existe pas un seul modèle de conservateur!

J'ai toujours été fière d'être conservatrice, mais là je ne me reconnais plus dans le parti tel qu'il est aujourd'hui. Je veux moi aussi des explications.

Le discours du premier ministre cette semaine était insuffisant. Gérer la crise de manière aussi partisane, une fois de plus, est désolant. Quand Stephen Harper est fâché, vraiment fâché, il est capable de faire changer les choses rapidement. C'est d'ailleurs une de ses grandes forces. Est-il suffisamment fâché? Ça reste à voir, mais permettez-moi aujourd'hui d'en douter.