Héros de la justice sociale

Héros de la justice sociale

Il n'y a pas beaucoup de chefs d'État qui, comme Hugo Chavez, ont été capables, avec autant d'acharnement et de passion, de s'attaquer aux si inégales conditions sociales et économiques qui, en 1998, faisaient qu'au Venezuela, 49% de la population vivaient sous le seuil de pauvreté, et 21% en état d'extrême pauvreté. Après 14 ans de révolution bolivarienne, ces taux ont été ramenés respectivement à 27% et 7%. Ce n'est pas rien. Sa disparition secouera toute l'Amérique latine et inquiétera ces pays - Cuba, La Bolivie et l'Équateur - avaient chacun à leur manière des liens privilégiés avec le Venezuela, profitant sans doute des échanges pétroliers effectués avec lui, mais aussi et surtout de cette volonté politique commune de faire entendre la voix d'une Amérique latine unie, capable d'échapper enfin à la tutelle impériale des États-Unis. Certains ne manqueront pas de stigmatiser le caractère personnaliste de sa gouvernance. Mais rendons-lui ce qui lui revient: cette farouche volonté d'avoir, au milieu de tant d'adversités, initié puis rendu un tel espoir possible.

Pierre Mouterde

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Recul de 30 ans

Hugo Chavez a fait reculer le Venezuela de 30 ans. Aujourd'hui, pénurie après pénurie de matière de base. Avec la pensée magique de fixer les prix sans discernement, plus personne ne veut produire. À laisser les gens voler, tuer, trafiquer, il a créé le pays le plus violent et dangereux au monde (45 meurtres par jour). En nationalisant (volant) et en ne payant pas, plus un seul investisseur étranger ne veut développer l'économie de ce pays. En dilapidant la richesse (pétrole) des Vénézuéliens pour de l'armement, et en essayant d'étendre sa philosophie marxiste dans les autres pays latinos, il a agi comme si c'était sa fortune personnelle. C'est là que sont ces pétroles dollars qu'il a volés à son peuple. Avec le recul, nous verrons que cette mascarade de démocratie aura laissé ce pays dans un piètre état.

Louis Lacourcière

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De l'espoir

Hugo Chavez n'est plus, mais l'héritage qu'il a laissé à son peuple va se poursuivre pourvu que le prochain gouvernement aille dans ce sens. Avant lui, les Vénézuéliens étaient plongés dans la pauvreté et l'apathie, avec un taux d'analphabétisme élevé. En nationalisant le pétrole et en redistribuant cette richesse au peuple, il lui a permis de s'éduquer, gratuitement, jusqu'à l'université. En faisant venir de Cuba 30 000 médecins et en les envoyant jusque dans les villages les plus isolés du pays, il a permis à tous les Vénézuéliens d'obtenir un accès gratuit à la santé. Dans tous les secteurs d'activité, il a mis sur pied des coopératives qui ont permis aux plus pauvres d'aller sur le marché du travail pour sortir de la misère. Bien sûr, les biens nantis n'ont pas été contents. Bien sûr, il avait son franc-parler et les États-Unis ne se sont pas gênés pour le démoniser. Mais sans lui, le pays serait encore à genoux. Il a redonné espoir à tout un peuple qui en avait bien besoin.

Nicole Lavigne

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Bilan mitigé

Certes, Hugo Chavez a réussi à extirper de la pauvreté nombre de Vénézuéliens, notamment grâce au prix élevé du pétrole dont le pays a largement profité au cours de son règne. Il est toutefois farfelu d'imaginer que cette redistribution tient uniquement à son idéal socialiste; la logique électoraliste y est pour autant. Bien que les romantiques voudront croire que la révolution a été source d'égalité, les réalistes nous pointeront vers le Brésil, où une croissance économique soutenable et diversifiée (et non pas uniquement axée sur l'exploitation du pétrole) a produit un résultat similaire. La culture de népotisme que laisse M. Chavez complète le tableau d'un héritage bien mitigé.

Yannick Laniel