Je m'appelle Grisou. C'est moi, sur la photo où l'on me voit faire de la raquette avec ma nouvelle famille. J'adore courir dans la forêt et ma nouvelle famille m'adore!

Adoptez-nous dans un refuge

Je m'appelle Grisou. C'est moi, sur la photo où l'on me voit faire de la raquette avec ma nouvelle famille. J'adore courir dans la forêt et ma nouvelle famille m'adore!

Ma nouvelle maîtresse et moi, nous nous aimons. Je sais qu'elle et moi, c'est pour la vie. Pour nous, tout est clair comme de l'eau dans un bol propre. On est fait pour vivre ensemble. J'aime la suivre partout où elle va.

Ma maîtresse dit que je lui apprends la patience lorsqu'elle ramasse les papiers-mouchoirs que j'aime étendre ici et là dans la maison. Mon maître dit la même chose, lorsqu'il cherche l'une de ses chaussures que j'ai déménagée et bien rangée dans un endroit très secret. Ensemble, on apprend vraiment beaucoup. On s'entraide et on a un plaisir fou!

J'ai environ 3 ans et j'ai été adopté dans un refuge récemment. Des personnes m'ont trouvé et amené à la SPA. On m'a évalué, vacciné, stérilisé puis, j'ai été mis à l'adoption. J'ai reçu une deuxième vie. Quelle chance! On a dit de moi que j'étais affectueux, calme, aimable et intelligent. Je suis d'accord. Tout est vrai!

Il arrive trop souvent qu'on nous néglige, nous maltraite et nous abandonne. Nom d'un chien! Avant de nous ouvrir la porte de votre demeure, réfléchissez! À l'amour inconditionnel et aux éclats de rire que nous vous procurons, s'ajoutent les soins dont nous avons besoin. Et les coûts. Et les responsabilités. Tout ça, c'est parfois beaucoup moins drôle.

Mais si, un jour, vous êtes certain de votre engagement, alors adoptez-nous, chiens et chats, dans un refuge. Nous vous attendons et avons besoin de vous.

Carole Boivin, professionnelle en éducation, Shawinigan





Ces femmes merveilleuses du CLSC

J'ai reçu mon sixième traitement par perfusion pour combattre le cancer des os. Le traitement se donne au CLSC Olivier-Guimond, aux 4 semaines, et dure au moins 3 heures.

Lors de mes 6 visites, le même scénario se répète. En entrant, à droite, une femme est presque toujours au téléphone derrière un panneau vitré. À tout coup, elle me sourit et, si elle n'est pas au téléphone, elle me lance un «Bonjour» chaleureux.

Trois pas de plus et je suis à la réception. Une jeune femme me sourit, me dit «Bonjour Madame», puis vérifie mes coordonnées et l'heure de mon rendez-vous. Je passe alors à la salle d'attente.

Comme j'arrive toujours à l'avance, j'ai le temps d'observer les deux préposées qui enregistrent les gens qui viennent pour des prélèvements. Ces femmes saluent et sourient à chaque personne qui se présente à leur guichet.

L'infirmière vient me chercher pour commencer le traitement. Elle est toujours souriante, aimable et attentive à mes besoins. Elle répond à mes questions et m'installe confortablement pour les trois prochaines heures. Une fois le traitement commencé, elle s'assure que j'ai la sonnette à portée de main avant d'aller s'occuper d'un autre patient. Elle revient vérifier régulièrement que tout se déroule bien. Je me sens en sécurité.

On a souvent la critique facile face aux soins de santé prodigués dans le réseau public. Or, je peux témoigner du dévouement et de la compétence de ces femmes que je côtoie régulièrement. En prime, des sourires chaleureux tout au long du parcours.



Nicole Trachy, Montréal


Déphasé

En lisant mon journal au café, j'ai croisé un ancien collègue qui arrivait, en 1997, à l'école où j'enseignais, alors que je prenais ma retraite.

J'ai enseigné durant 33 ans et, sauf rares exceptions, j'ai pu travailler dans un climat favorable, dans un contexte où on aimait et respectait encore les enseignants. Comme je n'avais ni le physique, ni la «bette» pour être un roi de la discipline dans la classe, je me défendais en préparant mes cours soigneusement et avec un rythme et des approches variés pour entretenir la motivation et l'effet-surprise.

Je me sens coupable d'avoir pu me réaliser et m'épanouir dans un climat sain. Le jeune prof rencontré au café était en journée pédagogique et celle-ci était consacrée à la façon de réagir et de gérer l'intrusion d'une personne armée dans une école. J'étais consterné. Parfois, j'aurais envie d'aider à soulager l'enseignant pour lui permettre une pause. Devant une telle menace toujours possible, je ne crois vraiment pas que je puisse composer avec cette réalité nouvelle. C'est toujours avec beaucoup d'intérêt que je lis les réussites des profs dans leur milieu. C'est possible d'éprouver encore du plaisir à enseigner. Cependant, on doit conjuguer au singulier et non au pluriel selon ce qu'on me rapporte. J'ai 70 ans et, si j'en avais le choix, j'opterais pour poursuivre ma vieillesse plutôt que de redevenir jeune et travailler dans une atmosphère de tension.

Yves Deslauriers, Prévost





Ce rire qui nous tue

J'assistais récemment à la pièce Les Morb(y)des au Théâtre de Quat'Sous. Un drame qui raconte l'histoire de deux soeurs engluées dans un demi-sous-sol d'Hochelaga. Une pièce grave et forte. Certaines remarques du cru peuvent faire sourire, mais l'auditoire explose du rire de l'idiot. Sur scène, on crie un désespoir à faire rire jaune, mais la salle se tape les cuisses. Et du rire gras, on passe au rire nerveux, pour repousser rapidement toute gravité, qui pourrait éveiller une empathie, une compassion, voire un début d'introspection. Peur d'un engagement émotif, fût-ce le temps d'une pièce.

On se croirait au vaudeville d'un théâtre d'été. Normal, tout n'est-il pas drôle au Québec? On perçoit ici tout le désarroi d'un peuple désabusé qui, à l'image des héroïnes de la pièce, ne sait plus où il va. Devant la déliquescence de ses institutions, la petitesse de ses édiles et la décrépitude de ses infrastructures, il a décidé qu'il valait mieux en rire. Et rien d'autre. On est là pour s'amuser, pas pour réfléchir. Ce rire nous anesthésie jusqu'à tuer l'être pensant en nous. Dans ce terreau fertile, l'industrie du rire et son école ont propulsé une pléthore d'humoristes incultes, qui se grattent le bouton à grand renfort de mimiques, grimaces et onomatopées, à défaut de mots et d'idées riches.

Les salles de spectacles en font leurs choux gras. La télé aussi. La vague du rire à tout crin déferle désormais au cinéma et au théâtre, où même les drames peuvent devenir des comédies burlesques. Il n'y a rien de drôle.

Luc Le Blanc, Montréal