Depuis quelques années, timidement, vous êtes sortis, comme on dit, du placard; maintenant, c'est au grand jour, sur la place publique, que l'on vous voit de plus en plus sans complexes. Vous avez acquis le droit d'exister et même celui d'être considérés comme des citoyens et des citoyennes à part entière.

Mais vous ne devez rien à l'Église. Au contraire, ses chefs ont tout mis en oeuvre pour bloquer la reconnaissance de votre orientation sexuelle. S'ils ont toujours eu beaucoup de respect pour vos personnes, s'ils ont toujours défendu votre dignité d'enfants de Dieu, elle a, avec non moins de constance, condamné l'homosexualité dont l'exercice, selon elle, est intrinsèquement mauvais, parce qu'il serait une perversion de la nature. L'une des conséquences de cette doctrine est l'exclusion des couples homosexuels de la table eucharistique.

Cette prise de position présuppose que l'homosexualité n'est pas une orientation innée mais acquise. Ce que contestent les scientifiques. Pour eux, l'homosexualité est innée. C'est ce que veut démontrer, par exemple, Jacques Balthazar dans son ouvrage Biologie de la sexualité, qui s'appuie sur des recherches de l'Université de Liège en Belgique.

Allons plus loin. Dans l'hypothèse où l'homosexualité est acquise, on peut penser à plusieurs facteurs qui l'expliquent: l'absence du père, une fratrie de même sexe, la domination de la mère, une enfance perturbée, et quoi encore? Mais, en aucun cas, ce serait un choix que vous auriez fait. Car, marquée au fer rouge par l'opinion publique, comme elle l'était, l'homosexualité ne pouvait pas être une orientation désirable pour vous.

Quand l'Église censure la vie à deux des homosexuels comme réponse à l'attrait qu'ils ont les uns pour les autres, elle ne prend pas en considération que cet attrait n'est pas volontaire. Elle juge de leur choix de vivre en couple comme si leur attirance particulière était, elle aussi, un choix. Cette confusion étonne chez une hiérarchie faite d'hommes cultivés et sages.

En cette journée consacrée à la lutte contre l'homophobie, j'exhorte mes frères prêtres à soutenir le combat de la prière pour vous en souhaitant qu'elle soit faite aux portes des évêchés...

Belle et fructueuse journée à vous!